La chimère et l’enfant
Ce très bel album jeunesse de grand format, doté d’un titre intrigant, La Grande Galerie des monstres, et d’une couverture picturale, annonce une sorte de musée imaginaire de l’épouvante et du surnaturel. Trente-sept espèces de prodiges monstrueux sont répertoriées. L’enfant trouvera ainsi plusieurs catégories de créatures extraordinaires, réparties selon les continents, les croyances et les époques – de l’antiquité au monde contemporain –, issues de cultures diverses. Comme l’indiquent le sommaire et la typologie de fantaisie, ces monstres sont soit multiples, hybrides ou uniques. L’ouvrage s’ouvre sur la chimère, qui est sans doute l’archétype de l’animal fabuleux, ici une bête tricéphale, à la fois lion, chèvre et serpent, sculptée à Arezzo, 380-360 av. J.-C.
La visite de la grande galerie commence donc par cette rencontre et se termine par la représentation contemporaine d’une fresque murale urbaine. La chimère, qui est aussi une hallucination et une vanité, se trouve au cœur de l’admirable recueil de Baudelaire, Petits Poèmes en prose, Chacun sa chimère, qui débute ainsi :