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Gallimard

Les éditions Gallimard, appelées jusqu’en 1919 les éditions de la Nouvelle Revue française et jusqu’en 1961 la librairie Gallimard, sont ungroupe d'édition français. La maison d'édition a été fondée par Gaston Gallimard en 1911. Le groupe Gallimard est actuellement dirigé par Antoine Gallimard. Considérée comme l'une des plus importantes et influentes maisons d'édition en France, notamment pour la littérature du xxe siècle et contemporaine, Gallimard possède en 2011 un catalogue constitué de 35 prix Goncourt, 36 écrivains ayant reçu le prix Nobel de littérature, et 10 écrivains récompensés du prix Pulitzer.


Marcel Proust, Un amour de Swann, orné par Pierre Alechinsky

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Lundi, 17 Février 2014. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Arts

Marcel Proust, Un amour de Swann, orné par Pierre Alechinsky, 208 p. octobre 2013, 39 € . Ecrivain(s): Pierre Alechinsky Edition: Gallimard

 

Alechinsky* aime à épouser le mouvement immobile, – immobilité déployée –, d’un livre, par ses traits – incisifs, débridés, et ouverts sur un silence que rien ne saurait venir briser : celui du recueillement, de la prière qu’est tout sommeil véritable (le sommeil étant un repli de l’être, soudain miniaturisé – sans qu’il soit utile, pour cela, que le corps change de forme –, dans le cocon d’invisible qu’il garde reclus dans lui).

Il a ainsi « illustré » – ajoutant souvent eaux fortes – de très nombreux livres et plaquettes pour les éditions Fata Morgana. L’on retiendra notamment Oiseau ailé de lacs et Invention de la pudeur de Salah Stétié, Trois poèmes d’Alvaro de Campos de Pessoa, Mon voyage en Amérique de Cendrars, Fleur de cendres de Lokenath Bhattacharya, Plénièrement de Gracq, Le poète assassiné d’Apollinaire, Celle qui vient à pas légers de Jacques Réda, Vacillations de Cioran, Les rougets d’André Pieyre de Mandiargues, et Le carnet du chat sauvage de Charles-Albert Cingria. Sans oublier les très beaux – car très nus – ouvrages de Gérard Macé, où paraît une pensée, dans ses muscles non forcés.

Cent vingt et un jours, Michèle Audin

Ecrit par Martine L. Petauton , le Samedi, 08 Février 2014. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Cent vingt et un jours, décembre 2013, 184 pages, 17,90 € . Ecrivain(s): Michèle Audin Edition: Gallimard

 

Nombres ; chiffres ; raisonnements. Mathématiques. Michèle Audin est ainsi construite ; ses écritures aussi. Pour autant, poésie – ô combien ! sentiments, humanité surtout – donc, littérature, se sont invités au banquet de ce petit livre dense, poignant, dont le titre Cent vingt et un jours est, du reste, écrit, mais non posé en langage mathématique.

Cela aurait pu être un recueil de nouvelles, dont les chapitres auraient porté le nom de ceux, nombreux et bien campés, qu’on croise dans ce reflet du fleuve du siècle dernier. Enfer brumeux que visiterait Orphée, où divaguent ceux de la Grande Guerre et ceux de la terrible Seconde, brisés, bourreaux ou carrément perdus ; parfois, tout ensemble… Mais c’est un roman-récit, et non des nouvelles, qu’a préféré Michèle Audin, la mathématicienne, qui fréquente aussi – et, plutôt bien – la façon si particulière de penser et de travailler des historiens. Elle n’a pas voulu de ce mot « fin » au bas des chapitres, de ces mini histoires bouclées. Son récit a besoin du temps long, décliné et repris d’un bout à l’autre des pages, sans presque reprendre son souffle, comme un immense problème, dont on ne sait au final s’il peut se résoudre, et qui va son chemin, raisonné, rassemblant ses données, n’en oubliant aucune, cherchant les preuves, les vérifiant, les additionnant au fil de l’Histoire. Comptabilité unique ; scansion des malheurs.

C’était hier, Harold Pinter

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Lundi, 03 Février 2014. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Théâtre

C’était hier, traduit de l’anglais par Éric Kahane, 108 pages, 13,20 € . Ecrivain(s): Harold Pinter Edition: Gallimard

 

L’une des plus belles pièces de Pinter, publiée en 1971, par Methuen, à Londres, sous le titre Old times.

 

Il y a Kate. Il y a Kate et Deeley, mariés, face à Anna : l’étrangère, presque. Si peu connue. Celle qui appartient au passé. Et qui ne comptait pas. Qui n’avait pas de rôle important, pas de densité de météorite, pas de véritable place.

Mais.

NOIR

Reprenons. Les êtres ne savent pas se rapprocher. Ils savent qu’ils ne savent pas. Mais ils le veulent. Alors, ils regardent. Ils s’intéressent. Ils scrutent. Ils scrutent ceux qu’ils ne connaissent pas, en pensant que peut-être ils les connaissent. Que peut-être ils vont les connaître, alors que, le plus souvent, non.

Médium, Philippe Sollers

Ecrit par Philippe Chauché , le Samedi, 01 Février 2014. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Médium, janvier 2014, 176 pages, 17,50 € . Ecrivain(s): Philippe Sollers Edition: Gallimard

 

« Time is money, la folie gronde. La contre-folie, elle, prend son temps. Pour qui ? Pour rien. La rose est sans pourquoi, fleurit parce qu’elle fleurit, n’a aucun souci d’être vue ».

Lorsque la folie gronde, il vaut mieux être protégé par un paratonnerre, réel ou imaginaire, peu importe, mais il convient de s’armer de contre-folie, s’arrimer à la terre, et flécher le ciel. En ce siècle crispé, il y a des lieux, des êtres, des livres qui en tiennent avec légèreté l’office. Rien de nouveau sur la planète Sollers, la petite aiguille de sa boussole amoureuse lui indique toujours la même direction : Venise. Ville médium, ville dictionnaire qu’il ouvre et parcourt accompagné d’or – Loretta –, d’une fleur – Ada –, et de son moraliste, l’immortel de Versailles – Saint-Simon.

Médium est le roman de la folie et de son contre feu. L’une, on sait sur quoi elle tient : trafics en tous genres – dollars, organes et arts –, falsifications, vérités et mensonges, mauvais romans et mauvaise vie, l’autre repose sur quelques certitudes : immortalité et musicalité du Temps, amours gagnés, lectures attentives et écriture permanente, mouvement permanent du corps joyeux, trilogie divine. Le Père lit, le Fils écrit, et le Saint Esprit ne cesse d’aller et venir entre Paris et Venise sans changer de place.

Vie électrique, Jean-Philippe Rossignol

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Mercredi, 18 Décembre 2013. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Vie électrique, 173 pages, 16,90 € . Ecrivain(s): Jean-Philippe Rossignol Edition: Gallimard

 

Premier roman intéressant d’un jeune auteur qui s’attache à faire que sa vie chemine en prenant doucement la main de la transgression ; car, comme l’écrit Michel Foucault dans Préface à la transgression (in Hommage à Georges Bataille, Critique, n°195-196, août-septembre 1963), « [r]ien n’est négatif dans la transgression. Elle affirme l’être limité, elle affirme cet illimité dans lequel elle bondit en l’ouvrant pour la première fois à l’existence ».

S’ouvrir à l’existence est en effet la vocation de tous les instants de Jean-Philippe Rossignol, rendue lisible par ce roman conçu comme témoignage.

Témoignage d’une vie, d’une pensée.

Vie et pensée mêlées.

Et il faut, étrangement, pour saisir toute l’ambition de Jean-Philippe Rossignol, faire un détour par une auteure qu’il ne cite jamais : Anaïs Nin. Et plus précisément son Journal. Encore plus précisément : les dates du 10 et 21 mai 1933, du 12 juin 1934 et du 10 janvier 1937.