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Articles taggés avec: Leuckx Philippe

Casa Bianca, Jacques de Saint Victor (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Lundi, 26 Août 2019. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Récits, Roman, Editions des Equateurs

Casa Bianca, mai 2019, 398 pages, 23 € . Ecrivain(s): Jacques de Saint Victor Edition: Editions des Equateurs

 

Ce voyage romanesque (enfin mi-romanesque mi-récit) en Apulie profonde est sans doute l’idéale lecture d’été pour le lecteur féru de dépaysement comme de culture. Ici l’esprit, la joie de raconter, l’abord de personnages attachants, les Pouilles comme vous ne les avez jamais aussi bien perçues, l’intime relation à un « paese » profond, que l’on porte, chacune, chacun en soi : tout invite à une belle lecture, apaisée et féconde.

Jacques et Michela redécouvrent dans un beau petit patelin d’Apulie, à mi-distance de Lecce et de Tarento, un couvent en ruine qu’ils s’entêtent de restaurer, à tout prix ?

De Paris, où le couple a ses activités, Jacques est professeur d’histoire, animé de l’esprit de recherche, « républicain », aux Pouilles, c’est quitter une « terre » pour en cueillir une autre, c’est aussi affronter sa propre histoire : le Français vient en Apulie se mettre à l’ombre du passé de sa compagne : Michela a reçu de ses parents cette vieille bâtisse, et tout est à refaire, et tout est à recommencer : à l’aune de la vie.

L’Ennemie, Irène Némirovsky (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mercredi, 21 Août 2019. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Denoël

L’Ennemie, mai 2019, 162 pages, 16,90 € . Ecrivain(s): Irène Nemirovsky Edition: Denoël

 

Les Editions Denoël, en ce mai 19, rééditent un roman de 1928. Plus de quatre-vingt-dix ans après, cette œuvre n’a rien perdu de son acuité ni de son mordant psychologique. Jadis éditée sous le nom de Pierre Nerey (anagramme d’Yrène (sic, p.11), Némirovsky), l’œuvre, brève, égratigne avec talent le personnage d’une mère embourgeoisée qui se préoccupe plus de ses flirts que de ses deux filles.

Pour ceux qui ont apprécié Dimanche, Le Bal, Suite française, le roman de 1928 (la romancière n’a pas vingt-cinq ans) analyse subtilement les relations familiales. Gabri(elle) a l’œil déjà de l’adulte pour pointer les défauts de cuirasse de sa mère.

D’un couple désaccordé, les Bragance, on retient dans l’histoire davantage le personnage de Francine, « mère » si l’on peut dire de deux gamines, qu’elle laisse la plupart du temps à la surveillance d’une bonne, qu’elle confie à des préceptrices ; on est dans un milieu cossu où il importe de défendre autre chose que sa seule langue maternelle. On fréquente le Bois (de Boulogne), on sort beaucoup, et Francine, belle femme qui séduit, fréquente plus les essayages, les lieux de rencontres que le velours de ses salons. Michette et Gabri souffrent bien sûr d’un tel délaissement.

Sucre noir, Miguel Bonnefoy (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mardi, 09 Juillet 2019. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Rivages poche, Roman

Sucre noir, avril 2019, 192 pages, 7,50 € . Ecrivain(s): Miguel Bonnefoy Edition: Rivages poche

 

Mâtiné d’exotisme, d’âpreté et de plongée sociale, le roman du très jeune romancier français, aujourd’hui en résidence d’écriture à la Villa Médicis sur le Pincio romain, éblouit par son sens de la narration, son écriture très soignée et des personnages hauts en couleurs qui donnent chair à l’histoire.

En pays caribéen, la quête d’un trésor, perdu trois siècles plus tôt, celui abandonné par Henry Morgan, anime soudain la vie de Severo Bracamonte et de ses proches.

Dans un village, où étonnamment une vieille dame vient faire office chaque année en poussant une porte qu’elle ouvre et ferme seule, Severo, Serena Otero, sa femme, leur « fille » Eva Fuego fouillent les alentours pour découvrir ce « trésor » tant vanté.

La plantation des Bracamonte fournit le meilleur rhum de la région et elle s’épanouit au fil des années.

Désir d’Italie, Jean-Noël Schifano (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Lundi, 01 Juillet 2019. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Folio (Gallimard), Essais, Voyages

Désir d’Italie, janvier 2019, 544 pages, 10,80 € . Ecrivain(s): Jean-Noël Schifano Edition: Folio (Gallimard)

 

Dès la fin des années 60, de nombreux italianistes de renom ont permis au public francophone de prendre une bonne mesure de la fécondité de la production italienne. Contentons-nous de citer Michel Arnaud (traducteur de Pavese), Philippe Jaccottet (traducteur de Carlo Cassola et Giuseppe Ungaretti), Dominique Fernandez (professeur d’italien à l’Université de Haute-Bretagne), Georges Piroué, Nino Frank, René de Ceccatty, Danièle Sallenave (traductrice de Pasolini), Bertrand Visage (traducteur de Leonardo Sciascia), et Jean-Noël Schifano qui dès 1990 recueillit les nombreux articles, études et entretiens, nés de son extrême Désir d’Italie. On connaît le citoyen d’honneur de Naples – qui dirigea au « Grenoble » l’Institut culturel français. On connaît le traducteur de la Morante, d’Eco. On sait ses origines mi-italiennes mi-lyonnaises.

On connaît le romancier haut en couleurs, baroque, échevelé, pétri de culture et d’histoires « napolitaines » (ses Chroniques, trois volumes, regorgent d’histoires vraies sanglantes).

Connaît-on suffisamment l’essayiste, éruditissime ?

Cartes postales, Henry Jean-Marie Levet (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Lundi, 24 Juin 2019. , dans La Une Livres, La Table Ronde - La Petite Vermillon, Les Livres, Critiques, Poésie

Cartes postales, février 2019, 112 pages, 6,10 € . Ecrivain(s): Henry Jean-Marie Levet Edition: La Table Ronde - La Petite Vermillon

 

Auteur du dernier quart du XIXe, Levet, né en 1874, mort en 1906, fut un diplomate à l’étranger. Il découvrit nombre de terres orientales (Inde, Philippines…), africaines, et écrivit à leur sujet ces « Cartes postales ».

À Paris, il fréquente Fargue, Francis Jourdain, et est l’un des noctambules de la période symboliste, autour des cafés du quartier Latin et de Montmartre.

D’une œuvre, détruite par ses proches, entre autres des manuscrits et un roman, il nous reste à lire ces « poésies et chansons », parus du vivant de l’auteur dans Le Courrier français (1895, 1896), dans la Collection bibliophile de l’Aube (1897), dans La Vogue (mars 1900), dans La Grande France (avril et septembre 1902).

Un parcours fulgurant, juste contemporain d’un Jarry (1873-1907), avec, comme le souligne le préfacier Michel Bulteau, une belle évolution entre les poèmes de ses vingt ans, dignes d’un chansonnier acide, et ceux nés des « Cartes postales » postées de Biskra, La Plata, Nice, Nagasaki…