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Articles taggés avec: Leuckx Philippe

Proust Vermeer Rembrandt, Jean Pavans (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Lundi, 12 Novembre 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Arléa

Proust Vermeer Rembrandt, octobre 2018, 84 pages, 7 € . Ecrivain(s): Jean Pavans Edition: Arléa

 

Le spécialiste de Henry James consacre ici un petit livre à Proust et à sa manière de lier peinture et littérature.

Il paraît dans une collection précieuse et élégante, et la couverture occupée aux 2/3 par la reproduction de Vue de Delft, célébrissime tableau du grand Hollandais Vermeer, est une splendeur. De plus, chaque lettre qui compose les prénom et nom de l’auteur se voit gratifiée d’une couleur différente.

En tant que tel, le petit livre est composé de trois parties : un essai de Jean Pavans, La mort en sa peinture, la note de Proust axée sur Ruskin et Rembrandt et le fragment de La Prisonnière (ouvrage posthume, publié en 1923) relatant La mort de Bergotte.

L’essai de trente-trois pages mesure combien art – peinture, musique – et littérature ont une place de choix dans La Recherche. Bien avant Focillon, Proust s’est penché, avec Ruskin, qu’il a traduit et présenté, sur les liens complexes entre l’œuvre d’art et la propre lecture de soi.

Aperture du silence, Carole Carcillo Mesrobian (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mardi, 06 Novembre 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Aperture du silence, PhB éditions, juin 2018, 58 pages, 10 € . Ecrivain(s): Carole Carcillo Mesrobian

 

Dans une langue volontiers altière, mais non guindée, riche dans ses rythmes et son lexique, la poète n’écrit pas pour passer le temps mais cerner au plus près l’acte d’écrire. Chargée d’ellipses qui décontenancent et donc attisent l’intérêt du lecteur, cette poésie joue aussi d’une densité bienvenue qui ne va jamais fleureter avec un minimalisme desséchant :

La nuit jamais ne t’apprivoise

Elle est sauvage comme aucune bête

La solitude est son habit comme au fauve (p.16)

 

Ou

La pluie à Rethel, Jean-Claude Pirotte (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Lundi, 29 Octobre 2018. , dans La Une Livres, La Table Ronde - La Petite Vermillon, Les Livres, Critiques, Récits

La pluie à Rethel, septembre 2018, 176 pages, 7,30 € . Ecrivain(s): Jean-Claude Pirotte Edition: La Table Ronde - La Petite Vermillon

 

Publié la première fois en 1981, aux éditions Luneau Ascot, le récit de Pirotte mêle, dans un délicieux amalgame, le roman d’un écrivain se regardant écrire, et les aventures autobiographiques de l’auteur, jouant des deux registres pour mener par le bout du nez son lecteur.

Le titre, qui s’éclaire à la page 78, restitue certes un climat, une atmosphère, celle d’une petite ville de province aussi stérile pour le narrateur que ce qu’il semble relater, mais aurait pu donner « L’homme qui se souvient écrit ».

Jean, Jan par le passé hollandais, arrivé à Rethel et au moment de sa vie où il pense devoir sacrifier à la mémoire, surtout amoureuse, et latéralement amicale et soulographique. Les prénoms féminins, Mina, Virginia, Mara, les trois C. ponctuent un parcours circonstancié : les canaux, les bords de mer de la Gueldre, les berges d’Amsterdam, qui ménage aussi des étapes plus anciennes encore quand le narrateur, déjà épris de voyages et de baguenaudes, menait à 15-16 ans des jours de « fraude ».

Fièvre des polders, Henri Calet (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 26 Octobre 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Gallimard

Fièvre des polders, novembre 2017, 200 pages, 7,50 € . Ecrivain(s): Henri Calet Edition: Gallimard

 

Troisième roman, publié la première fois en 1939, de l’auteur célébré de La Belle Lurette, des Grandes largeurs et de Le Tout sur le toutFièvre des polders est un tableau hallucinant de réalisme, planté en pleine Flandre, dans la région des polders, d’où le titre choisi par l’écrivain franco-belge, né d’un père parisien et d’une mère flamande, et qui passa son adolescence en Belgique occupée (il est né en 1904).

Ward Waterwind et sa famille, Nette, sa femme, ses enfants Odilia et Basilius, vivent de la bière que Ward fabrique, que sa femme sert à L’Ancre, estaminet parmi d’autres, dans une concurrence de tous les instants : il faut affronter ces autres cafés, Le Scaphandrier, par exemple, ou encore Le Perroquet, L’Ange, Le Transvaal…

Ward fait la tournée avec son cher cheval Jules pour servir ses clients en tonneaux, en bouteilles, ne se fait pas toujours payer, encourt bien sûr les reproches de Nette car il est plus porté à boire qu’à recueillir monnaie. Heureusement que l’estaminet lui est bien tenu par sa femme et sa fille…

Journal, 1908-1943, Käthe Kollwitz (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 19 Octobre 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Arts, Langue allemande, L'Atelier Contemporain

Journal, 1908-1943, mars 2018, trad. allemand Micheline Doizelet, Sylvie Doizelet, 312 pages, 25 € . Ecrivain(s): Käthe Kollwitz Edition: L'Atelier Contemporain

Née en 1867 à Königsberg (Kaliningrad, en 1946), Käthe Kollwitz mourut le 22 avril 1945. Ce gros volume, richement illustré, introduit par Sylvie Doizelet (pp.7-32), reprend le « journal » tenu par la graveuse et sculptrice durant 36 années.

De belles photos en noir blanc de l’artiste, de ses proches (Karl, son mari, ses fils Hans et Peter…), de ses ateliers, de ses œuvres ; des reproductions couleurs de ses crayons, encres, plumes, pastels, eaux fortes, lithographies, sculptures, occupent une quarantaine de pages (pp.33-80). La couverture (photo de K. Kollwitz dans son atelier, Berlin, 1936), l’autoportrait par Philipp Kester de 1906, en page de couverture 2, l’Autoportrait de face, lithographie de 1904, en 3ede couverture, nous insèrent dans l’univers des mains et du visage de l’artiste, à l’image d’une densité et d’une intensité sans pareilles.

Entrer dans ce journal, c’est vouloir comprendre « une vie » toute consacrée à la famille et à l’art, ce ne sont pas simplement des mots faciles, c’est l’essentiel de cette vie, puisque les tragédies familiales (la perte de son fils Peter, âgé de 18 ans, la première année de guerre, 1914), les aléas de la vie de tout artiste dans la quête du plus juste, du plus nu, du plus vrai vont s’imbriquer de telle manière qu’on ne peut s’attacher à les voir séparément. La vie artistique et la vie familiale sont liées inexorablement, intimement, résolument.