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Ecriture

La robe panthère (par Jeanne Ferron-Veillard)

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Vendredi, 18 Novembre 2022. , dans Ecriture, La Une CED, Récits

 

Amis Français d’ici ou d’ailleurs, good morning ! Marcella a une boutique de vêtements située sur Lincoln Road, à Miami Beach, et pas seulement une boutique. Deux étages dont un consacré aux hommes qui veulent porter des robes dos nu, également un espace dédié aux Arts. Ici, vous n’achèterez pas un vêtement, vous le rencontrerez. Ici, vous écouterez un auteur, une coupe de champagne à la main, en portant un habit qui vous définira bien davantage que tous ceux qui prétendent vous connaître. Marcella est élancée, elle est généreuse, elle est fantasque. Elle est sensible, voire un peu trop, à la lumière et aux inconnus. Elle est fragile comme toutes ces femmes qui collectionnent les adjectifs. Elle fut hippie, elle fut riche, elle fut sacrée Miss Colombie. Des cheveux blonds à la Jayne Mansfield qui, paraît-il était chauve sous sa perruque, interminables à l’instar de sa carrière de mannequin. Marcella fut une des plus belles femmes au monde. Modèle dès l’âge de dix ans en Colombie, il faut dire que ses parents l’étaient, des dieux tombés du Pic Cristobal Colon.

La compétition, Mário Araújo traduit du portugais (Brésil) par Stéphane Chao

, le Jeudi, 10 Novembre 2022. , dans Ecriture, Nouvelles, La Une CED, Langue portugaise

 

C’est son père qui donna le départ, imitant avec sa voix la détonation d’un révolver. D’entrée, le petit fut distancé, alors qu’elle et son père, au coude à coude, propulsaient en avant leurs jambes, elle moulinant à un rythme incroyablement rapide pour compenser les foulées beaucoup plus longues de son père. Le petit avait été distancé avant tout parce que, mi-anxieux, mi-distrait, il était resté sur place quelques secondes de plus avant de réagir au signal de départ.

Sa tête à elle arrivait juste au-dessus de la taille de son père, mais la vérité est qu’à cet instant, elle le voyait à peine, tant elle était concentrée sur sa propre course. Elle sentait seulement sa présence à ses côtés, une forme sombre et compacte, de haute taille, revêtue d’un pantalon, qu’il n’enlevait jamais. Elle était un peu agacée par le fait que son père n’avait pas besoin d’accomplir autant de mouvements qu’elle. Il avait l’air d’être en suspens dans les airs et malgré tout, il paraissait imbattable. On aurait dit qu’il était entraîné dans son sillage par les moulinets que faisaient ses jambes, deux véritables hélices qui attiraient tout ce qu’il y avait autour d’elle, tels des aimants.

Don’t shoot in the air (par Jeanne Ferron-Veillard)

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Mardi, 25 Octobre 2022. , dans Ecriture, La Une CED, Récits

 

Amis Français d’ici ou d’ailleurs, good morning ! Si le chien est le meilleur ami de l’homme, l’homme n’est pas le meilleur ami du chien, à Mayami. L’enfer est pavé de bonnes intentions c’est bien connu, enfer ou paradis, à vous d’en juger. Ici, le pavé est rare, le pavé est propre, le maître est discipliné, il ramasse derrière vous. Vous, c’est le chien mais attention, choisissez bien votre famille. Car plus elle est fortunée, plus vous allez en baver !

Premièrement, il vous faudra accepter les colorations violette, rose, jaune ou bleue, façon Art Déco surtout si vous avez le poil court, fin et frisé. Pour le reste, vous devriez apprécier à peu près tous les plaisirs de l’existence, canine… quoique. Il va de soi que si vous êtes un berger allemand ou un husky, bref un gros chien à poil long, vous allez souffrir. L’imaginaire génétique n’a ici pas de limites, idem côté accessoires. Laisses à paillettes avec mention walk with style, collier étrangleur, harnais façon Disco pour paramétrer vos itinéraires.

Good morning ! (par Jeanne Ferron-Veillard)

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Mardi, 11 Octobre 2022. , dans Ecriture, Nouvelles, La Une CED

 

Amis Français d’ici ou d’ailleurs, good morning ! nous allons faire un petit jeu. Imaginez que vous vivez aux États-Unis, par exemple à Mayami. Vous avez un avion à prendre pour des raisons professionnelles, imaginez que vous avez ce type de travail, dématérialisé, vous zoomez du matin au soir, Teams ou Face time selon la marque de votre ordinateur, bref, vous avez un avion à prendre et vous travaillez à distance. Pour la ville de votre déplacement, vous choisissez. Cinq jours sur place, des rendez-vous, des déjeuners au restaurant, une petite sortie culturelle, deux soirées inavouables dans deux bars à la mode, un petit mal aux cheveux le lendemain matin, vous repartez dans l’autre sens, vous rentrez chez vous, rappelez-vous, vous vivez à Mayami. L’aéroport donc, le hall d’arrivée, vous commandez depuis votre téléphone (autant de technologie embarquée que dans une fusée), un Uber, non un Lyft, c’est moins cher. En attendant, vous jouez aux petites voitures sur votre écran, bien sûr tout ça n’est pas gratuit, trente-deux dollars et ça, c’est juste pour rentrer chez vous.

Le calligraphe des Sables, Mustapha Saha

Ecrit par Mustapha Saha , le Mardi, 06 Septembre 2022. , dans Ecriture, Création poétique, La Une CED

Le calligraphe des Sables, Mustapha Saha, Les Éditions Orion, 2021, 100 pages, 12 €

 

Le temps des barricades

 

Rappelle-toi Clara la cachette stressante

Où nos corps éprouvés par les coups de matraque

S’aimantèrent sans bruit jusqu’à l’aube naissante

Pendant que rugissaient les griffons de la traque

 

Mon mouchoir imprégné d’une odeur de manille

Comme unique parade aux gaz lacrymogènes

Ton haleine embaumée d’un nectar de vanille

Où mon souffle puisait ses bulles d’oxygène