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Articles taggés avec: Froissart Patryck

La petite galère, Sacha Desprès

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 18 Janvier 2017. , dans La Une Livres, L'Âge d'Homme, Les Livres, Critiques, Roman

La petite galère, 195 pages, 16 € . Ecrivain(s): Sacha Desprès Edition: L'Âge d'Homme

 

Laura, dite Lo, lycéenne, vit avec sa grande sœur Marie, dite La Jolie, depuis qu’à l’âge de treize ans elle a assisté en direct à la tragédie du suicide de leur mère, Caroline. Elle voit rarement son père, divorcé avant le drame.

Marie est une jeune femme de mœurs très libres, anti-conventionnelles, qui joue sans scrupule de son exceptionnelle beauté.

Marie.

La Jolie.

Cette fille, c’est Frida, Judith, Ophelia. Réunies dans un seul et même tableau. Une bande dessinée pour adultes. Une comptine pour enfants. La Dame Tartine de l’érotisme. Le Miel des poètes…

Entre les deux sœurs, l’union est fusionnelle. Elles partagent un secret dont la nature sera seulement suggérée par l’auteure. Elles sont complices. Laura admire Marie qui veut faire de Laura une seconde Marie…

Je puais le sang d’âne, Hafez Khiyavi

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 11 Janvier 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Asie, Roman, Serge Safran éditeur

Je puais le sang d’âne (Bu-ye khun-e khar), octobre 2016, trad. persan (Iran) Stéphane A. Dudoignon, 190 pages, 18,90 € . Ecrivain(s): Hafez Khiyavi Edition: Serge Safran éditeur

 

Treize nouvelles pour partager la vie quotidienne des Iraniens, non pas de ceux dont les médias nous renvoient l’image, ceux des villes, des ayatollah, des femmes enfoulardées, et des brimades qu’exercent les miliciens des brigades des mœurs sur celles qui ne le sont pas assez, non, ces treize histoires nous font découvrir les Iraniens de la campagne, par le récit de drôles de mésaventures que connaissent des individus du terroir, dont certains, adolescents ou jeunes gens un peu simplets, font penser immédiatement à Djoha, ce personnage souvent tourné en ridicule de contes et de fables persans et arabes.

Plusieurs nouvelles ont pour décor un verger dont les fruits défendus, cerises, prunelles, mûres, griottes, pêches, selon la situation, attirent l’acteur principal qui s’y rend en cachette soit par gourmandise personnelle, soit pour en faire l’offrande à celle de qui il veut se faire bien voir en une sorte d’inversion des rôles d’Adam et d’Eve dans la fable du jardin d’Eden.

Purple America, Rick Moody

Ecrit par Patryck Froissart , le Samedi, 07 Janvier 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, L'Olivier (Seuil), Roman, USA

Purple America, Rick Moody, L’Olivier, octobre 2016, trad. anglais (USA) Michel Lederer, 428 pages, 14,90 € . Ecrivain(s): Rick Moody Edition: L'Olivier (Seuil)

Dans la famille Raitliffe, il y a le souvenir du père, Allen Hamilton, mort brutalement d’un anévrisme. Il y a la mère, Barbara Ashton Danforth, alias Billie, invalide, atteinte de sclérose en plaques dégénérative. Il y a le fils, Dexter Allen Ashton, alias Hex, bègue et alcoolique, organisateur de soirées mondaines. Il y a le beau-père, Lou Sloane, qui vient d’être licencié de son poste de responsable de la sécurité dans la centrale nucléaire de Millstone.

L’action principale du roman se déroule sur une fin de semaine. Dexter, ayant appris que sa mère vient d’être abandonnée par Lou Sloane, débarque dans la vaste demeure familiale en décrépitude.

Se déroule alors un étrange ballet, fait de va-et-vient et de chassés-croisés dans la région littorale constituant le lieu géographique de l’action, entre la vieille maison, la centrale nucléaire voisine et ses environs, et un restaurant fantomatique à la Bagdad Café où Dexter emmène sa mère et où il retrouve par hasard Jane Ingersoll, une amie de collège perdue de vue depuis des années, qui par pure bonté de cœur l’aide, de façon catastrophique, à soigner l’impotente et qui devient parallèlement, sous l’effet d’une attirance réciproque circonstancielle, ou par pitié, ou simplement pour meubler par l’occasion l’ennui qui l’habite, ou un peu pour tout cela à la fois, sa partenaire d’une relation charnelle infructueuse.

A l’origine, notre père obscur, Kaoutar Harchi

Ecrit par Patryck Froissart , le Mardi, 22 Novembre 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Babel (Actes Sud), Roman

A l’origine, notre père obscur, août 2016, 164 pages, 6,80 € . Ecrivain(s): Kaoutar Harchi Edition: Babel (Actes Sud)

 

Ce roman sombre, ténébreux, dont la tonalité est donnée d’emblée par le caractère énigmatique du titre et, par connotation, par le qualificatif obscur qui y figure, est un constat terrible de l’obscurantisme socio-religieux qui règne dans certaines régions et qui se répand insidieusement dans d’autres.

La narratrice est tout au long du récit, successivement et progressivement, une enfant, une fillette, une jeune fille, une femme. La métamorphose est lente, douloureuse, anormale.

Car cette enfant, cette jeune fille, vit recluse depuis sa naissance, avec sa mère, dans « la maison des femmes », une prison sans serrure où les maris ou les pères conduisent leur femme ou leur fille pour les punir d’une quelconque prétendue faute susceptible de porter l’opprobre sur eux-mêmes et sur leur parentèle.

Etait-ce lui ? précédé d’Un homme qu’on n’oublie pas, Stefan Zweig

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 16 Novembre 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Folio (Gallimard), Langue allemande, Nouvelles

Etait-ce lui ? précédé d’Un homme qu’on n’oublie pas, juillet 2016, trad. allemand Laure Bernardi, Isabelle Kalinowski 95 pages, 2 € . Ecrivain(s): Stefan Zweig Edition: Folio (Gallimard)

Deux nouvelles extraites de Romans, nouvelles et récits, Tome II, de Stefan Zweig dans la Bibliothèque de la Pléiade (Editions Gallimard). La première, Un homme qu’on n’oublie pas, met en scène Anton, un personnage remarquable, sans domicile fixe, connu de toute une ville, une sorte de Diogène du 20ème siècle que l’accumulation de biens matériels n’intéresse pas, un homme à tout faire qui vit au jour le jour, auquel tout un chacun peut faire appel à tout moment pour solliciter de lui des petits travaux les plus divers, pour lesquels il refuse d’être rétribué au-delà du « tarif » invariable qu’il a fixé : de quoi pourvoir à ses sobres besoins jusqu’au lendemain.

La nouvelle est, comme c’est souvent le cas chez Zweig, le récit de la rencontre entre le narrateur et ce personnage singulier. L’emploi du JE personnalise la relation et lui donne un caractère authentique, d’autant plus fortement ressenti par le lecteur que le contexte spatio-temporel est toujours campé de façon réaliste. L’auteur met l’accent sur l’impact que peuvent avoir dans la vie de telles rencontres : le narrateur, qui, après avoir fait fortuitement la connaissance du clochard, enquête discrètement, intrigué par le bonhomme, pour cerner sa personnalité, en sort quelque peu transformé. Il tire leçon de la sagesse acquise, de la totale indépendance, de la générosité spontanée, de l’humanisme vrai qu’il découvre chez le vagabond.