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Les Fenêtres, Hanna Krall (par Stéphane Bret)

Ecrit par Stéphane Bret , le Vendredi, 07 Mai 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Pays de l'Est, Roman, Editions Noir sur Blanc

Les Fenêtres, Hanna Krall, avril 2021, trad. polonais, Margot Carlier, 149 pages, 18 € Edition: Editions Noir sur Blanc

 

La Pologne a capté l’attention dans les années soixante-dix : les observateurs ont assisté à la création d’un syndicat libre dans ce pays encore sous la domination du communisme, Solidarnosc. Le pape Jean-Paul II a contribué également, par son engagement et son prestige moral, au tournant de 1989, qui a engendré la disparition du communisme dans la partie orientale du continent européen.

Hanna Krall, femme de lettres polonaise, décrit dans ce roman, Les fenêtres, non pas l’histoire de la Pologne contemporaine, mais des situations précises, des ambiances, des caractères.

L’action du roman est située en 1984, juste après la levée de l’état de siège. Celina, l’héroïne du roman, est une jeune reporter photographe, elle est âgée d’une quarantaine d’années et assiste au procès de l’étudiant Grzegorz Przemyk, jeune étudiant assassiné par la milice à l’occasion d’une manifestation.

Sans transition, De Roland Barthes à Pasolini, Cyril Huot (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Jeudi, 06 Mai 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Tinbad

Sans transition, De Roland Barthes à Pasolini, Cyril Huot, avril 2021, 154 pages, 18 € Edition: Tinbad


« Sans transition » : n’est-ce pas la posture même de Roland Barthes lorsqu’à la fin de sa vie il laisse s’introduire dans le processus de son écriture un principe pourtant contraire à la loi dans le cadre de laquelle il avait jusque-là voulu la tenir, à savoir aspirer à y voir au final s’intégrer quelques éléments autobiographiques jugés de prime abord superficiels voire fallacieux, éloignés de l’exigence formaliste du phrasé littéraire, plus opaques qu’éclaireurs d’un parcours ? Quelle place accorder aux « biographèmes » (« néologisme forgé par Barthes », précise l’auteur Cyril Huot) dans l’entreprise de l’écriture, ces fragments biographiques épars sur le chemin d’une vie ? Et n’est-ce pas contradictoire de la part de celui qui déclara « la mort de l’auteur » que de le voir rédiger un Roland Barthes par Roland Barthes ; de le surprendre, dans la dernière ligne droite de sa vie, désireux de voir s’introduire dans la mémoire qu’il laissera de lui et de son œuvre quelques fragments de son histoire personnelle ?

Nuit celte, Land mer, Carmen Pennarun (par Parme Ceriset)

Ecrit par Parme Ceriset , le Jeudi, 06 Mai 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Nuit celte, Land mer, Carmen Pennarun, éditions Stellamaris, poésie, 2016, 76 pages, 14 €

 

Dessine-moi un arbre…

Si ce recueil devait prendre vie, il aurait des racines et de majestueux branchages, comme le suggère la magnifique illustration de couverture (dessin de Charles L’Heureux).

Les mots de l’auteure, comme autant de gouttes de rosée, nous offrent une immersion vivifiante et méditative en plein cœur de l’Argoat, Bretagne intérieure boisée. Son approche contemplative de la nature, qui fait écho à la méditation taoïste avec son « tao de l’arbre », permet à l’âme humaine d’accéder à la spiritualité dans un rapport mystique au grand Tout et en particulier au monde végétal : « l’arbre offre ses ramures en prière ». Cette communion avec les éléments, cette osmose fraîche et parfumée gorgée d’embruns qui s’écoule comme la sève et l’eau des sources, est salutaire pour qui veut échapper aux ténèbres, car « nous empruntons des chemins de brume comme tremplins vers la lumière ».

Un espiègle canari, Michel Piquemal, Pascale Maupou Boutry (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Jeudi, 06 Mai 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Jeunesse

Un espiègle canari, Michel Piquemal, Pascale Maupou Boutry, éditions Cipango Jeunesse, mars 2021, 32 pages, 15 €

Chants et couleurs d’un pays lointain

Les éditions Cipango publient le tout dernier album-jeunesse créé par Michel Piquemal et Pascale Maupou Boutry, un conte situé dans l’Inde ancienne et traditionnelle. Ce livre carré de 24,5 cm propose des images colorées autour d’un récit venu d’un pays lointain. Sur la couverture cartonnée, un enfant avenant s’amuse d’un canari. En ouvrant l’ouvrage, l’on rentre de suite dans un bleu turquoise, velouté, parsemé de très légers linéaments noirs, le bleu turquoise de l’Océan Indien. Au dos de la couverture, ne subsiste qu’une plume dorée dans l’étendue sidérale. Le livre, comme la cage ouverte de la première page, va laisser libre cours à une subtile fable philosophique.

Un puissant sultan, esthète, amoureux des oiseaux, est berné par son chambellan, un grand vizir peu scrupuleux. Sa passion pour les chants d’oiseaux de compagnie lui coûte une fortune, des sommes importantes d’argent qu’il paye sans sourciller. Cependant, il existe des choses que l’on ne peut acheter ni même acquérir de force : l’amitié, la confiance, la liberté.

L’Obscurité du dehors, Cormac McCarthy (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mercredi, 05 Mai 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, USA, Roman, Points

L’Obscurité du dehors (Outer Dark, 1968), trad. américain, François Hirsch, Patricia Schaeffer, 226 pages, 6,90 € . Ecrivain(s): Cormac McCarthy Edition: Points

 

Si on excepte Le Gardien du verger, premier roman un peu atypique dans l’œuvre de McCarthy, L’Obscurité du dehors est le premier grand roman du maître. McCarthy y déploie ses gammes, ses thèmes obsessionnels qui traverseront son œuvre comme le son d’une viole de gambe traverse un concerto baroque. L’effroyable misère du Sud, matérielle et morale, produit des enfants ravagés, oublieux d’eux-mêmes et du monde, des êtres à peine humains et donc plus humains encore. La déroute de l’humanité – sans terre ni ciel – s’y perçoit comme une annonce du chef-d’œuvre à venir juste après, Suttree. Et du suivant, Méridien de sang. A force de camper des fantômes, des désêtres, McCarthy finit par effacer le concept hasardeux d’homme, par annuler la frontière entre le bien et le mal, par esquisser un univers où l’aventure humaine n’a ni source ni destination ; elle est juste une marche vacillante et erratique dans des espaces auxquels la géographie même ne donne pas de noms.