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Le goût du Portugal, collectif

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mardi, 31 Octobre 2017. , dans La Une Livres, Anthologie, Les Livres, Critiques, Mercure de France

Le goût du Portugal, collectif, mai 2017, 126 pages, 8 € Edition: Mercure de France

 

De la petite collection érudite qui donne « le goût » des choses variées (café, Afrique, et autres merveilles), ce volume présenté par Jacques Barozzi et qui en a établi les textes d’anthologie.

Le même principe préside : faire connaître par le biais de textes d’auteurs de différentes périodes, et forcément, il s’élève de l’ensemble une sorte de charme imparable, puisqu’on est entré comme par effraction douce dans l’intime connaissance, ici, d’un pays.

Le Portugal, ce n’est pas certes seulement Monsieur Personne, Fernando Pessoa, toute une littérature à lui seul (selon le mot de Bianciotti), et en dépit du grand rayonnement de l’auteur à hétéronymes multiples (72 selon la spécialiste Teresa Lopez), il reste que de nombreux écrivains de grande qualité diffusent eux aussi une manière d’éclat sur ce petit pays, à la culture riche et féconde.

Pic, Jack Kerouac

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 27 Octobre 2017. , dans La Une Livres, La Table Ronde - La Petite Vermillon, Les Livres, Critiques, Roman, USA

Pic, mai 2017, trad. anglais (USA) Christophe Mercier, 144 pages, 5,90 € . Ecrivain(s): Jack Kerouac Edition: La Table Ronde - La Petite Vermillon

 

Ce dernier et bref roman de l’auteur célébré de la Beat Generation, publié la première fois en anglais en 1971, trouve ici, grâce à la traduction de Christophe Mercier, une nouvelle chance de se faire connaître. Le titre, certes, est loin de l’importance de Sur la route, Le rouleau original, ou de Big Sur. On retrouve néanmoins sous la plume de Kerouac quelques obsessions musicales ou thématiques (la route, la ferveur pour les déclassés, l’ambiance de villes nocturnes…).

L’histoire de ces deux frères, Slim, le grand, amateur de jazz et musicien lui-même, et Pic(torial Review Jackson), entre Caroline du nord qu’ils quittent après la mort de Grand P’pa et un passage éclair chez Tante Gastonia et New-York, prend très vite l’allure et le rythme d’un road movie, que la langue d’un enfant d’une dizaine d’années relate avec ses déformations, ses raccourcis. Pic s’émerveille de ce grand frère prêt à lui faire découvrir la très grande ville, New-York, sa petite amie Sheila.

La fille à histoires, Irène Frain

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mercredi, 18 Octobre 2017. , dans La Une Livres, La rentrée littéraire, Les Livres, Critiques, Roman, Seuil

La fille à histoires, septembre 2017, 272 pages, 18 € . Ecrivain(s): Irène Frain Edition: Seuil

 

En quarante-deux chapitres, la romancière livre au lecteur sa vérité, à l’âge où l’enfance décante de toutes ses frayeurs ou autres blessures.

Comme dans Sorti de rien (Seuil, 2013), le récit creuse les matières natales, toutes de Bretagne et de familles marquées par les origines.

Quand un livre, cette Fille à histoires, pousse à relire ce beau Sorti de rien, c’est que le miracle de l’écriture authentique agit, donne du prix à ce qui s’est écrit, dans la même qualité d’atmosphère, de racines familiales et de parfum d’une époque révolue.

L’après-guerre a marqué les familles. De là ont surgi tant d’étroites vies, mesurées à l’aune des besoins immenses, des soucis d’argent, du manque de logements. Quand le n°3 d’une famille, Irène, naît, c’est au plus mauvais moment pour cette mère qui avait le projet de « faire bâtir » pour échapper à l’étriqué logement où ils logeaient, son mari, elle et ses deux premières filles, trente-cinq mètres carrés, avec la promiscuité des voisins, le WC à partager, etc.

Le Versant noir, Kevin Gilbert

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 13 Octobre 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Océanie, Le Castor Astral

Le Versant noir, juin 2017, trad. anglais (Australie) Marie-Christine Masset, 256 pages, 20 € . Ecrivain(s): Kevin Gilbert Edition: Le Castor Astral

 

D’une Australie blanche, conquise sur les populations aborigènes en 1788 – qu’une odieuse fête de commémoration, deux siècles plus tard, rappela en grandes pompes –, il reste pour les Aborigènes quelques réserves, des missions, des lieux de misère pour tout dire, où, parqués, ils peuvent à loisir crever de faim, de saleté, d’injustice, de haine quotidienne à leur égard. Le poète Kevin Gilbert (1933-1993) chante tout cela dans des poèmes âpres, non vindicatifs, mais emplis d’une énergie qui vise à condamner l’état de fait et à espérer – oser espérer – un changement.

Le peuple noir, voulu par les colonisateurs, déchu, infirme et inférieur, a vécu, recourant à ses propres légendes, pour supporter le réel infligé.

Notre seul combat

Est de survivre

Nos tambours de guerre sont les fracas de la mort

Et le cri de douleur des mères (p.203).

Le chemin des fugues, Philippe Lacoche

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mardi, 03 Octobre 2017. , dans La Une Livres, La rentrée littéraire, Les Livres, Critiques, Roman, Les éditions du Rocher

Le chemin des fugues, août 2017, 312 pages, 19,90 € . Ecrivain(s): Philippe Lacoche Edition: Les éditions du Rocher

Ce vingt-neuvième livre du romancier et journaliste picard Philippe Lacoche, au beau titre qui fleure la fréquentation des Dhôtel, Pirotte et autres Sansot, a tout vraiment pour engager le lecteur à revenir à ses autres titres, et cerise sur le gâteau, à prolonger les charmes du roman par d’autres vagabondages littéraires chez les précités, par exemple.

Peu importe, au fond, l’intrigue ramassée que Lacoche accroche à nos yeux : un journaliste, comme lui, du même âge, Philippe, comme moi, est né au plein milieu des années cinquante – ce qui l’enjoint à une certaine nostalgie –, au nom bien français, Pierre Chaunier, décide de rompre avec sa petite vie, sa petite ville, son Bar de la Place, ses habitudes, parce que vraiment lui imposer à son âge des tracasseries informatiques d’un logiciel pourri ça ne va plus. Il s’est remis à boire avec ses potes Keith (un gars qui ressemble au gars des Stones), Depard, et ses idylles sont parties en fumée. Foin donc de ses belles Géa, Lady V. Il a vu passer l’autre jour une belle Orangée, l’a perdue de vue. Il faut changer de vie, partir, et l’occasion lui est donnée : devenir journaliste dans un journal qui se fait encore à l’ancienne, dans un trou, un bled de province reculée aux toponymes pas possibles : Bordurins, Troussin-au-Bois, Pontron-les-échauguettes, etc., en plein Vaugandy, région où sévissent loups, aurochs et ours !