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La rentrée littéraire

Du sexe, Boris Le Roy

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 12 Septembre 2014. , dans La rentrée littéraire, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Actes Sud

Du sexe, août 2014, 235 pages, 20 € . Ecrivain(s): Boris Le Roy Edition: Actes Sud

Boris Le Roy délivre ici un roman étonnant, voire détonnant.

La distribution des rôles est réduite : quatre personnages, Eliel et Simon (les frères Jacq !), leur mère, malade, qui idolâtre Simon et accorde peu d’importance à Eliel, et Hana Qabil, la fille bâtarde du Président de la République, initialement inconnue du grand public.

L’intrigue est relativement simple : Eliel et Simon rencontrent Hana dans une soirée mondaine, et projettent aussitôt, chacun pour soi, de nouer une relation intime avec la fille quasiment secrète du chef de l’état.

Leurs motivations sont toutefois totalement divergentes.

Simon, homme politique, élu récemment, déchu pour s’être livré à des malversations devenues ordinaires et banales dans un régime en voie accélérée de dégradation et de dépravation, ayant été déclaré par décision de justice inéligible pour cinq ans, cherche avec affairement le moyen de conserver un maximum de notoriété en attendant de pouvoir se représenter devant ses électeurs. Il voit immédiatement en Hana la personnalité à instrumentaliser pour se retrouver à nouveau dans la lumière des projecteurs médiatiques.

Mourir de penser, Pascal Quignard

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 11 Septembre 2014. , dans La rentrée littéraire, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Grasset

Mourir de penser (Dernier Royaume IX) 10 Septembre 2014. 222 p. 18 € . Ecrivain(s): Pascal Quignard Edition: Grasset

 

Pascal Quignard nous convoque à son neuvième rendez-vous du Dernier Royaume. Moment de recul, de réflexion, d’étrangeté dans le paysage littéraire – ô combien par les temps qui courent ! – moment de penser, de mourir un peu. Quignard tisse son œuvre, à l’écart des modes, à l’écart des courants, à l’écart du temps. Sa préoccupation n’est pas inscrite dans l’événement, elle est à jamais insérée dans la condition des humains, dans sa singularité irréductible.

Nous l’avons déjà écrit ici, l’entreprise de Pascal Quignard se situe dans une tradition antique, gréco-romaine : celle du monologue philosophique. Héraclite, Marc-Aurèle en sont deux belles figures tutélaires. Le grand autre de Quignard – si tant est qu’il en faille un – est Montaigne bien sûr dans cette manière unique de philosopher : en murmurant, à mi-voix, sans asséner de grandes vérités à son de trompe. Se regarder vivre au sein des frères humains et commenter au fil de la pensée. Il y a chez Quignard le phrasé, la structure de pensée de Montaigne. Et il y a aussi ses vertus personnelles : modestie, obsession de la vérité, amour de la culture antique et universelle.

Le Soleil, Jean-Hubert Gailliot

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 11 Septembre 2014. , dans La rentrée littéraire, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, L'Olivier (Seuil)

Le Soleil, août 2014, 544 pages, 20,50 € . Ecrivain(s): Jean-Hubert Gailliot Edition: L'Olivier (Seuil)

 

« Qu’il veuille bien se représenter la chose : ce manuscrit vieux de cent ans, s’il se révélait conforme à la légende, éclairerait le siècle passé et l’histoire des avant-gardes artistiques, l’avait-il vue s’enflammer, d’un jour absolument neuf. Il était passé entre les mains de créateurs révolutionnaires, avait traversé clandestinement, mis peut-être pas sans incidences, deux guerres mondiales, entraîné des condamnations. Plusieurs femmes fascinantes, artistes elles-mêmes, avaient joué un rôle essentiel dans cette aventure. Et, semblait-il dans sa constante occultation. Elle voulait s’emparer de ce brûlot et être la première à le publier ».

Tout grand livre est une enquête menée mot à mot, ligne à ligne, page à page, qu’elle se déroule au pied d’un volcan, au cœur de l’effondrement d’un empire, ou sur les bords d’un canal à Venise. Elle ne vise pas tant à découvrir ce que l’on cherche, qu’à mettre en lumière toutes les intrigues romanesques qui la fécondent. Le territoire d’Alexandre Varlop : la Grèce, Mykonos, ses dieux et ses lions, Palerme, un poète silencieux et butinant, un peintre lyrique, une amoureuse photographe. Un territoire comme une odyssée placée sous la haute protection d’Homère.

Peine perdue, Olivier Adam

Ecrit par Marc Ossorguine , le Mercredi, 10 Septembre 2014. , dans La rentrée littéraire, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Flammarion

Peine perdue, août 2014, 416 pages, 21,50 € . Ecrivain(s): Olivier Adam Edition: Flammarion

Avec Peine perdue, Olivier Adam nous emmène dans une ronde où les personnages et les voix vont se succéder, se lier, s’éclaircir mutuellement au fil des pages. Nous découvrons ainsi une bonne vingtaine d’acteurs de la vie d’une commune côtière, quelque part du côté de Nice. Il ne s’y passe pas grand-chose, entre les magouilles du gros entrepreneur local et « son » équipe de foot, avec une activité touristique convoitée par les requins voisins.

Il suffira d’un gros coup de mer pour que la côte soit pendant quelques jours dévastée et que des vies qui semblaient n’attendre que cela basculent et que se mettent à jour toute la peine perdue à les construire, à essayer au moins de les sauver du désastre, si ce n’est en faire de grands destins.

Il y a Antoine, le footballeur parfois brillant et surtout incontrôlable (qui n’est pas sans rappeler le personnage de Patrick Dewaere dans Coup de tête, le film de Jean-Jacques Annaud), Pérez l’entrepreneur combinard plein aux as, Grindel, le flic pas très doué, désabusé et débordé par les évènements, Paul et Hélène, le couple âgé qui essaye d’en finir, une jeune femme anonyme et inconnue qui semble vouloir échapper au monde, une équipe de foot « petit poucet » qui doit se préparer à affronter la grande équipe de Nantes en Coupe de France…

Depuis que la samba est samba, Paulo Lins

Ecrit par Stéphane Bret , le Mardi, 09 Septembre 2014. , dans La rentrée littéraire, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Langue portugaise, Roman, Asphalte éditions

Depuis que la samba est samba, Trad. du portugais (Brésil) par Paula Sainot, septembre 2014, 287 pages, 22 € . Ecrivain(s): Paulo Lins Edition: Asphalte éditions

 

 

Le roman de Paulo lins se déroule dans le Rio des années 20, et plus précisément dans le quartier de l’Estácio, où se croisent des malfrats, des proxénètes, des prostituées, des homosexuels, des immigrés. On y trouve également des artistes, des musiciens susceptibles d’incarner la bohème locale. Ismael Silva est compositeur, il aspire à changer la musique, à l’adapter à la culture de tous les Brésiliens, autrement dit, d’incorporer dans la musique les traditions issues des origines indienne et africaine du Brésil. Son ami, Brancura, ambitionne d’écrire des sambas ; il apparaît très vite beaucoup plus doué pour le proxénétisme, qu’il développe dans son quartier, en proie aux bagarres dans les bars, au trafic de drogue, aux descentes fréquentes de la police. Brancura a un rival, Sodré, fils d’immigrés portugais ayant passablement bien réussi. Ils aiment la même femme, Valdirène, l’une des plus belles filles de l’Estácio, prostituée de son état. Sodré est blanc, Brancura est noir, descendant d’esclaves.