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Hermann

Aujourd’hui présidées par Arthur Cohen et dirigées par Philippe Fauvernier, les éditions Hermann ont retrouvé leur siège d’origine, rue de la Sorbonne. Arthur Cohen dirige la politique éditoriale dans la droite tradition de la maison, tout en ouvrant la ligne des publications.

Le prestige de la maison continue d’attirer à elle de nombreux grands intellectuels d’aujourd’hui, parmi lesquels Michel SerresAndré Comte-SponvilleRoger-Pol DroitPhilippe SollersJacqueline RissetMarcelin PleynetPaul Badura-Skoda ou Bernard Diu.

En 2006, les éditions Hermann renouent avec l’épistémologie avec la création de la collection Visions des sciences.

En 2005, à la rentrée littéraire, Hermann crée un département de littérature générale, Hermann Littérature, inauguré par Philippe Sollers avec, à la rentrée 2007, la publication du premier roman de toute son histoire : Giovanni Pico deGuillaume de Sardes.


Le Signe et la touche, Philosophie du toucher, Michel Guérin (par Pierre Windecker)

Ecrit par Pierre Windecker , le Mercredi, 10 Janvier 2024. , dans Hermann, Les Livres, Les Chroniques, Essais, La Une CED

Le Signe et la touche, Philosophie du toucher, Michel Guérin, éditions Hermann, octobre 2023, 104 pages, 18 €

 

 

« La pensée cristalline, le style fluide et poétique de Michel-Charles Guérin font de la lecture de cet essai un exercice d’intelligence et un véritable moment de littérature. Un éclairage essentiel sur les syntaxes constitutives de l’art ».

(Léon-Marc Lévy, sur le site Facebook du club de La Cause littéraire).

 

Le sujet de ce dernier livre de Michel Guérin, annoncé comme « protéique », c’est « l’ensemble formé par toucher/être, touché/le toucher/la touche » (p.11). Riche est en effet la matière abordée : successivement le « toucher » (et l’« être touché ») lui-même entre contact épidermique et émotion du cœur ; puis le dessin, et la touche en peinture ; enfin, l’écriture, et surtout la prise de risque (on l’évoquera plus loin) qui donne naissance à l’écriture littéraire et poétique.

Au regard des visages, Essai sur la littérature française du XXe siècle, Marie-Annick Gervais-Zaninger (par Olivier Verdun)

Ecrit par Olivier Verdun , le Jeudi, 15 Septembre 2022. , dans Hermann, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres

Au regard des visages, Essai sur la littérature française du XXe siècle, Marie-Annick Gervais-Zaninger, 400 pages, 39 € Edition: Hermann

 

 

On sait, depuis Emmanuel Levinas, que le visage n’est pas tant une forme sensible que la résistance opposée par autrui à sa propre manifestation : rencontrer un homme, c’est être tenu en éveil par une énigme. Cette énigme de la rencontre intersubjective, la littérature n’a cessé de la traquer au XXe siècle, en un vaste panorama que Marie-Annick Gervais-Zaninger tente, avec beaucoup d’érudition, dans une langue parfois pâteuse mais toujours précise, de restituer. Son ambition, quelque peu titanesque, est d’entrecroiser discours savants et œuvres artistiques afin de mettre au jour, de Narcisse à Lacan, de Levinas à Yves Bonnefoy, ce que le visage a pu produire de trames conceptuelles.

Madeleine Bernard, La Songeuse de l’invisible, Marie-Hélène Prouteau (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Jeudi, 17 Juin 2021. , dans Hermann, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Madeleine Bernard, La Songeuse de l’invisible, mars 2021, 158 pages, 19 € . Ecrivain(s): Marie Hélène Prouteau Edition: Hermann

 

L’art, souvent, retient les grandes figures, les chefs d’école, les novateurs. Il néglige les figures secondaires même si elles ont joué un certain rôle dans la conception artistique d’un peintre ou d’une école. La fin du XIXe a été particulièrement riche en écoles de toutes sortes. Impressionnisme, divisionnisme, cloisonnisme, nabis, symbolisme. Marie-Hélène Prouteau nous embarque pour une découverte des années 1880-1890.

Madeleine, la sœur cadette du peintre Emile Bernard que l’école de Pont-Aven a rendu célèbre, recueille ici l’attention de la romancière qui lui consacre tout un livre. Figure retirée, à l’ombre de la musique et de la piété fraternelle envers un frère fantasque, créatif, déluré, mature et indiscipliné, au grand dam de ses parents.

Des années passées dans le nord, le long de la Deûle, puis à Paris, à Courbevoie, à Asnières. La frêle et blanche Madeleine, à la santé délicate, accompagne au piano les années où son grand frère entame son apprentissage de peinture (à l’atelier Cormon d’où il sera renvoyé) et cueille les rencontres importantes (Schuffeneker, Gauguin, Van Gogh, Anquetin). Il passe par l’impressionnisme, le pointillisme, cède aux aplats japonisants. Participe aux premières expositions.

Joseph, Un jeune Hébreu devenu vice-roi d’Égypte, Maurice-Ruben Hayoun (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Lundi, 21 Septembre 2020. , dans Hermann, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Christian Bourgois

Joseph, Un jeune Hébreu devenu vice-roi d’Égypte, Maurice-Ruben Hayoun, 2018, 256 pages, 25 € Edition: Hermann

Maurice-Ruben Hayoun est professeur de philosophie, mais son livre sur Joseph n’illustre pas cette spécialité universitaire. Il s’agit d’un ouvrage au carrefour de l’exégèse et de ces études de littérature comparée qui examinent la survie (Nachleben) d’un personnage ou d’un mythe à travers les siècles. Louise Vinge et Raymond Trousson ont ainsi publié des sommes érudites sur Narcisse et Prométhée. La vie de Joseph est racontée dans Genèse/Berechit 37 à 50 et le livre se clôt avec sa mort, de même que le Deutéronome/Devarim s’achève à la mort de Moïse.

M.-R. Hayoun part, avec raison, d’un constat qui est souvent négligé : les textes de la Bible sont de grands textes au point de vue « littéraire », par leur sens de la narration et de la construction, indépendamment du fait qu’on y accorde foi ou non. Joseph a vécu l’essentiel de son existence ailleurs que sur la terre de ses pères, en Égypte, la grande puissance de la région, les États-Unis de l’époque, mentionnée à mille cinq cents reprises dans la Bible, une civilisation brillante, monumentale et hantée par la mort, une civilisation à côté de laquelle les Hébreux paraissaient à tous points de vue insignifiants.

Freud et Moïse, Psychanalyse, Loi juive et pouvoir, Raphaël Draï (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Lundi, 19 Août 2019. , dans Hermann, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres

Freud et Moïse, Psychanalyse, Loi juive et pouvoir, 2018, 282 pages, 25 € . Ecrivain(s): Raphaël Draï Edition: Hermann

 

« En réimprimant un recueil d’articles, c’est assez l’usage d’indiquer au lecteur le lien qu’on croit apercevoir entre ces pages détachées. Les parents trouvent toujours à leurs enfants un air de famille, quelques traits communs ; le plus souvent, ils sont seuls à voir ainsi », écrivait l’auteur du Roman russe, Eugène-Melchior de Vogüé (Souvenirs et visions, Plon, 1887). Tout volume recueillant et donnant à relire des articles antérieurement parus court le risque de paraître une « marqueterie mal jointe ». Le livre de Raphaël Draï (1942-2015) n’échappe pas a priori à ce reproche, s’il s’agit d’un reproche, mais la cohérence de la pensée se révèle plus forte que les tendances centrifuges des différents chapitres.

Il est singulier de rapprocher deux personnages aussi dissemblables que Freud et Moïse, l’explorateur de l’inconscient et le grand législateur de tout un peuple. Le sous-titre du volume évoque les similitudes, qu’elles soient fondées, humoristiques ou douteuses, relevées de longue date, entre le judaïsme et la psychanalyse. Ces points de contact, qui eussent peut-être horrifié les anciens rabbis, étaient apparus à Freud lui-même, comme le montre une de ses lettres :