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Tu parles comme la nuit, Vaitiere Rojas Manrique (par Patrick Devaux)

Ecrit par Patrick Devaux , le Jeudi, 10 Juin 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Amérique Latine, Roman, Rivages

Tu parles comme la nuit, Vaitiere Rojas Manrique, mars 2021, trad. espagnol (Venezuela) Alexandra Carrasco-Rahal, 120 pages, 16 € Edition: Rivages

 

L’ambiance de ce roman s’affirme dès les premières pages avec une écriture très personnelle.

Une sorte de désintérêt assez global et déprimant du fait de la narratrice s’opère de fait dans un cheminement qu’on devine prenant : « Le problème quand on dort en journée c’est qu’on se réveille en panique. Ce moment-là n’est pas réparateur, il nourrit la peur. Je t’avoue avoir très peur, peur de ne pas vivre, peur de devenir l’ombre d’un drap, d’une couverture, d’une couette ».

L’âpreté d’une vie difficile qui s’annonce se fait vite sentir : « Quand je n’ai plus eu besoin de jouer l’étudiante, le réel m’a flanqué une gifle dont je ne suis toujours pas remise », l’idée des choix se précisant rapidement : « Moi je n’aimais pas les garçons mignons et pédants, cela ne me gênait pas de sortir avec des moches, la seule chose qui comptait, c’était qu’ils soient lecteurs ». Un poème répété plusieurs fois à sa fille semble donner le sursaut nécessaire aux décisions prises pour fuir le Venezuela, un pays en ruine, quand la narratrice s’adresse à Franz, un imaginaire compagnon d’infortune :

Baudelaire et Jeanne, L’amour fou, Brigitte Kernel (par Sylvie Ferrando)

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Jeudi, 10 Juin 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Biographie

Baudelaire et Jeanne, L’amour fou, Editions Écriture, mars 2021, 296 pages, 21 euros . Ecrivain(s): Brigitte Kernel

 

Mois après mois, Brigitte Kernel nous donne un compte rendu vivant et minitieux, fictionnel et documenté de l’évolution des relations amoureuses de Charles Baudelaire et de sa maîtresse Jeanne Duval, la « mûlatresse » native de La Réunion, de Saint-Domingue ou de Saint-Barthélémy – on ne sait – et comédienne sans beaucoup de succès, mais femme libre et à forte personnalité, sans doute un peu plus âgée que le poète. Ce qui caractérise la relation étonnante qui unit Charles à Jeanne, c’est la dépendance sexuelle et affective : toujours Charles sera « en manque » de Jeanne Duval, malgré les critiques récurrentes de son entourage – sa mère d’abord, Caroline Aupick, qui jamais n’acceptera l’union déclassante de son fils avec cette catin, prostituée bisexuelle, à peau noire et sans morale, et ses amis, tels Nadar ou Manet qui ne l’aiment pas. Ruptures et périodes de vie commune ne cessent d’alterner au cours des 25 années que durera leur liaison, jusqu’à la mort de Baudelaire, aphasique et paralysé, en août 1867.

La Cause Littéraire est en deuil - Michel Host est mort

Ecrit par La Rédaction , le Mercredi, 09 Juin 2021. , dans La Une Livres

 

La Cause Littéraire est en deuil. Son président d’honneur, Michel Host, nous a quittés dimanche pour rejoindre l’aréopage des érudits littéraires. Présent parmi nous depuis le premier jour de mars 2011, il nous éclairait de son humour, de sa perspicacité, de son immense culture littéraire. Ses chroniques – d’une finesse et d’un style inégalés – vont cruellement manquer à notre revue et ses messages, d’une attention toute paternelle, vont créer une absence terrible dans l’équipe de direction.

Michel Host était âgé de 79 ans. Il a obtenu le prix Goncourt en 1986 pour son roman Valet de nuit. C’était un remarquable écrivain et un traducteur hors pair de l’espagnol au français.

Nous embrassons Danièle, son épouse.

 

L'équipe entière de la revue

Mauro Bolognini, une histoire italienne, Michel Sportisse (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Mercredi, 09 Juin 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Biographie

Mauro Bolognini, une histoire italienne, Michel Sportisse, éditions Le Clos Jouve, décembre 2020, 155 pages, 24 €

 

« Il parvient à concilier les exigences en apparence contradictoires : celles d’une esthétique patiemment mûrie et celles de la liberté, de l’imprévu, de la miraculeuse naissance » (Michel Sportisse).

« Quand je sais que tout est en place, alors je me sens libre. Je ne recherche jamais les belles images, les beaux cadrages » (Mauro Bolognini).

« Il y a chez lui une démarche proustienne de reconstruction du passé dans un mélange de mémoire individuelle et de mémoire sociale, mais cette façon de revisiter le XIXe siècle et le XXe siècle n’est jamais une fin en soi, c’est une approche indirecte qui renvoie toujours à une méditation contemporaine » (Jean A. Gili).

Mauro Bolognini, une histoire italienne est un livre de cinéma, le livre d’un critique inspiré, comme le fut en son temps André Bazin (1) – le meilleur « écrivain » de cinéma : François Truffaut – ou Gérard Legrand (2). Le critique inspiré possède trois grandes qualités : la description précise des films, leur fine analyse, et la plus parfaite connaissance des cinéastes.

Inventions du souvenir, Silvina Ocampo (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Mercredi, 09 Juin 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Amérique Latine, Poésie, Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

Inventions du souvenir, Silvina Ocampo, avril 2021, trad. espagnol (Argentine) Anne Picard, 192 pages, 16 € Edition: Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

 

Hic et Nunc

Intituler cette note de lecture d’une locution adverbiale présentement d’un ici et maintenant, semble décalé et inexact. Mais il me semble que la poétesse a fait revenir son enfance dans le hic et nunc de ses vers. À la fin de ce long poème qui constitue l’ouvrage, autour de 500 vers, je me suis retrouvé incertain. Je m’apercevais, au fil de l’œuvre et grâce à cette espèce d’appareil du désir cherchant à faire jaillir une enfance de petite fille au milieu du poème, je m’apercevais donc qu’ici, nul temps et nul espace ne pouvaient fermer, circonscrire la petite fille dans un espace-temps linéaire, progressif et continu. L’ici et le maintenant faisant glisser pour le coup le lecteur dans son propre espace-temps, dans sa propre enfance. Bien sûr l’arrière-monde de la littérature sud-américaine est présent. On pense notamment à L’Amour aux temps du choléra. Ou encore à Cent ans de solitude. Donc Gabriel García Márquez.