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Articles taggés avec: Froissart Patryck

Petite femme, Anna Giurickovic Dato

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 13 Juillet 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Italie, Roman, Denoël

Petite femme (La figlia femmina), mai 2018, trad. italien Lise Caillat, 180 pages, 19,50 € . Ecrivain(s): Anna Giurickovic Dato Edition: Denoël

 

Petite femme est un roman trouble à l’atmosphère pesante dont le sens se découvre lentement sous la forme d’un récit à la première personne où la narratrice, prise dans un faisceau de situations dont elle ne comprend pas, ou refuse de comprendre la terrible réalité, avance en aveugle jusqu’au moment où la vérité, ou pour le moins une partie de la vérité, s’impose à elle avec une extrême et définitive brutalité.

L’auteur instaure et entretient une intense tension dramatique en entrecroisant deux niveaux narratifs.

Au premier niveau, le lecteur assiste à un dîner organisé par la narratrice, Silvia, qui reçoit pour la première fois Antonio avec qui elle entame une relation amoureuse. Est présente Maria, treize ans, la fille de la maîtresse de maison.

Durant toute la soirée, se développe devant Silvia un jeu de moins en moins équivoque entre une Maria faussement candide et de plus en plus séductrice et un Antonio qui se laisse prendre peu à peu à son badinage, à ses espiègleries de jeune fille qui « fait son intéressante » puis à ses avances de moins en moins voilées.

La Confession, John Herdman

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 27 Juin 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Iles britanniques, Roman, Quidam Editeur

La Confession (Ghostwriting), avril 2018, 184 pages, 20 € . Ecrivain(s): John Herdman Edition: Quidam Editeur

 

Léonard Balmain, journaliste écossais, écrivain sans succès est contacté par Torquil Tod, un personnage trouble, qui le charge contre rétribution de rédiger sa biographie.

Tod raconte sa vie, Léonard prend des notes puis en fait un récit, dont il soumet à intervalles réguliers le déroulement à Tod, ce qui donne lieu à d’intéressantes discussions et interrogations sur les statuts respectifs d’auteur, de narrateur, de personnage, sur leurs interrelations, sur ce qui est dicible et ne l’est pas dans un récit biographique, sur ce que l’individu sujet de la biographie veut bien dire et ce qu’il cherche à cacher, sur les raisons pour lesquelles il décide de mettre sa vie en narration, sur la distance entre le dit et le non-dit, sur les omissions, volontaires ou non, sur les mensonges, sur ce que le narrateur voudrait savoir pour donner à son personnage toute l’épaisseur qu’il considère littérairement nécessaire, sur la limite entre biographie brute, biographie romancée, autobiographie, roman biographique…

Bitna, sous le ciel de Séoul, J.M.G. Le Clézio

Ecrit par Patryck Froissart , le Jeudi, 21 Juin 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Stock

Bitna, sous le ciel de Séoul, mars 2018, 217 pages, 18,50 € . Ecrivain(s): J-M G. Le Clézio Edition: Stock

 

Les talents de conteur de J.M.G. Le Clézio sont mondialement connus. Ce nouveau roman en est une autre illustration.

Le roman est à double niveau de narration. Tantôt la narratrice, Bitna, raconte à la première personne l’histoire dont elle est le personnage principal, tantôt, ouvrant un second tiroir narratif, elle prend le statut de conteuse pour aider un autre personnage, Salomé, à supporter sa réclusion solitaire provoquée par une maladie dégénérative.

Le roman, comme l’indique le titre, se déroule « sous le ciel de Séoul », où Bitna, jeune fille issue d’une famille pauvre de pêcheurs, est venue entreprendre des études universitaires. D’abord hébergée chez une tante qui l’exploite, la maltraite et l’humilie, elle ira, au cours d’une unité de temps s’étendant sur une année scolaire, de chambres insalubres en petits logements plus ou moins précaires. C’est pour payer son loyer qu’elle accepte, à la demande d’un mystérieux Frederick, alias M. Pak, vendeur en librairie avec qui elle noue une relation équivoque et sans issue, de faire fonction de dame de compagnie pour la paralytique.

Le Ministère du Bonheur Suprême, Arundhati Roy

Ecrit par Patryck Froissart , le Mardi, 12 Juin 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Asie, Roman, Gallimard

Le Ministère du Bonheur Suprême, janvier 2018, trad. anglais (Inde) Irène Margit, 536 pages, 24 € . Ecrivain(s): Arundhati Roy Edition: Gallimard

 

Qui se laissera emporter par ce roman torrentueux de l’amont à l’aval se souviendra longtemps, peut-être à jamais, d’Anjum, dont la vie mouvementée, depuis le jour de sa naissance, est le fil de trame sur lequel va courir une immense chaîne narrative.

Anjum est née Aftab.

« La nuit où Jahanara Bégum lui donna naissance fut la plus heureuse de sa vie. Le lendemain matin, au soleil déjà haut, dans la douce chaleur de la chambre, elle démaillota le petit Aftab. Elle explora son corps minuscule […]. C’est à ce moment qu’elle découvrit, niché sous ses parties masculines, un petit organe, à peine formé, mais indubitablement féminin ».

Jahanara Bégum cache cette particularité hermaphrodite à son mari Mulaqat Ali, lequel, bien que descendant « en droite ligne de l’empereur moghol Gengis Khan », exerce le modeste métier de hakim (soigneur par les plantes), jusqu’au jour où Aftab est contraint de quitter, à l’âge de neuf ans, l’école de musique, ne supportant plus les railleries des autres enfants :

Le Foyer des mères heureuses, Amulya Malladi

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 25 Mai 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Asie, Mercure de France, Roman

Le Foyer des mères heureuses, février 2018, trad. anglais (Inde) Josette Chicheportiche, 350 pages, 24,50 € . Ecrivain(s): Amulya Malladi Edition: Mercure de France

 

Amulya Malladi traite en ce roman un sujet actuel qui donne lieu à de multiples réactions, d’opposition ou d’adhésion, et qui incite nos sociétés à une réflexion d’ordre scientifique, moral, religieux, éthique : celui des mères porteuses.

Après plusieurs fausses couches, Priya, une Américaine fille d’un couple mixte américano-indien, se résout à avoir un enfant par le procédé de la Gestation Pour Autrui. Elle réussit, au prix de maintes disputes et discussions, à rallier à sa décision son époux Madhu, informaticien indien qu’elle a connu pendant qu’il poursuivait sa formation universitaire aux Etats-Unis, où il s’est installé après ses études.

Le couple prend contact avec un organisme indien spécialisé, dont la directrice, le docteur Swati, accueille dans une clinique ad hoc de jeunes femmes indiennes nécessiteuses, recrutées pour porter par insémination les futurs enfants de couples occidentaux stériles.