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Critiques

M Train, Patti Smith

Ecrit par Marc Michiels (Le Mot et la Chose) , le Vendredi, 20 Mai 2016. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, USA, Récits, Gallimard

M Train, avril 2016, trad. anglais (USA) Nicolas Richard, 272 pages, 53 ill., 19,50 € . Ecrivain(s): Patti Smith Edition: Gallimard

« Ce n’est pas si facile d’écrire sur rien »

 

Le silence, la tranquillité de l’esprit se font immédiatement à la lecture du livre de Patti Smith, M Train, enfin paru en français aux éditions Gallimard. Merci Patti pour le voyage, le paysage, le regard par une fenêtre d’un wagon-restaurant, avec des amis buvant du saké, son mari, toujours avec un livre sur la table, un appareil photo Polaroid en bandoulière. Images d’une vie, longue, douloureuse parfois, mais combative, forcenée, et finalement Patti est toujours là, nulle part et partout…

Les différents tableaux défilant ont la valeur de ses innombrables décalages horaires, c’est-à-dire décalés et hors du temps : « ni passé ni futur mais seulement un perpétuel présent qui contient cette trinité du souvenir… Comme une pelote de fil en mouvement ». L’écrivain, en chef d’orchestre, sait trouver dans le détail, la mise en forme d’une narration subjective à partir d’une chronologie asymétrique, en fixant son récit par la beauté des images ; sous le regard des disparus, par des textes et photographies confondus, comme une légende visuelle à l’imaginaire, comme une fenêtre somnambulique aux mots.

Soleil noir, Armèle Malavallon

Ecrit par Marc Ossorguine , le Vendredi, 20 Mai 2016. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman

Soleil noir, éd. Les Nouveaux Auteurs, février 2015, 323 pages, 19,95 € . Ecrivain(s): Armèle Malavallon

 

 

Une bonne façon de faire disparaître un corps humain, lorsque l’on a besoin de s’en débarrasser sans laisser de trace, peut consister à le brûler. Mais cela prend du temps car un corps, c’est bien connu, cela ne brûle pas tout seul. Cela ne brûle pas tout seul ? Pas si sûr ! Des fois ça brûle sans que l’on sache pourquoi. Combustion spontanée, dit-on. Surtout combustion inexplicable. La chose est rare, voire rarissime, mais pas unique, et l’énigme de ces corps calcinés reste entière dans les annales, ce depuis quelques siècles déjà.

Mais un événement inexplicable une fois, ça va. Quand il y en a un deuxième et un troisième dans la même ville à quelques jours d’intervalle… la croyance dans l’inexplicable ne suffit vraiment plus ! L’inexplicable est forcément explicable et les soi-disant lois des séries ne peuvent être que celles d’un tueur, d’un assassin qui doit bien avoir un mobile.

Débordements, sombres histoires de football 1938-2016, Olivier Villepreux, Samy Mouhoubi & Frédéric Bernard

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 19 Mai 2016. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Histoire, Anamosa

Débordements, sombres histoires de football 1938-2016, avril 2016. 270 p. 17,50€ . Ecrivain(s): Olivier Villepreux, Samy Mouhoubi & Frédéric Bernard Edition: Anamosa

 

13 histoires. Au football on aurait pu penser 11 mais les auteurs de ce livre ont dû y ajouter l’arbitre et le public, qui jouent un rôle souvent capital et dans le jeu et dans les « sombres » histoires qui constituent ce recueil. Sombres est le moins qui se puisse dire de la plupart des récits rapportés ici. Certains très connus de tous (au moins par ouïe-dire, comme le « Calciopoli » (*1) de 2006 qui vaudra à La Juventus de Turin – et à d’autres clubs italiens – des sanctions graves et le purgatoire de la relégation). D’autres bien connues des footeux seuls, comme les magouilles autour de la coupe du monde 1978 en Argentine, où le gouvernement putschiste de Videla n’entendait pas que « sa » coupe échappe aux Albicélestes(*2). Et d’autres enfin, méconnues de tous (ou presque) comme la trajectoire brillante et funeste du joueur soviétique Eduard Streltsov, ou la sinistre histoire d’Alexandre Villaplana, premier capitaine d’une équipe de France sélectionnée en coupe du monde (en Uruguay 1930), et qui finira fusillé pour collaboration avec l’ennemi :

Poèmes d’après suivi de La route de sel, Cécile A. Holdban

Ecrit par Marie-Josée Desvignes , le Jeudi, 19 Mai 2016. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Poésie, Arfuyen

Poèmes d’après suivi de La route de sel, avril 2016, 160 pages, 14 € . Ecrivain(s): Cécile A Holdban Edition: Arfuyen

 

Creuser la matière amour, chercher dans la nuit du monde l’essence sauvage de nos vies, atteindre à ces eaux frémissantes, l’espoir chevillé au cœur plein de « peut-être », quand le mystère du temps absorbe toutes les déchirures :

« Combien de passages

encore sur cette terre

combien de mues

combien de peaux

entassées dans l’amas

des feuilles mortes ? »

Carnet de notes, 2011-2015, Pierre Bergounioux

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mercredi, 18 Mai 2016. , dans Critiques, Les Livres, Livres décortiqués, Essais, La Une Livres, Verdier

Carnet de notes, 2011-2015, février 2016, 1216 pages, 38 € . Ecrivain(s): Pierre Bergounioux Edition: Verdier

 

Cinq ans de journal littéraire, Bergounioux

Avant-dire :

Faut-il aimer les diaristes, Léautaud (chaque fois je me repais de ces chroniques entre chats et Paris), Green (que loue un autre diariste proche, Lucien Noullez), pour faire de leur vie, exposée là, en petits éclats de réalité, la nôtre.

Pendant près de 1216 pages, hautes et copieuses, j’ai suivi la vie au quotidien du professeur des Beaux Arts de Paris, du romancier, du critique commentant tant de livres, du père et fils de famille, qui a pour les siens un souci de protection quasi maniaque, du sculpteur modelant des figures africaines dans des reliefs de tôles…

Depuis 1980, Pierre Bergounioux (né en 1949) tient son journal, dans des « Carnet de notes », tous les jours. Ce n’est pas pléonasme : véritablement tous les jours, même ceux de malaise (et ils sont nombreux), même ceux de fête et d’enterrement.