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Usage des cendres, Jean-Paul Bota

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Vendredi, 14 Février 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Récits

Usage des cendres, précédé de Feuillets du Midi (Chartres Lisbonne Venise), Jean-Paul Bota, Le préau des collines, 2010, 107 pages, 12 €

 

Le voyage, un « pèlerinage vers l’éclat »

 

Peut-on dire le voyage ?

Et le dire tel qu’il se révèle être, lorsque, loin de voyager seul, l’on fait de sa route l’irruption d’un moment d’infini partagé avec un autre, une autre ?

Pour Jean-Paul Bota, le voyage ne peut être séparé de cette façon, propre à l’amour, de cheminer à deux. L’être proche, si proche (être pudiquement nommé par la lettre « H. » ; ses paroles réveillées), devient ce qui est non-séparé-de-soi.

C’était hier, Harold Pinter

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Lundi, 03 Février 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Iles britanniques, Théâtre, Gallimard

C’était hier, traduit de l’anglais par Éric Kahane, 108 pages, 13,20 € . Ecrivain(s): Harold Pinter Edition: Gallimard

 

L’une des plus belles pièces de Pinter, publiée en 1971, par Methuen, à Londres, sous le titre Old times.

 

Il y a Kate. Il y a Kate et Deeley, mariés, face à Anna : l’étrangère, presque. Si peu connue. Celle qui appartient au passé. Et qui ne comptait pas. Qui n’avait pas de rôle important, pas de densité de météorite, pas de véritable place.

Mais.

NOIR

Reprenons. Les êtres ne savent pas se rapprocher. Ils savent qu’ils ne savent pas. Mais ils le veulent. Alors, ils regardent. Ils s’intéressent. Ils scrutent. Ils scrutent ceux qu’ils ne connaissent pas, en pensant que peut-être ils les connaissent. Que peut-être ils vont les connaître, alors que, le plus souvent, non.

La maladie de la mort, Marguerite Duras

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Vendredi, 31 Janvier 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Les éditions de Minuit

Marguerite La Maladie de la mort, Les Éditions de Minuit, 61 pages, 6,10 € . Ecrivain(s): Marguerite Duras Edition: Les éditions de Minuit

Un homme paie une femme pour vivre dans son orbe, et tenter, par son regard principalement, de mettre son mystère à jour, dans la nuit du monde, du ressenti et des corps.

C’est ainsi que tout commence. C’est ainsi que tout commence, toujours, pour Duras :

Vous devriez ne pas la connaître, l’avoir trouvée partout à la fois, dans un hôtel, dans une rue, dans un train, dans un bar, dans un livre, dans un film, en vous-même, en vous, en toi, au hasard de ton sexe dressé dans la nuit qui appelle où se mettre, où se débarrasser des pleurs qui le remplissent. Vous pourriez l’avoir payée. Vous auriez dit : Il faudrait venir chaque nuit pendant plusieurs jours. Elle vous aurait regardé longtemps, et puis elle vous aurait dit que dans ce cas c’était cher. Et puis elle demande : Vous voulez quoi ? Vous dites que vous voulez essayer, tenter la chose, tenter connaître ça, vous habituer à ça, à ce corps, à ces seins, à ce parfum, à la beauté, à ce danger de mise au monde d’enfants que représente ce corps, à cette forme imberbe sans accidents musculaires ni de force, à ce visage, à cette peau nue, à cette coïncidence entre cette peau et la vie qu’elle recouvre. Vous lui dites que vous voulez essayer, essayer plusieurs jours peut-être. Peut-être plusieurs semaines. Peut-être même pendant toute votre vie. Elle demande : Essayer quoi ? Vous dites : D’aimer.

Entretien avec Louise Thunin

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Samedi, 25 Janvier 2014. , dans La Une CED, Entretiens, Les Dossiers

 

Matthieu Gosztola : Vous venez de faire paraître Cœurs et blessures aux éditions L’Harmattan (82 p, 11,50 €).

Ce livre est né d’un drame. Pouvez-vous revenir sur ce « fait » qui a marqué les journaux, les consciences, et face auquel vous avez été amenée à porter un regard différent, profondément humain ?

 

Louise Thunin : En 2009, une petite fille martyrisée par ses parents est morte. Son corps est retrouvé dans une jardinière, enterrée sous une dalle de béton. Les auteurs, le père et la mère de la fillette, ont dû répondre de leurs actes devant la Justice en 2012. Des drames étrangement similaires ont suivi au cours de 2012-2013, comme la répétition douloureuse d’une histoire déjà entendue, comme une leçon non encore apprise et dont l’intitulé semble devoir s’étaler en majuscules dans les pages de nos quotidiens comme dans les cieux de notre conscience collective.

Un petit peu d’herbes et des bruits d’amour, Cécile Guivarch

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Vendredi, 17 Janvier 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Un petit peu d’herbes et des bruits d’amour, L’Arbre à paroles, 91 pages, 7,50 € . Ecrivain(s): Cécile Guivarch

 

Est-il possible de faire en sorte que l’écriture soit lien, se révèle telle, jusqu’au plus profond de son eau moirée ?

Certes, le lecteur et l’auteur sont en étreinte, le temps de la lecture, l’imaginaire venant s’improviser lit sur la scène du présent.

Mais est-il possible de faire en sorte que l’écriture soit un fil tissé entre les générations, qui retire celles disparues de leur immobilité sans souffle et les fait être en danse avec celles prenant à bras le corps le présent ; et les fait être en danse au mépris de la mort, de cette certitude qu’elle jette au monde et qui a goût d’une poussière que nos souvenirs – parfois – rendent bleue ?

Est-il possible de relever le corps mort de ses ancêtres en écrivant sur eux, en parlant d’eux, en soufflant avec sa bouche leurs mots disparus, en se laissant traverser par l’ombre rehaussée d’or de leur disparition ?