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Gallimard

Les éditions Gallimard, appelées jusqu’en 1919 les éditions de la Nouvelle Revue française et jusqu’en 1961 la librairie Gallimard, sont ungroupe d'édition français. La maison d'édition a été fondée par Gaston Gallimard en 1911. Le groupe Gallimard est actuellement dirigé par Antoine Gallimard. Considérée comme l'une des plus importantes et influentes maisons d'édition en France, notamment pour la littérature du xxe siècle et contemporaine, Gallimard possède en 2011 un catalogue constitué de 35 prix Goncourt, 36 écrivains ayant reçu le prix Nobel de littérature, et 10 écrivains récompensés du prix Pulitzer.


Évariste, François-Henri Désérable

Ecrit par Philippe Chauché , le Mercredi, 07 Janvier 2015. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Évariste, janvier 2015, 176 pages, 16,90 € . Ecrivain(s): François-Henri Désérable Edition: Gallimard

 

« On a dit à tort qu’il fut victime d’un complot ; à raison qu’il fut aux mathématiques ce qu’à la poésie fut Arthur Rimbaud : (…) un Rimbaud qui n’aurait connu ni Harar ni Aden ni les dents d’éléphant ni la scie sur la jambe à Marseille : parce qu’en vérité c’est la fin du dormeur que ce Rimbaud a connue… »

Et si les romanciers étaient aussi de grands historiens ? Et si l’Histoire de France se mettait à résonner autrement, à vibrer d’une autre et belle manière lorsqu’un romancier s’en saisit ? François-Henri Désérable a pour lui la légèreté, la vitesse, la souplesse, l’agilité et la grâce d’un écrivain qui écrit comme l’on patine. Il s’élance sur la glace de l’Histoire de la Révolution – Tu monteras ma tête au peuple – et de la vie bouillonnante d’Évariste Galois Évariste – avec la même facilité, la même allégresse, face à l’échafaud de la Terreur, ou au cœur du volcan des années d’apprentissage de l’artiste des Nombres.

Évariste prolonge le rêve Girondin de Tu montreras ma tête au peuple, et François-Henri Désérable y met tout autant de désir et de plaisir que dans son premier « roman ». L’Histoire est toujours une affaire de style, et il en faut tout autant pour s’en saisir et la faire sienne.

Le Secret et autres textes, Junichirô Tanizaki

, le Mardi, 16 Décembre 2014. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Nouvelles, Japon

Le Secret et autres textes, Gallimard, coll. L’imaginaire, octobre 2013, 196 pages, 7,50 € . Ecrivain(s): Junichirô Tanizaki Edition: Gallimard

 

C’est un petit livre comprenant cinq nouvelles que proposent les éditions Gallimard ; mais c’est une excellente introduction à l’œuvre de cet immense écrivain. Les mêmes éditions ont d’ailleurs publié la quasi-totalité de son travail dans la collection de la Pléiade.

Né en 1886 et mort à 79 ans, il est facile de relever, pour le lecteur français, les grandes périodes de l’histoire japonaise que Junichirô Tanizaki a traversées. Il naît vingt ans après le début de l’ère Meiji (1868-1912), période de bouleversements intellectuels, économiques et sociaux dans une nation jusqu’alors fermée à l’influence occidentale. Le Japon ne reste pas étranger à la première guerre mondiale ; après ce premier choc, on connaît son implication dans la seconde, et ce que le pays dut surmonter après sa défaite dans les conditions tragiques que l’on sait.

Junichirô Tanizaki traverse toutes ces crises avec une énergie peu commune et il faut ajouter, avec un talent qui ne connaît jamais de faiblesse.

Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier, Patrick Modiano

Ecrit par Martine L. Petauton , le Samedi, 13 Décembre 2014. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier, octobre 2014, 146 pages, 16,90 € . Ecrivain(s): Patrick Modiano Edition: Gallimard

 

Tout Modiano, déjà, dans le titre : perdes quartier, et le tu qui s’adresse à un petit enfant, et donc à la mémoire. Entre chien et loup, toujours. Tout Modiano dans ce petit livre, qui contient peut-être tous les autres, sans lasser, sans aucun ressenti de répétition. Rien ou presque, pourtant, de réellement nouveau dans cette lente promenade entre Paris et les forêts proches, à la quête, mine de rien, du fondamental, sous des apparences faussement dilettantes, discrètes et si peu appuyées : un effeuillé, très parfumé, de mémoire disparue. Rien, quoique… plutôt, une fenêtre, encore, sur ce voyage à l’intérieur de soi, et, forcément, pas la même ouverture – pas exactement – que dans ses autres livres : « cette période de sa vie avait fini par apparaître à travers une vitre dépolie. Elle laissait filtrer une vague clarté mais on ne distinguait pas les visages, ni même les silhouettes ».

Une structure « Modianesque » : l’adulte déjà avancé en âge, qui se retourne – une rue, une enseigne de boutique, un nom dans un article ou au téléphone, une silhouette… et, aussitôt, le flot remontant du passé – d’un bout, du moins. Surgissement d’un ailleurs de soi, enfoui, et d’un coup, mis en pleine lumière. Il y a dans les personnages de Modiano, et dans celui-ci, de l’archéologue et sa fine truelle, de ses doutes et de l’infini déroulé de ses hypothèses, aussi.

La loi sauvage, Nathalie Kuperman

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Samedi, 22 Novembre 2014. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, Livres décortiqués, La Une Livres, Roman

La loi sauvage, août 2014, 208 pages, 17,90 € . Ecrivain(s): Nathalie Kuperman Edition: Gallimard

 

Un matin d’octobre, une phrase prononcée par une femme à l’encontre de la fille de l’héroïne du roman et narratrice du récit déclenche une bombe à retardement. Votre fille, c’est une catastrophe. Voici ce qu’annonce l’institutrice à la mère, croisée dans la rue un mardi matin. Cette « sentence » va entraîner chez la mère un travail intense d’introspection. Vont se bousculer dans sa tête une foule de réflexions sur ses relations avec sa fille, avec son métier, avec les autres, avec sa vie.  De façon inattendue, ce sera l’occasion d’un retour sur sa propre histoire, sa propre enfance.

La mère, personnage central du roman, veut comprendre et se comprendre. La loi sauvage de Nathalie Kuperman déroule pour le lecteur le récit de cette quête intime et éminemment politique.

On se déplace peu dans ce roman. Pas de longues randonnées sauf intérieures. On arpente la rue qui conduit à l’école, parfois on fait une halte. Café pour se doper, cigarette pour se protéger par un écran de fumée. Terrasse pour reculer le moment de la confrontation avec la sorcière. On pénètre à peine dans la salle de classe, la plupart du temps on l’imagine. Sauf nécessité, la mère et la fille restent enfermées de longues heures dans l’appartement qui leur sert de cocon protecteur.

Le ravissement des innocents, Taiye Selasi

Ecrit par Theo Ananissoh , le Jeudi, 13 Novembre 2014. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Roman

Le ravissement des innocents, traduction de l'anglais de Sylvie Schneider, septembre 2014, 366 pages, 21,90 € . Ecrivain(s): Taiye Selasi Edition: Gallimard

 

Ce roman est un avènement. Et il est simplement logique que cela soit produit par un anglophone – une (et jeune – 35 ans), en l’occurrence.

 

« Le mari de la sœur, dont le prénom échappe toujours à Olu (aussi banal que Brian ou Tim, un Californien, cheveux, teint et pantalon clairs), s’esclaffa et demanda : “De quelle origine ?

– L’Empire, répondit Folá, sans cesser de glousser. Le Britannique”.

Brian/Tim rit, Ling et Lee-Ann aussi. Le docteur Wei et Mme Wei se crispèrent, Olu aussi. Il scruta le ciel. Début juin. “Quelle chaleur !” ».