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La rentrée littéraire

Un secret du docteur Freud, Eliette Abécassis

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Vendredi, 26 Septembre 2014. , dans La rentrée littéraire, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Flammarion

Un secret du docteur Freud, août 2014, 199 pages, 18 € . Ecrivain(s): Eliette Abécassis Edition: Flammarion

 

Schnitzler, que Freud n’a jamais souhaité rencontrer car il s’en sentait trop proche mais avec qui il a entretenu une correspondance, écrit cet aphorisme publié en 1927 dans le recueil Dits et réflexions :

« Si tu protèges avec trop de tendresse le jardin secret de ton âme, il peut facilement se mettre à fleurir de façon trop luxuriante, à déborder au-delà de l’espace qui lui était imparti et même à prendre peu à peu possession dans ton âme de domaines qui n’étaient pas destinés à rester secrets. Et il est possible que toute ton âme finisse par devenir un jardin bien clos, et qu’au milieu de toutes ses fleurs et ses parfums elle succombe à sa solitude ».

Je trouve que cette citation est une bonne introduction au livre d’Éliette Abécassis, Un secret du docteur Freud, puisque toute l’intrigue tourne autour d’un secret qui nous sera dévoilé au cours du récit et qui est l’objet de grands tourments pour Freud depuis la montée du nazisme en Autriche.

Faux nègres, Thierry Beinstingel

Ecrit par Stéphane Bret , le Vendredi, 26 Septembre 2014. , dans La rentrée littéraire, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Fayard

Faux nègres, août 2014, 424 pages, 20 € . Ecrivain(s): Thierry Beinstingel Edition: Fayard

 

Dans ce roman, Pierre, un journaliste, se rend dans un petit village de l’est de la France. Le but de son reportage : expliquer le score élevé réalisé par l’extrême-droite lors des récentes élections. Pierre arrive sur les lieux, accompagné de son preneur de son, rendu aveugle par un accident quelques années plus tôt. Mais très vite, on comprend que Thierry Beinstingel veut nous faire faire un long détour par nos fausses certitudes, l’usage excessif et répétitif de notre histoire, la décadence de notre vocabulaire, la faiblesse de nos argumentaires dans les débats et discussions publics. Ainsi, Pierre, qui nous indique que son rédacteur en chef lui a transmis une consigne décisive : une seule question, un seul sujet, et persévérer en cas d’absence de réponse, découvre-t-il l’existence d’une pierre préhistorique qui serait cachée sous l’église du village : « Jean dit encore : Le village a une longue histoire. Tenez, l’église : il paraît qu’une pierre préhistorique est cachée dessous. Il a souligné “préhistorique” d’un doigt levé d’un mouvement de menton. C’est l’adjectif le plus lointain qu’il connaît, le plus digne de respect, incontestable et imparable ».

Première neige sur le Mont Fuji, Yasunari Kawabata

Ecrit par Victoire NGuyen , le Jeudi, 25 Septembre 2014. , dans La rentrée littéraire, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Nouvelles, Albin Michel, Japon

Première neige sur le Mont Fuji, août 2014, traduit du Japonais par Cécile Sakai, 156 p. 16 € . Ecrivain(s): Yasunari Kawabata Edition: Albin Michel

 

Esquisse des sentiments


Première neige sur le Mont Fuji constitue une curiosité de cette rentrée littéraire 2014. En effet, cet ouvrage est une anthologie de six récits inédits de Yasunari Kawabata. Comme le précise la quatrième de couverture, ce sont des nouvelles qui ont été écrites entre 1952 et 1960. Ils ont été réunis une première fois par l’auteur lui-même pour une publication antérieure. Ici, Cécile Sakai, traductrice et spécialiste de l’œuvre kawabatienne, les a choisis pour mettre en lumière l’art de l’auteur à fixer les instants, les impressions et les portraits de ses personnages.

Dans la nouvelle-titre, Kawabata insiste sur les retrouvailles d’un couple au pied du Mont Fuji lors des premières neiges. Ils contemplent cette beauté éphémère et pure encore de toute trace humaine tout en se penchant sur un passé détruit où l’amour n’a plus sa place. Seuls planent la mort et la folie. Le lecteur, à la fin du récit, ressent l’arrière-goût mélancolique du temps qui passe et qui efface toute joie et candeur.

Le Tao du Toreo, André Velter et Ernest Pignon-Ernest

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 25 Septembre 2014. , dans La rentrée littéraire, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Actes Sud, Arts

Le Tao du Toreo, édition bilingue, traduction espagnole de Vivian Lofiego, septembre 2014, 80 p. 26 € . Ecrivain(s): André Velter et Ernest Pignon-Ernest Edition: Actes Sud

 

« Tu possèdes la magie d’une question sans réponse,

Question à la vie et à la mort

Qui renaît au sable des arènes

Entre une ligne d’ombre et un sas de soleil ».

 

Une date, le 16 septembre 2012, comme un sas de soleil qui monte de l’ovale de Nîmes. Un sas de mots et une ligne noire. Des mots et des lignes de fusain qui se croisent comme se croise José Tomás. Un dimanche matin inspiré, le torero s’avance sur le sable pour un solo, laissez-moi seul, seul face à six toros, pour à son tour dire le je ne sais quoi.

Un tango en bord de mer, Philippe Besson

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mercredi, 24 Septembre 2014. , dans La rentrée littéraire, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Julliard, Théâtre

Un tango en bord de mer, Théâtre, éd. Julliard, septembre 2014, 76 pages, 9 € . Ecrivain(s): Philippe Besson Edition: Julliard

 

 

Un huis clos romantique dont la sensualité & la violence du dialogue ouvrent par la parole échangée la scénographie d’un véritable « tango en bord de mer ».

Un tango sur la scène du théâtre, confrontation & joutes verbales, une rencontre ambivalente de deux ex-amants dont l’amour passionné, en partage quelques années auparavant, s’est cristallisé en ressentis amers ou ressentiments / rancœurs ravivés par des retrouvailles imprévues, nostalgie…

Une danse sensuelle & provocante, dont il semble parfois que la tension du dialogue va rompre les amarres de l’oubli, pour chavirer les digues où s’est retranché le désir de continuer de vivre & d’aimer en tentant de refermer les blessures amoureuses.