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Critiques

La Vampire, ou la Vierge de Hongrie (1825), Étienne-Léon de Lamothe-Langon

Ecrit par Ivanne Rialland , le Lundi, 21 Mars 2016. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman

La Vampire, ou la Vierge de Hongrie (1825), édition présentée et annotée par Florian Balduc, Librairie d’Otrante, coll. Méduséenne, janvier 2016, 228 pages, 30 € . Ecrivain(s): Étienne-Léon de Lamothe-Langon

 

Avec La Vampire, ou la Vierge de Hongrie, la Librairie d’Otrante de Florian Balduc nous promet « la première morte amoureuse et la première véritable femme vampire de la littérature française ». Les éditions du savant libraire poursuivent ainsi par ce roman leur exploration du romantisme noir européen et de ses sources. Le premier volume de la « collection méduséenne » proposait par exemple une anthologie de treize nouvelles qui, sous le titre Colliers de velours, parcours d’un récit vampirisé, suivait déjà les avatars de la figure de la morte amoureuse.

Le roman de Lamothe-Langon, daté de 1825, est accompagné de deux textes assez brefs de Florian Balduc – l’un insistant sur l’antériorité du texte de Lamothe-Langon par rapport à la Morte amoureuse de Gautier, l’autre donnant des éléments historiques sur la « peste vampirique » – d’une étude de Valery Rion sur la beauté méduséenne de l’héroïne, et d’un extrait de l’ouvrage d’Emily Gerard, The Land beyond the Forest, paru en 1888. Les travaux de cette dernière sur le folklore de Transylvanie auraient inspiré Bram Stoker, qui y aurait notamment trouvé le terme nosferatu.

Un humour impossible, Christine Anglot

Ecrit par Arnaud Genon , le Lundi, 21 Mars 2016. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres

Un humour impossible, Christine Anglot, Onlit éditions, mars 2016, 64 pages, 8 € (978-2-87560-072-1)

 

Parodie de parodie…

Un amour impossible (1), le dernier roman de Christine Angot, avait, comme la majorité de ses textes précédents, divisé la critique. D’un côté, ceux qui trouvent qu’il est haïssable d’exposer ainsi le « moi », qu’il est condamnable d’écrire l’intime, que le « je » ne peut se réduire qu’à lui-même et qu’il est donc vain de le penser, de le déplier, de tenter de le saisir dans sa complexité, sa relation aux autres, dans le regard qu’il porte sur autrui. Le « je » ne serait par définition qu’une manifestation du narcissisme et du nombrilisme de quiconque en fait l’usage en son nom propre… De l’autre, ceux qui croient en la vertu du « je », en sa capacité à se dépasser, à raconter des histoires qui vont au-delà du « moi » car, selon la formule de Montaigne, « Chaque homme porte la forme entière de l’humaine condition ». Ils pensent que le « je » est par nature le ressort de toute création, qu’il est courageux de l’exposer, d’autant plus quand il ne cherche pas à se complaire dans l’image qu’il renvoie de lui-même. « Ah ! insensé, qui crois que je ne suis pas toi ! (2) ». On pourrait dire qu’il y a dans la présentation de ce débat une once de caricature… On comprendra, à la lecture de Un humour impossible, que l’on n’est pas à une caricature près…

Juste ciel, Éric Chevillard

Ecrit par Marie-Josée Desvignes , le Samedi, 19 Mars 2016. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Les éditions de Minuit

Juste ciel, mars 2015, 141 pages, 13,50 € . Ecrivain(s): Éric Chevillard Edition: Les éditions de Minuit

 

Il s’appelle Albert Moindre. Déjà par son patronyme « restrictif », il est un peu le symbole de monsieur-tout-le-monde, à peine un peu plus important que vous et moi puisqu’il est quand même le personnage central du dernier roman d’Éric Chevillard.

Coincé dans l’entre-deux-mondes, peut-être au Purgatoire, tout simplement mort mais capable de nous raconter par l’intermédiaire de l’auteur ce qui se passe depuis le ciel. Albert Moindre est bien mort. Le voilà dans ce lieu improbable entouré de gens qui s’appellent tous Albert, ont tous la cinquantaine, sont tous myopes, très passionnés de violon, tous morts sur la route dans les mêmes circonstances, c’est-à-dire comme lui, écrasés par une fourgonnette. Le ton est donné, les élucubrations sur les questions de l’après-mort rendues par un écrivain à l’imagination débordante vont nous entraîner dans des délires parfois hilarants. On prend bien quelques fous-rires dans une suite de réparties toutes aussi inattendues les unes que les autres.

Une Histoire du Monde en 10 Chapitres ½, Julian Barnes

Ecrit par Didier Smal , le Samedi, 19 Mars 2016. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Iles britanniques, Roman, Folio (Gallimard)

Une Histoire du Monde en 10 Chapitres ½, trad. anglais Michel Courtois-Fourcy, 528 pages, 8,50 € . Ecrivain(s): Julian Barnes Edition: Folio (Gallimard)

 

Pendant quelques années, Une Histoire du Monde en 10 chapitres et ½ (1989), le cinquième roman de l’auteur anglais Julian Barnes (1946) n’a plus été disponible en français ; pour qui en avait fait un livre culte, chaque exemplaire trouvé en bouquinerie était à acheter et offrir, tant il paraissait injuste que tout le monde ne puisse pas profiter de ce festival narratif. Puis un beau jour, on s’aperçoit que les éditions Gallimard l’ont réédité dans leur collection Folio, et on s’en réjouit jusqu’à mettre la main sur un exemplaire : outre que la couverture n’a plus aucun rapport au roman, contrairement à celle de chez Stock et, ensuite, au Livre de Poche, qui s’ornait d’une reproduction du Radeau de la Méduse, ce même tableau n’est plus reproduit en couleurs sur papier glacé encarté, mais bien en noir et blanc, aux pages 210 et 211 du livre. Ce n’est qu’un détail au regard du texte, mais on y perd quand même en élégance éditoriale. Celle-ci perd d’ailleurs encore des plumes lorsqu’on commence à trouver des coquilles liées à une mauvaise relecture (« ondes » à la place de « oncles », « dub » à la place de « club »…). On pinaille, on pinaille, mais bon, tant qu’à faire rendre disponible un texte, autant le faire avec classe.

Journaux de bord (1947-1954), Jack Kerouac

Ecrit par Marc Michiels (Le Mot et la Chose) , le Vendredi, 18 Mars 2016. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, USA, Récits, Gallimard, Voyages

Journaux de bord (1947-1954), édition de Douglas Brinkley, trad. anglais (USA) Pierre Guglielmina, novembre 2015, 592 pages, 29,50 € . Ecrivain(s): Jack Kerouac Edition: Gallimard

 

« À vouloir croire la conscience de la vie et de l’éternité n’est pas une erreur, ou le fruit d’un isolement… – mais d’un amour ardent et précieux de notre pauvre condition qui, par la grâce de Dieu de Mystère, sera résolu et éclairé pour nous tous à la fin seulement, peut-être…

Sans quoi je ne peux plus vivre ».

 

Les Journaux de bord de Jack Kerouac, écrits sur une série de cahiers, sont les négatifs d’un voyage qui permet à son auteur de rester en contact avec toutes les choses, les êtres qu’il croise pendant son chemin. D’approfondir les mondes du possible dans l’obstination d’un travail quotidien, avec pour seule tentation la maîtrise de sa propre vanité.