Le goût du Portugal, collectif
Le goût du Portugal, collectif, mai 2017, 126 pages, 8 €
Edition: Mercure de France
De la petite collection érudite qui donne « le goût » des choses variées (café, Afrique, et autres merveilles), ce volume présenté par Jacques Barozzi et qui en a établi les textes d’anthologie.
Le même principe préside : faire connaître par le biais de textes d’auteurs de différentes périodes, et forcément, il s’élève de l’ensemble une sorte de charme imparable, puisqu’on est entré comme par effraction douce dans l’intime connaissance, ici, d’un pays.
Le Portugal, ce n’est pas certes seulement Monsieur Personne, Fernando Pessoa, toute une littérature à lui seul (selon le mot de Bianciotti), et en dépit du grand rayonnement de l’auteur à hétéronymes multiples (72 selon la spécialiste Teresa Lopez), il reste que de nombreux écrivains de grande qualité diffusent eux aussi une manière d’éclat sur ce petit pays, à la culture riche et féconde.
L’anthologie, donc, regroupe des poèmes, des récits, des évocations, des journaux de voyages, des extraits de romans, éclairant des pans de géographie (on va du nord au sud, du Minho à l’Algarve, en passant par Lisbonne capitale) et d’histoire. Sans omettre, bien sûr, les zones plus sombres du salazarisme et de la colonisation. Des Portugais mais aussi des étrangers (Français, Italien) dans cette sélection de textes pour éclairer au mieux le Portugal, son profil, son art, ses gens, sa culture : de Tabucchi à Lobo Antunes, en passant par Dominique Fernandez (toujours à l’affût du baroque méridional, ici, Tomar), Voltaire, le voyageur Morand, les romanciers de la colonisation (Lourenço)…
De réelles découvertes ponctuent l’ouvrage : la prostitution dans les années 50, grâce au regard scalpel d’Urbano Tavares Rodrigues ; la lecture de Pessoa par le poète contemporain Nuno Judice ; les beaux textes de Pessoa consacrés à sa ville (touristique) ou à sa mort prochaine.
Le Nobel Saramago, féru de « Pérégrinations portugaises », n’est pas en reste avec un texte tout entier consacré à Fatima.
Un détour par le classique de Castelo Branco, Amour de perdition : excellente radiographie des sentiments mis à mal par la convention.
Un jeune romancier clôt le florilège : Afonso Cruz et La voisine et le prisonnier : morceau naturaliste, gonflé d’émotion.
L’épilogue, pessoen, referme le rideau, les yeux du poète « qui s’est endormi » définitivement le 30 novembre 1935, dans sa ville, à l’hôpital Saint-Louis, selon lui-même « unique poète de la nature ».
Philippe Leuckx
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