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Articles taggés avec: Froissart Patryck

Les enfants de Toumaï, Thomas Dietrich

Ecrit par Patryck Froissart , le Samedi, 12 Mars 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Albin Michel, Roman

Les enfants de Toumaï, janvier 2016, 278 pages, 19,50€ . Ecrivain(s): Thomas Dietrich Edition: Albin Michel

 

Toumaï est le nom donné par ses découvreurs au plus vieil hominidé connu, dont le crâne fossilisé a été trouvé au Tchad en 2001. Ayant vécu il y a environ 7 millions d’années, Toumaï est considéré à ce jour comme le plus ancien des ancêtres de l’homme.

Emmanuel et Sakineh, tous deux tchadiens, probables descendants de Toumaï, sont contraints à l’exil et à la clandestinité, lui, étudiant chrétien noir converti au maoïsme, opposant au « président-sultan » et journaliste politique en herbe, elle, musulmane à la peau claire acceptant mal la morale religieuse imposée par sa famille qui l’empêche de développer son talent pour le dessin, art interdit, et se sentant coupable de la mort de son père foudroyé par l’orage le jour du mariage auquel il avait voulu la forcer.

Au Caire où Emmanuel, après un long, périlleux et douloureux périple sur les routes complexes et parallèles qu’entretiennent à travers l’Afrique les passeurs de migrants, est devenu mendiant puis amant de cœur d’un riche égyptien, Haman, qui l’entretient jalousement, et où Sakineh a atterri avec sa famille ruinée dans un quartier pauvre, le hasard fait se croiser leurs chemins.

Bombay Girl, Kavita Daswani

Ecrit par Patryck Froissart , le Mardi, 16 Février 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, USA, Editions de Fallois

Bombay Girl, août 2015, trad. américain Danièle Mazingarbe, 253 pages, 20 € . Ecrivain(s): Kavita Daswani Edition: Editions de Fallois

 

Voilà un roman qui ouvre une fenêtre inhabituelle sur la société indienne, puisque l’histoire se déroule de nos jours dans les milieux ultra-huppés de la minorité privilégiée que constituent les grandes familles affairistes de l’entreprise capitaliste multinationale tenant le haut du pavé dans la mégapole de Bombay, détenteurs de fortunes aux origines parfois douteuses, voire délictueuses.

Tout Bombay savait comment Dipo gagnait sa vie, mais tout le monde s’en moquait. Ce qui comptait, c’était que Dipo soit affreusement riche…

Dans ces hautes sphères, l’empire financier de la famille Badshah occupe une place enviée. C’est pourquoi l’annonce que fait publiquement le patriarche fondateur de la compagnie Badshah Industries retentit comme un coup de tonnerre dans le ciel doré de ce Bombay où se côtoient et évoluent, loin des bidonvilles, journalistes, vedettes de Bollywood, brasseurs d’affaires, multimillionnaires, banquiers, proxénètes, escrocs à l’affût : le grand-père, détenteur des clés de l’empire, décrète qu’aucun de ses trois fils n’héritera de l’affaire, laquelle reviendra à celui de ses petits-enfants qui saura lui proposer un projet conséquent de nature révolutionnaire susceptible d’apporter à l’affaire familiale très prospère de nouvelles perspectives de développement.

Ecrits sur les langues, Issa Asgarally

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 05 Février 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais

Ecrits sur les langues, éd. Super Printing Co. Ltd, Maurice, novembre 2015, préface de Louis-Jean Calvet . Ecrivain(s): Issa Asgarally

La situation linguistique à Maurice n’est pas un cas unique par sa complexité. Il est bien d’autres états au monde au sein desquels coexistent, s’imbriquent, se mêlent un nombre plus ou moins grand de langues qui s’influencent les unes les autres, qui interfèrent, qui se confrontent les unes aux autres, qui se trouvent, de fait, au moment de l’étude, pour des raisons diverses, placées sous statut hiérarchisé les unes par rapport aux autres.

Ce qui fait pourtant de Maurice un cas particulièrement intéressant, c’est l’exiguïté du territoire (1800 km2) et le total relativement peu important de la population globale du pays (1,3 million d’habitants) concernés par un écheveau apparemment compliqué de langues pratiquées.

Issa Asgarally, docteur en linguistique, professeur associé à l’Institut de l’Education à Maurice, est l’auteur de plusieurs publications, étalées dans le temps, sur ce particularisme mauricien. L’ouvrage Ecrits sur les langues offre au lecteur une compilation bienvenue de ces articles, l’ensemble constituant un essai documenté, riche d’informations permettant d’appréhender comment parlent, écrivent, lisent les Mauriciens d’aujourd’hui, et de comprendre les raisons historiques de cette situation d’un pays qui n’a pas « officiellement de langue officielle »…

Les Rouilles encagées, Benjamin Péret

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 29 Janvier 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Récits

Les Rouilles encagées, éd. Prairial (Paris, Brumaire 224), novembre 2015, édition réalisée avec le concours de la DRAC de l’Île-de-France, 70 pages, 8 € . Ecrivain(s): Benjamin Péret

 

On connaît peu ou prou les œuvres de Benjamin Péret, poète écrivain surréaliste engagé. Leur diffusion et leur succès font de l’auteur un des plus importants de la littérature du XXe siècle.

L’ouvrage dont il est question ici fait exception dans la bibliographie abondante de Péret.

Censuré avant même sa parution en 1928, alors qu’il n’en est qu’en phase de fabrication à l’imprimerie sur commande de l’éditeur clandestin René Bonnel, il ne sera finalement publié, par Eric Losfeld, qu’en 1970, sous pseudonyme d’auteur de Satyremont, et derechef interdit à la vente l’année suivante.

Définitivement autorisé en 1975, seize ans après la mort de Benjamin Péret, il vient d’être réédité par les éditions Prairial, au mois de Brumaire 224 (soit en novembre 2015 dans le calendrier grégorien).

Cet opus de 70 pages consiste en un récit délirant dans lequel s’intercalent de courts textes de forme poétique attribués à l’un des personnages.

Vingt-quatre heures de la vie d’une femme, Stefan Zweig

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 20 Janvier 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Folio (Gallimard), Langue allemande, Nouvelles

Vingt-quatre heures de la vie d’une femme (Vierundzwanzig Stunden aus dem Leben einer Frau), février 2015, Edition bilingue (allemand/français) annotée par Jean-Pierre Lefebvre, trad. français Olivier Le Lay, 201 pages, 4,10 . Ecrivain(s): Stefan Zweig Edition: Folio (Gallimard)

 

Toujours doublement précieuses sont les éditions bilingues des grands textes littéraires. Le lecteur français germanophone et le lecteur allemand francophone apprécieront certainement celle-ci en particulier, mais nulle nécessité d’être bilingue pour se laisser prendre aux qualités intrinsèques du récit, qui bénéficie de l’excellente traduction d’Olivier Le Lay.

La scène a pour cadre, au début des années 30, une pension hôtelière bourgeoise de la Riviera, où se côtoient les membres d’une société à la Somerset Maugham, à la Maupassant, où chacun observe chacun, où chacun commente, critique, juge et sanctionne les gestes et les paroles de chacun, au nom d’une morale étriquée appliquée de manière immédiate et arbitraire au vu de la seule superficialité des faits.