Identification

Gallimard

Les éditions Gallimard, appelées jusqu’en 1919 les éditions de la Nouvelle Revue française et jusqu’en 1961 la librairie Gallimard, sont ungroupe d'édition français. La maison d'édition a été fondée par Gaston Gallimard en 1911. Le groupe Gallimard est actuellement dirigé par Antoine Gallimard. Considérée comme l'une des plus importantes et influentes maisons d'édition en France, notamment pour la littérature du xxe siècle et contemporaine, Gallimard possède en 2011 un catalogue constitué de 35 prix Goncourt, 36 écrivains ayant reçu le prix Nobel de littérature, et 10 écrivains récompensés du prix Pulitzer.


La vie privée, Olivier Steiner

Ecrit par Arnaud Genon , le Mardi, 08 Avril 2014. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, L'Arpenteur (Gallimard)

La vie privée, mars 2014, 160 pages, 13,90 € . Ecrivain(s): Olivier Steiner Edition: L'Arpenteur (Gallimard)

 

Le corps et l’esprit


Au début, il y a la mort, il y a un mort. Au premier étage d’une maison de bord de mer, gît Emile. Un vieil homme duquel le narrateur, Olivier, s’est occupé pendant 3 ou 4 ans. Il avait besoin d’un toit. Emile était malade, âgé, il tombait, il avait besoin qu’on le relève… L’un a sauvé l’autre qui n’est pas celui qu’on croit : « Le prodige est qu’en le relevant je me redressais », note le narrateur. Il y a donc un corps, ce corps sur lequel la mort opère son travail : il se refroidit, se raidit, au son d’une sonate de Schubert. Il n’y a que ce corps car Emile, la veille déjà, s’en était détaché : il « regardait le plafond, comme si tout ce qui avait un rapport avec son corps ne l’intéressait plus, ne le concernait plus ». Mais Olivier n’avertit personne. Il attend, au rez-de-chaussée. Un homme. Un autre.

L’étendue musicale, Marcelin Pleynet

Ecrit par Philippe Chauché , le Mercredi, 02 Avril 2014. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits

L’étendue musicale, Gallimard, L’Infini, février 2014, 120 pages, 14,90 € . Ecrivain(s): Marcelin Pleynet Edition: Gallimard

 

« A Venise la circonférence est partout et le centre nulle part…

Ma vie comme un roman dont la circonférence est partout et le centre nulle part… »

Marcelin Pleynet écrit comme Cézanne peignait, sur le motif. Ici, comme depuis longtemps, c’est Venise. Une île musicale pour une idée de roman musical. Loin, si loin, de toute imagerie bavarde, chichiteuse et larmoyante, loin de l’imaginaire de sa disparition annoncée dans les eaux de la lagune, loin de ses masques et de ses poses, de ses écrivains dépressifs et de ses cinéastes laborieux et poudrés. On est à mille années lumières de Mort à Venise et ses fantômes souffreteux, littéralement au cœur du mouvement de la ville, d’un mouvement poétique et musical, où s’invitent écrivains, musiciens, peintres et architectes. C’est Vie à Venise ou plus harmonieusement Vies à Venise, le pluriel est ici capital. Dans son Dictionnaire amoureux de Venise, Philippe Sollers met en avant l’éloge prononcé pour la consécration du Doge sérénissime de Venise, Luigi Mocenigo, le 23 août 1570, autrement dit aujourd’hui, par Luigi Grotto Cieco d’Hadria : « … qui ne la contemple est indigne de la lumière, qui ne l’admire est indigne de l’esprit, qui ne l’honore est indigne de l’honneur… », on ne saurait mieux dire !

Les instants les éclairs, Jacqueline Risset

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 28 Mars 2014. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits

Les instants les éclairs, janvier 2014, 192 pages, 16,90 € . Ecrivain(s): Jacqueline Risset Edition: Gallimard

 

« A présent le soleil darde (c’est le mot : dard de guêpe) à travers le feuillage de l’olivier – sa lumière aiguë, qui fait que si je le regarde en me croyant protégée par les feuilles en nuage de l’arbre, je reporte sur cette page une infinité de taches qu’il m’impose, et je vois en face, dans le jardin, les coussins de la balancelle flamber de joie dans l’orange, et le bord de ma jambe briller et se tracer comme un trait vainqueur. Ah vive lui, vive l’astre, et vive la merveille, tant qu’elle existe, tant que nous existons ! »

Coïncidence du temps : je vois Jacqueline Risset prenant au vol ces instants, ces éclairs de vie, dans son filet à papillons. Image superposée à celle de Vladimir Nabokov (écrivain des éclairs), même légèreté, même justesse dans le choix des mots, des images, des situations, même sourire à la vie avec par instant un certain tressaillement. Sourire à la vie et à ses songes pour sourire à la littérature, des instants et des éclairs dont elle fait son miel. Les instants, les éclairs, les rêves et les amours de l’auteur pris dans les mailles fines de son écriture, dont le battement d’ailes annonce le printemps.

Sigmaringen, Pierre Assouline

Ecrit par Martine L. Petauton , le Mercredi, 19 Mars 2014. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Sigmaringen, Janvier 2014, 350 pages, 21 € . Ecrivain(s): Pierre Assouline Edition: Gallimard

 

 

Nervosité d’une écriture précise, descriptions affinées ; attaques des dialogues, sens d’un restitué – loin des clichés – propre à amarrer l’Histoire au plus profond de nous… Réussi de bout en bout, dans le souffle qu’il faut, ce Sigmaringen, un des livres majeurs de ce début d ’année.

« Décor en trompe-l’œil… où nous avions tous joué la comédie des apparences. La représentation de “Vichy sur Danube”, une comédie tragique et bouffonne »… Sigmaringen, un lieu – Allemagne du sud ; une brèche, un appendice, dans l’Histoire de la Seconde Guerre mondiale. On connaît ce refuge installé dans le vieux château des Hohenzollern ; nid d’aigle au-dessus des derniers bruits de la guerre, où le régime Hitlérien serra les gouvernants de Vichy – pêle-mêle, et le peuple fourre-tout des collaborateurs en déroute. On a beaucoup lu – Histoire ou romans ; mémoires aussi, sur ces quelques mois quasi immobiles au-dessus du vide. « Principale activité au château, tuer le temps ».

Trahisons, suivi de Hot-House, Un pour la route, Harold Pinter

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Jeudi, 13 Mars 2014. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Théâtre

Trahisons, suivi de Hot-House, Un pour la route, et autres pièces, adaptation française d’Éric Kahane, 277 p. 21,50 € . Ecrivain(s): Harold Pinter Edition: Gallimard

 

Dans ce recueil de pièces, l’on retiendra surtout Une sorte d’Alaska (A Kind of Alaska). Cette courte pièce fait partie de la trilogie Other Places (avec Victoria Station et One for the Road) créée au National Theatre de Londres (en 1982) et reprise en 1985 au Duchess Theatre. Ce n’est que deux ans plus tard que la trilogie sera créée en français, et ce au Festival d’Avignon de 1987, par la Comédie-Française.

Pour l’écriture d’Une sorte d’Alaska, Pinter s’est inspiré de Awakenings (Éveils) du docteur Oliver Sacks, ouvrage publié à Londres en 1973. Ce qui a percuté la toile de son attention au point que les remous prononcés sur le tissu soient suffisamment durables pour qu’ils donnent son impulsion et son cours à une pièce, c’est tout ce qui concerne les effets sur l’organisme de l’encephalitis lethargica, variété rare d’encéphalite virale communément désignée sous le nom de « maladie du sommeil européenne » (même si Pinter semble également s’être inspiré de ce mal qui caressa de son manteau d’ombre et de froid la littérature de la fin du dix-neuvième siècle, à savoir la catalepsie).