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Articles taggés avec: Froissart Patryck

Et le jour sera pour moi comme la nuit, Françoise Grard (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 17 Mai 2023. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman, Editions Maurice Nadeau

Et le jour sera pour moi comme la nuit, Françoise Grard, Editions Maurice Nadeau, Les Lettres Nouvelles, février 2023, 135 pages, 18 € Edition: Editions Maurice Nadeau

 

Dans la série des romans autobiographiques, l’autrice narratrice livre le récit intime, intimiste, de son existence de mal-voyante, de la brutale perte totale de la vue vers l’âge de soixante ans et des interventions cliniques qui lui permettront de recouvrer une vision très partielle mais cruciale pour un retour à une vie à peu près « normale ».

Le roman a pour repère temporel un certain 5 septembre. Ce jour-là, alors que, exerçant la profession d’enseignante en surmontant le handicap de la malvoyance, elle se rend à son lycée, se produit un décollement de rétine qui la rend complètement aveugle.

Le récit s’articule entre l’avant et l’après de cet événement tragique, sans toutefois qu’il y ait passage narratif marqué de l’un à l’autre, passé, présent et futur s’imbriquant tout du long.

Janine 1982, Alasdair Gray (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 21 Avril 2023. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Iles britanniques, Roman, Le Cherche-Midi

Janine 1982, Alasdair Gray, Le Cherche-Midi, mars 2023, trad. anglais (Ecosse), Claro, 397 pages, 23 € Edition: Le Cherche-Midi

 

Ce livre étonnant, détonnant, d’Alasdair Gray, écrivain qualifié « d’illusionniste écossais aussi insaisissable que le monstre du Loch Ness », est introduit, préfacé par l’auteur anglais Will Self qui n’hésite pas à le présenter comme « l’un des meilleurs romans de langue anglaise ».

Le personnage central, l’Ecossais John Mc Leish, alias Charlie, alias Frank, alias Jock (petit nom pouvant évoquer, par auto-dérision, le terme « joke », ce qui s’inscrirait dans la tonalité foncière d’un ouvrage littéraire dont une des facettes semble être de ne pas prendre au sérieux la création… littéraire), se dédouble au fil du récit (ou plutôt des récits, très fragmentés) tantôt en un Max démiurge, metteur en scènes de situations imaginaires issues de ses fantasmes érotiques parfois les plus déréglés, tantôt en un narrateur racontant plus « sagement » sa « vraie » vie professionnelle, sociale, relationnelle, amoureuse.

Le Corsaire Rouge, James Fenimore Cooper (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 07 Avril 2023. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Folio (Gallimard), Roman, USA

Le Corsaire Rouge, James Fenimore Cooper, Gallimard, Folio Classique, juin 2021, trad. anglais, Auguste-Jean-Baptiste Defauconpret, 690 pages, 11,50 € Edition: Folio (Gallimard)

Présentée, préfacée et commentée par Philippe Jaworski, cette édition, magnifiquement servie par la traduction, dans un français d’une magistrale pureté classique, de Defauconpret de Thulus, permet à tout lecteur, au prix modeste du format Poche, d’embarquer pour une odyssée marine prodigieuse et conséquemment inoubliable.

L’action commence en 1759, précisément le jour où les habitants du lieu, fidèles sujets de la monarchie anglaise, célèbrent la victoire de l’Angleterre sur la France, laquelle perdait là ses colonies américaines et canadiennes, à Newport, alors petit port de Rhode Island, où mouillent deux navires, le Dauphin et la Royale Caroline, dont la présence, la nature, l’équipage, les qualités opératives, l’élégance, la provenance, la destination, l’activité hypothétique constituent, ponctués d’allusions répétées sur les faits et gestes d’un pirate quasi légendaire qui sillonne et écume l’océan en accumulant prises, massacres et autres forfaits, le sujet principal des conversations qui se nouent sur terre, à l’occasion récurrente de rencontres aux circonstances provoquées ou semblant relever du hasard, entre des personnages qui vont et viennent, en un chassé-croisé dont l’intrigante durée narrative suscite une attente croissante d’il ne sait quoi chez le lecteur littéralement (littérairement) captivé.

Soixante ans de journalisme littéraire, Tome 3, Les années « Quinzaine littéraire » 1966-2013, Maurice Nadeau (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 22 Mars 2023. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Essais, Editions Maurice Nadeau

Soixante ans de journalisme littéraire, Tome 3, Les années « Quinzaine littéraire » 1966-2013, Maurice Nadeau, Ed. Maurice Nadeau, novembre 2022, 1824 pages, 49 € Edition: Editions Maurice Nadeau

Ce volume impressionnant de 1824 pages est la dernière partie d’une somme réunissant en trois tomes l’ensemble des articles, éditoriaux, portraits, chroniques sociales, biographies d’artistes et critiques littéraires de Maurice Nadeau. Le tome premier, paru en novembre 2018, sous-titré « Les années combat », recueillait les publications de Nadeau de 1946 à 1952. Le second, sous-titré « Les années Lettres Nouvelles », présenté dans le magazine de La Cause Littéraire sous ce lien reprenait les écrits publiés de 1952 à 1965.

Le tome tiers est consacré à la suite de l’œuvre du journaliste littéraire, publiée entre 1966 et 2013, année de sa disparition. Avec l’édition de ce troisième volume, l’intégrale, soigneusement et magistralement reconstituée par Gilles Nadeau, fils du critique, avec l’assistance de Laure de Lestrange, couvre donc désormais l’œuvre d’une vie.

Laissons Gilles Nadeau présenter cette troisième période :

Pas la défaite, Gilles Moraton (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Jeudi, 16 Mars 2023. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman, Editions Maurice Nadeau

Pas la défaite, Gilles Moraton, Editions Maurice Nadeau, janvier 2023, 240 pages, 18 € Edition: Editions Maurice Nadeau

 

Faire d’un déserteur un héros, ce peut paraître un paradoxe, une gageure, une boutade, ou un contresens. Il n’en est rien en ce roman de Gilles Moraton faisant du franco-espagnol Paco un personnage on ne peut plus sympathique qui, se retrouvant seul dans la tourmente et le chaos de la débâcle de 1940, aux environs de Noyon, son régiment ayant été décimé par les Allemands, jette l’uniforme aux orties et le fusil au fossé et tente de rentrer chez lui, dans le sud, en se cachant à la fois des forces ennemies qui avancent sur la même ligne que lui, voire devant lui, des autorités françaises qui pourraient le condamner pour désertion ou le remettre aux forces d’occupation par zèle pétainiste, et de villageois xénophobes enclins en ces temps troublés à agresser tout étranger de passage.

Quant à lui, « Il ne se considère pas comme un déserteur mais comme un vaincu en fuite ».

« Enlever l’uniforme, c’est déjà mettre fin symboliquement à la guerre. A la sienne en tout cas ».