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Critiques

Faut que tu viennes, Pascal Thiriet

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Jeudi, 28 Août 2014. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Jigal

Faut que tu viennes, mai 2014, 264 pages, 18,50 € . Ecrivain(s): Pascal Thiriet Edition: Jigal

 

Pascal Thiriet est un récidiviste et dans le monde du polar, cela risque de lui coûter une longue peine d’années d’écriture. Après J’ai fait comme elle a dit publié en 2013, voici Faut que tu viennes, des titres qui résument parfaitement l’ambiance si particulière de l’univers romanesque de l’auteur. La « recette » Thiriet contient une liste d’ingrédients dosés avec le doigté et le savoir-faire d’un grand chef : une intrigue suffisamment nébuleuse pour ne servir que de toile de fond à la mise en scène de « héros » qui mériteraient plutôt le préfixe « anti » ; femmes « Alpha » exerçant sur leurs meutes un pouvoir quasiment absolu, mâles soumis qui tentent de laper les miettes de ce qu’elles veulent bien leur laisser d’autonomie au milieu d’une foule de personnages toqués, de pieds nickelés et de pourris (de préférence des nantis). Une forte dose d’humour vient rehausser le mélange dont le piquant est aussitôt équilibré par une grande louche de tendresse.

Les Falaises de Wangsisina, Pavan K. Varma

Ecrit par Cathy Garcia , le Jeudi, 28 Août 2014. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Asie, Roman, Actes Sud

Les Falaises de Wangsisina, traduit de l’anglais (Inde) par Sophie Bastide-Foltz, mars 2014, 240 p. 21 € . Ecrivain(s): Pavan K. Varma Edition: Actes Sud

 

« Resserre ton monde et regarde comme il s’étend

Un œil plein de ciel, un monde dans tes bras »

Nida Fazli

 

Voici un roman rafraîchissant, profond, drôle, d’une haute teneur en vitamines spirituelles, dans la trame duquel viennent très naturellement s’insérer des fragments de ghazal, la poésie indienne :

Ce que nous appelons le monde est un jouet magique :

Un tas de sable quand on l’a, une pièce d’or quand on le perd

Un roman qui propose sans avoir l’air un enseignement précieux, imprégné de sagesse hindoue et de philosophie bouddhiste, en équilibre sur le fil fragile entre dukkha, la tristesse, et ananda, la joie.

Dans la chambre obscure, R. K. Narayan

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 27 Août 2014. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Asie, Roman, La rentrée littéraire, Zulma

Dans la chambre obscure, traduit de l’anglais (Inde) par Anne-Cécile Padoux, 28 août 2014, 186 pages, 8,95 € . Ecrivain(s): R. K. Narayan Edition: Zulma

 

 

Le hasard du calendrier éditorial permet parfois de bien heureuses correspondances.

Lire Dans la chambre obscure de Narayan quelques semaines après avoir savouré Kumudini de Rabindranath Tagore est une coïncidence plaisante dont il faut remercier les éditions Zulma.

Savitri, l’héroïne de ce roman, est, comme Kumudini, une épouse indienne qui subit douloureusement les contraintes de la tradition socio-culturelle locale de totale soumission au mari et qui est tenue de souffrir sans broncher les moindres fantaisies de son « maître ».

La mise en relation de ces deux héroïnes offre au lecteur deux visions différentes et complémentaires, sur une thématique assez similaire, de la condition de la femme indienne dans la première moitié du 20e siècle (le roman de Tagore est paru en 1929, celui de Narayan en 1938).

Viva, Patrick Deville

Ecrit par Philippe Chauché , le Mardi, 26 Août 2014. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Seuil

Viva, août 2014, 208 pages, 17,50 € . Ecrivain(s): Patrick Deville Edition: Seuil

 

« Tout commence et tout finit par le bruit que font ici les piqueurs de rouille. Capitaines et armateurs redoutent de laisser désœuvrés les marins à quai. Alors le pic et le pot de minium et le pinceau. Le paysage portuaire est celui d’un film de John Huston, Le Trésor de la Sierra Madre, grues et barges, mâts de charge et derricks, palmiers et crocodiles ».

Patrick Deville, écrivain voyageur et voyageur écrivain, ordonne en astrophysicien la constellation de Viva. Dans le ciel du romancier, Trotsky, Malcom Lowry, mais aussi Cravan, Frida Calo, Diego Rivera, Artaud, André Breton, des assassins et des révolutionnaires, des amoureux, des tavernes, un volcan, des villes mexicaines et mille étoiles scintillantes. Tout l’art de l’écrivain est d’ordonner leurs rencontres, leurs rêves et leurs défis. Comme un marin sans désœuvrement, il pique l’Histoire de son crayon, pour en éliminer la rouille, ce poison qui la dévore au fil du temps : les falsificateurs, les mauvais écrivains, les historiens frileux et les lecteurs pressés. L’or apparaît alors, pur et mystérieux comme un volcan d’où se détachent par éclairs la figure brisée d’un écrivain révolutionnaire et celle d’un révolutionnaire écrivain assassiné.

Notre quelque part, Nii Ayikwei Parkes

Ecrit par Cathy Garcia , le Mardi, 26 Août 2014. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Afrique, Roman, Zulma

Notre quelque part, février 2014, traduit de l’anglais (Ghana) par Sika Fakambi, 304 p. 21 € . Ecrivain(s): Nii Ayikwei Parkes Edition: Zulma

 

Kayo Odamtten est un jeune médecin légiste qui a fait ses études à Londres et qui vient de retourner au pays, c’est-à-dire au Ghana. Sa candidature n’a pas été retenue par les services de police, aussi il travaille sans grand enthousiasme comme manager dans un laboratoire d’analyse biochimique et vit chez ses parents, à Accra, la capitale, tout en espérant mieux, malgré un contexte difficile pour exercer dans son pays.

Pendant ce temps, de mystérieux restes humains sont retrouvés dans la case de Kofi Atta, un cultivateur de cacao à Sonokrom. Le légisse, comme le nomment les villageois, n’a pas su déterminer de quoi il s’agissait réellement : « ça pourrait être n’importe quoi. Personnellement, je pencherais plutôt pour de la matière placentaire, mais en même temps ça me paraît un peu trop gros pour que ce soit ça ». Sonokrom est un petit village situé à quelques heures d’Accra qui sert de rendez-vous discret pour le ministre du Développement des routes et autoroutes avec sa jeune maîtresse, originaire de Tafo, proche de Sonokrom. C’est justement parce que c’est cette fille qui, alertée par l’odeur alors qu’elle poursuivait un oiseau à tête bleue, a découvert ces restes humains dans la case, que Kayo va être recruté de façon plutôt inhabituelle par l’inspecteur principal Donkor.