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Articles taggés avec: Froissart Patryck

Le syndrome de l’accent étranger, Mariam Sheik Fareed (Par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 19 Août 2022. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman, J'ai lu (Flammarion)

Le syndrome de l’accent étranger, Mariam Sheik Fareed, mars 2022, 280 pages, 7,40 € Edition: J'ai lu (Flammarion)

 

Alexandre oublie un soir dans le métro parisien une sacoche contenant son ordinateur, lequel recèle, outre divers éléments personnels, le début d’un roman dont il a suspendu l’écriture, faute de savoir quelle suite lui donner. Le sujet : Sophie Van Er Meer, en conséquence d’un accident de la route, se retrouve affligée d’un mystérieux handicap : elle parle avec un étrange accent dont aucune thérapie ne parvient à la guérir et tombe en dépression. Là avorte le roman.

Désiré, immigré mauricien, balayeur municipal, trouve le sac, ouvre l’appareil, lit l’histoire… et s’impose à lui l’absolue nécessité de sortir Sophie de son état morbide. Ne sachant pas très bien écrire, il se fait aider par Marie, une bénévole de la soupe populaire à laquelle il a nécessairement recours pour se nourrir régulièrement, pour contacter Alexandre par courriel et lui proposer un singulier marché : il lui rendra son bien si l’auteur accepte en échange d’offrir à son personnage une porte de sortie ouvrant sur la voie d’une vie nouvelle où son accent ne constituera plus un attribut handicapant.

Passe-passe, Martine Lombard (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Lundi, 11 Juillet 2022. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Nouvelles

Passe-passe (nouvelles), Martine Lombard, Editions Médiapop, 2021, 204 pages, 14 €

 

 

Les douze nouvelles constituant ce recueil ont pour cadre politico-géographique la RDA pour les unes, la RFA ou la France pour les autres, pour contexte historique la période d’avant la réunification allemande ou celle d’après, et pour personnages soit des Ossis évoluant à l’époque du régime socialiste, soit des transfuges passés alors à l’ouest avec un statut d’étudiant ou un contrat de mariage avec un occidental, soit d’ex-Ossis retournant après la chute du Mur sur les lieux où ils ont vécu…

L’une des tonalités dominantes est donnée dans la première nouvelle du recueil (Vacances d’été). Ce récit se déroule plusieurs années après la démolition du Mur.

Toute une expédition, La vie héroïque du conquistador qui rêvait de gloire et de Californie, Franzobel (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Jeudi, 07 Juillet 2022. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Flammarion

Toute une expédition, La vie héroïque du conquistador qui rêvait de gloire et de Californie, Franzobel, Flammarion, avril 2022, trad. allemand, Olivier Mannoni, 550 pages, 22,90 €

 

Ce long récit aux sombres fulgurances a pour sujet principal la désastreuse odyssée menée par le conquistador Hernando de Soto de 1539 à 1542 à travers tout le sud-est des actuels Etats-Unis à la recherche d’un fantasmatique Eldorado. Une cupide obstination, se muant progressivement en un acharnement aveugle, ayant pour source une double obsession collective émulatrice, d’une part celle, pour chaque individu embarqué dans l’aventure, de devenir riche et célèbre par la découverte de nouveaux espaces à conquérir et à coloniser et de cités couvertes d’or, d’autre part celle de convertir au christianisme les tribus amérindiennes rencontrées pousse toujours plus en avant dans un environnement hasardeux et hostile le corps expéditionnaire déposé le 30 mai 1539 sur la côte atlantique par une flotte de neuf navires financés et équipés par Charles-Quint.

Voilà pour le fondement historique du roman.

Car il s’agit bien entendu (précise l’auteur en postface) d’un roman, fort de 550 pages qui se lisent sans reprise d’haleine.

La femme à la jupe violette, Natsuko Imamura (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Jeudi, 30 Juin 2022. , dans La Une Livres, Japon, Les Livres, Recensions, Mercure de France, Roman

La femme à la jupe violette, Natsuko Imamura, avril 2022, trad. japonais, Mathilde Tamae-Bouhon, 117 pages, 15,80 € Edition: Mercure de France

Court roman ou longue nouvelle, La femme à la jupe violette met en scène le personnage éponyme du titre que la narratrice, elle-même actrice intradiégétique du récit, croise d’abord dans son quartier comme le fait aléatoirement un quidam d’un autre avant de fixer son attention sur cette inconnue avec un intérêt croissant, une curiosité de plus en plus exclusive, jusqu’à l’obsession.

La narratrice, Gondó, qui raconte à la première personne, et qui se dénomme elle-même, en opposition à « la femme à la jupe violette » (dont on apprendra furtivement qu’elle s’appelle Mayuko Hino), « la femme au cardigan jaune », est cheffe d’une escouade de femmes de ménage dans un grand hôtel.

Agissant dans l’ombre, à l’insu de celle qu’elle épie constamment et dont elle parvient à connaître tous les aléas d’une existence singulièrement solitaire et d’une vie professionnelle précaire, faite de courts contrats entrecoupés de périodes de chômage, réussit à faire en sorte, par un stratagème ignoré de Mayuko Hino, que celle-ci se présente à un entretien d’embauche suite à quoi elle obtient un emploi de femme de ménage dans ledit hôtel.

Il faut tuer Wolfgang Müller, Thierry Poyet (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 24 Juin 2022. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman, Ramsay

Il faut tuer Wolfgang Müller, Thierry Poyet, mars 2022, 286 pages, 19 € Edition: Ramsay

 

Pourquoi ?

Oui, pourquoi faudrait-il tuer Wolfgang Müller ?

Wolfgang Müller, au moment où il entre en scène en ce roman, est, nonagénaire ayant toute sa tête, l’un des pensionnaires les plus âgés d’un EHPAD du Berry qui porte l’enseigne « Les Jours Tranquilles ». Mais cette tranquillité vient à être dérangée par les visites de plus en plus inquisitrices de Julienne Bancel, jeune journaliste ayant pour dessein de rédiger une série d’articles sur le parcours a priori original de cet ancien militaire allemand qui, après la capitulation du Troisième Reich et après avoir été, en tant que prisonnier de guerre, ouvrier agricole forcé dans des fermes du Cantal, a fait le choix, une fois libéré, de rester en France, d’abord comme ouvrier chez Michelin, puis comme professeur d’allemand jusqu’à sa mise à la retraite en 1983.

« Il avait toujours été un grand lecteur, et s’il préférait les biographies, les récits historiques retenaient son attention […] a fortiori les romans consacrés à la seconde guerre, qui faisaient la part belle aux grandes figures du régime nazi ».