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La Une CED

Portrait d’artiste - « À pied d’œuvre" – Sur les traces d’Iris Terdjiman, Par Hans Limon

Ecrit par Hans Limon , le Lundi, 28 Août 2017. , dans La Une CED, Ecriture

 

Jeune femme électrique au milieu des carcasses de bagnoles, des cliquetis métalliques, meuleuses, clés, tournevis, marteaux, droite et dense entre deux riffs sursaturés qu’une enceinte vomit dans un coin, clope au bec, sur une toile d’infortune, drap de soi collé contre un mur en miettes, elle peint. Le reste est accessoire. Le pinceau métronomiquement nonchalant fait jaillir forces et formes avec la précision hachée d’un automate sensuel, mêlée d’une tendre brusquerie toute virginale dans ses timides égarements. Heidi peinturlure sa chambre au tomahawk, dérange les esprits depuis trop longtemps captifs des lieux, déménage à mesure qu’elle fixe, disparaît peu à peu devant sa Pangée blême et rend visible ou presque ce flot d’images obsédantes, furieuses et kaléidoscopiques sillonnant sans relâche ses pensées les plus sombres, les moins tristes, plats épouvantails pour champs de ruines, tapisserie fine d’un mausolée-garage à ciel ouvert, où les odeurs d’huile, d’essence et de bière côtoient les flaques de pluie largement répandues. De l’âme aux poils imbibés de mélasse à carrosseries, un seul flux, un seul circuit, ouvert, fermé, ouvert, parade alternative distribuant les touches par syncopes savantes, égrenant les terminaisons nerveuses par gerbes de suie pesamment gracieuses.

Carnets d’un fou LII - Mai 2017, par Michel Host

Ecrit par Michel Host , le Vendredi, 25 Août 2017. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

 

 

« Je te hais enfin [politique] parce que c’est toi qui nous as valu cette terrible parole d’Henri Heine : En France il n’y a plus de nation, il n’y a que des partis ».

Alphonse Daudet, Robert Helmont

 

#. Printemps affligeant. Hier soir, mercredi 3, sur tous les écrans (seules fenêtres ouvertes sur le monde à la nation), Mme Le Pen, représentante du FN, et M. Macron, à la tête de la troupe hétéroclite En Marche, se sont affrontés dans un face-à-face d’une agressivité extrême, d’une discourtoisie stupéfiante, parfois d’une vulgarité sans exemple encore à ce niveau, lequel ne fut donc pas à la hauteur de l’enjeu.

A propos de Tu ne parleras pas ma langue, Abdelfattah Kilito

Ecrit par Fedwa Ghanima Bouzit , le Vendredi, 25 Août 2017. , dans La Une CED, Les Chroniques

Tu ne parleras pas ma langue, Abdelfattah Kilito, Actes Sud, 2008, trad. arabe (Maroc) Francis Gouin, 112 pages, 17,30 €

 

Bilinguisme, traduction et territoires linguistiques

Abdelfattah Kilito est un grand lecteur. Dans ses essais comme dans ses récits, les références et les anecdotes littéraires abondent, tissées par une narration ludique et sagace. Car Kilito ne se limite pas à citer La divine comédie de Dante ou Les séances de Hamadhâni pour faire preuve d’une bonne culture littéraire, il fait de ces références des outils d’introspection et d’interrogation du monde.

Dans Tu ne parleras pas ma langue, l’auteur explore des questions propres à la langue, cet espace où nous résidons, mais aussi cet hôte qui nous habite, « un hôte pervers et têtu qui descend chez [le locuteur] sans permission, s’empare de lui et l’habite malgré lui ». Ce champ de pouvoirs, car « le pouvoir de nommer équivaut à la domination et signifie la maîtrise du monde ».

Tu ne parleras pas ma langue est une lecture riche et cocasse qui nous interroge sur notre rapport à la langue et nous donne envie de redécouvrir bien des auteurs et des pans de l’histoire sous l’angle linguistique.

A propos de Projet Anastasis, Jacques Vandroux

Ecrit par Mélanie Talcott , le Mardi, 22 Août 2017. , dans La Une CED, Les Chroniques

Projet Anastasis, Jacques Vandroux, Robert Laffont, juin 2017, 528 pages, 20 €

 

J’ignore si Jacques Vandroux connaît les conseils en écriture prescrits par Bernard Weber comme étant la recette magique du succès assuré… Toujours est-il que son ouvrage Projet Anastasis, publié par les éditions Robert Laffont, est un chef d’œuvre de marketing. Tout est pensé, pesé, agencé, contrôlé. Rien ne semble laissé au hasard tant dans le mécanisme parfaitement huilé de l’intrigue, qui joue les montagnes russes avec l’adrénaline figurée du lecteur, que dans les protagonistes principaux et secondaires de cette fiction.

Tout commence par le récit, talentueux et étonnamment évocateur dans sa réalité narrative, d’un attentat en plein Paris au cours duquel le terroriste, responsable du massacre, sauve malgré lui le petit Alexandre, fils d’un homme politique influent et de la femme qu’il vient de blesser mortellement, avant de disparaître avec l’enfant. Qui est-il ? A quelle mouvance appartient-il ? A qui obéit-il ? La réponse constitue la trame du roman.

Clap de fin de la première partie. Le décor est solidement planté pour les séquences suivantes qui se déroulent tambour battant sur cinq plans.

Hommage à Baudelaire (XX) - Sous les soleils mouillés de Baudelaire, Charles Duttine

Ecrit par Charles Duttine , le Lundi, 21 Août 2017. , dans La Une CED, Ecriture, Nouvelles

 

Il fait beau en cette saison. Le soleil est omniprésent et parcourt son orbite d’une manière mathématique et insistante. Mais, qu’en est-il de cet astre chez Baudelaire ? A première vue, il ne semble pas peupler l’univers du poète. L’été n’est pas la saison que l’on associe à Charles Baudelaire, mais ce sont plutôt l’automne et l’hiver, lui le poète de l’ennui, du spleen et de l’affreuse mélancolie. « O fins d’automnes, hivers, printemps trempés de boue / Endormeuses saisons ! Je vous aime et vous loue… » écrit-il dans Brumes et pluies.

Pourtant combien d’occurrences sur l’astre solaire ! Et que de références ! Même un poème est intitulé Le Soleil (poème LXXXVII) curieusement placé dans la section Tableaux Parisiens. Lors de la première édition, celle de 1857, ce poème était d’ailleurs situé en deuxième position après Bénédiction dans la section Spleen et Idéal, place qui sera ensuite attribuée à L’albatros.

Par-delà ce poème, voici quelques modestes pistes sur cet astre chez l’ami Baudelaire.