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Jeunesse

La Grande Galerie des monstres, Aude Le Pichon (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Mardi, 07 Janvier 2020. , dans Jeunesse, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Seuil Jeunesse

La Grande Galerie des monstres, Aude Le Pichon, octobre 2019, 88 pages, 18 € Edition: Seuil Jeunesse

 

La chimère et l’enfant

Ce très bel album jeunesse de grand format, doté d’un titre intrigant, La Grande Galerie des monstres, et d’une couverture picturale, annonce une sorte de musée imaginaire de l’épouvante et du surnaturel. Trente-sept espèces de prodiges monstrueux sont répertoriées. L’enfant trouvera ainsi plusieurs catégories de créatures extraordinaires, réparties selon les continents, les croyances et les époques – de l’antiquité au monde contemporain –, issues de cultures diverses. Comme l’indiquent le sommaire et la typologie de fantaisie, ces monstres sont soit multiples, hybrides ou uniques. L’ouvrage s’ouvre sur la chimère, qui est sans doute l’archétype de l’animal fabuleux, ici une bête tricéphale, à la fois lion, chèvre et serpent, sculptée à Arezzo, 380-360 av. J.-C.

La visite de la grande galerie commence donc par cette rencontre et se termine par la représentation contemporaine d’une fresque murale urbaine. La chimère, qui est aussi une hallucination et une vanité, se trouve au cœur de l’admirable recueil de Baudelaire, Petits Poèmes en prose, Chacun sa chimère, qui débute ainsi :

L’enserpent, Les Humanimaux, Éric Simard (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 08 Novembre 2019. , dans Jeunesse, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Syros

L’enserpent, Les Humanimaux, Éric Simard, Syros Jeunesse, août 2019, 48 pages, 3,50 € Edition: Syros

 

Mue

Ce petit livre au titre énigmatique, L’enserpent, relate l’existence d’un être composite, squamate mais anthropien, doué d’humanité. L’auteur Éric Simard achemine l’enfant vers un monde de clonage, de modifications génétiques. Ainsi, les jeunes lecteurs se familiariseront avec les registres du fantastique, de l’anticipation et de la fantaisie, ou avec de nouvelles réalités scientifiques.

De fait, certains êtres portent une marque visible sur l’épiderme – une tache originelle –, ou cachée sur le corps, ce qu’ils vivent comme un stigmate. Il faut donc trouver un nom qui leur convient, un prénom qui les différencie et qui autorise leur entrée dans le monde. L’enserpent se présente comme un récit antique où les animaux se couplaient avec les humains. La « différence » physique est vécue à la fois par Marion et l’enserpent au sein du monde de l’école, entre la joie, la camaraderie, les apprentissages mais aussi la méchanceté et la solitude – tout ce que génère la collectivité.

Je suis Camille, Jean-Loup Felicioli (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 25 Octobre 2019. , dans Jeunesse, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Syros

Je suis Camille, Jean-Loup Felicioli, octobre 2019, 80 pages, 19,90 € Edition: Syros

 

Différent(e)

Jean-Loup Felicioli signe un album-jeunesse cartonné, luxueux, où la couverture et les doubles-pages renvoient à la saison automnale. C’est donc la rentrée pour une petite-fille de dix ans, Camille, aussi bien dans une nouvelle école que dans un nouveau pays. Les illustrations sont splendides, formant de véritables tableaux, dans lesquels les détails, les couleurs, sont apposés de façon complexe. Les yeux, les expressions des visages sont traités un peu à la manière des codes visuels des mangas, simplifiés comme sur certains logiciels de composition graphique.

La question du « genre » occupe le récit dès le début. La plupart des enfants du monde contemporain ont intégré au quotidien les outils de communication, la mode, une certaine forme de liberté d’expression, ont établi une relation de confiance avec leurs parents. Ce qui est le cas pour Camille, l’héroïne, qui vient d’un milieu plutôt nanti économiquement, intellectuellement évolué, et occidental. A fortiori, l’école se doit d’accueillir sans discrimination les enfants de toute couleur et de toute condition dans des classes mixtes.

Le fil d’Ariane, Jan Bajtlik (Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Mercredi, 25 Septembre 2019. , dans Jeunesse, Les Livres, Critiques, La Une Livres, La Joie de lire

Le fil d’Ariane, septembre 2019, trad. polonais, Lydia Waleryszak, 80 pages, 24,90 € . Ecrivain(s): Jan Bajtlik Edition: La Joie de lire

 

Jan Bajtlik nous livre avec Le fil d’Ariane un ouvrage à la fois documenté et divertissant. Cet album-jeunesse, destiné à des enfants (au passage du primaire au collège), se dote d’une courte introduction ainsi que d’un schéma-devinette qui renvoie aux explications des dernières pages. Le livre est de grand format (37,5 x 28,5 cm), cartonné, au fond bleu couleur de la mer Égée. Dès la première double-page, des personnages de différentes dimensions tournent dans l’espace sphérique du mont Olympe, entouré par l’eau primordiale des océans. Tout est circonvolutions, dédales, méandres, écheveaux, réseaux. Un peuple s’anime, des individus amphibiens, certains moitié humains, moitié sirènes, suivent des circuits complexes, en giration. L’auteur puise aux sources des poèmes d’Homère et à la Théogonie d’Hésiode. Quelques récits antiques célèbres, fondateurs de la civilisation occidentale, sont choisis par J. Bajtlik de manière assez accessible. Le fil conducteur part de la création du monde et va jusqu’à la représentation théâtrale des mythes grecs.

Épopée, historiette et fable, 3 livres de la Joie de Lire (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 28 Juin 2019. , dans Jeunesse, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

 

Cabane en péril !, Jean-Claude Lalumière, La Joie de lire, juin 2019, coll. Hibouk, 168 pages, 10,90 €

 

Cabane en péril est un récit simple, à l’imparfait, raconté par le petit garçon Bernie. Le temps y est découpé comme dans un journal intime, mais le ton est plus perfectionné, plus disert. Au début du livre-jeunesse se trouvent de petits schémas, plutôt réduits à de simples traces maladroitement dessinées à la main, et ce sont peut-être là les miettes du Petit Poucet qui nous engagent à suivre la trame de la fiction. La littérature enfantine ne naît pas ex nihilo et il est judicieux de la part de Jean-Claude Lalumière de citer Jean de La Fontaine, des dessins animés, des héros de bande dessinée, tout en situant l’intrigue dans notre monde actuel, et d’aborder des débats environnementaux. L’on peut parler aussi, à propos de Cabane en péril, de littérature d’apprentissage, d’une édification sur les problèmes de notre planète, le sens de la responsabilité de chacun à son égard.