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Le thé des trois vieilles dames, Friedrich Glauser

Ecrit par Stéphane Bret , le Lundi, 28 Janvier 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman, Zoe

Le thé des trois vieilles dames, octobre 2012, 256 pages . Ecrivain(s): Friedrich Glauser Edition: Zoe

 

A Genève, dans les années vingt, un homme est retrouvé mort, Place du Molard, dans un parc public ; l’autopsie révèle qu’il a été empoisonné. A l’autre bout de la ville, le cadavre d’un pharmacien, trafiquant de drogue à ses heures perdues, est découvert. L’empoisonnement est diagnostiqué également. Un professeur, morphinomane, du nom de Louis Dominicé, les connaît tous les deux. Cet homme s’est occupé naguère de sciences occultes. Pour corser l’énigme il a été trouvé chez le pharmacien une description d’une recette de pommade de sorcières, ainsi qu’une médaille indiquant la présence à Genève d’une secte gnostique. L’un des personnages établit une liaison entre la secte et l’empoisonnement : « Les maladies mentales sont un empoisonnement doublé d’une possession. Telle est, vous le savez, la théorie du professeur. Eh bien, vous avez les poisons et vous avez la secte ».

On le voit, l’intrigue choisie par Friedrich Glauser emporte le lecteur vers des mondes divers : c’est l’occasion pour ce dernier, de décrire la Genève des années vingt, truffée d’espions de toutes nationalités. On y repère Natacha, jeune russe amoureuse de Wladimir Rosenstock, espion soviétique. Baranoff, membre de la troisième Internationale, est au service de la cause révolutionnaire bolchévique.

Bérénice 34-44, Isabelle Stibbe

Ecrit par Stéphane Bret , le Mardi, 22 Janvier 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman, Serge Safran éditeur

Bérénice 34-44, 316 p., 18 € . Ecrivain(s): Isabelle Stibbe Edition: Serge Safran éditeur


La force d’une vocation artistique peut-elle tout occulter ? Peut-elle faire oublier le monde extérieur, surtout lorsque ce monde s’assombrit dangereusement ? C’est la question qu’aborde Isabelle Stibbe dans son premier roman, Bérénice 33-44.

C’est le récit d’une jeune fille, adolescente dans le Paris des années de l’entre-deux guerres, qui étouffe un peu dans sa famille, d’origine juive russe par son père, Maurice Capel né Moïshé Kapelouchnik, et par sa mère, née Valabrègue, appartenant à une vieille famille juive du Comtat Venaissin. Prénommée Bérénice en raison de la fréquentation par son père, au cours de la première guerre mondiale, d’un instituteur, Louis, très Troisième république, amoureux du théâtre classique et de Racine. Bérénice pressent, très tôt, que son existence va être remplie d’ennuis, de renoncements, si elle ne se consacre pas de toutes ses forces à la réalisation d’un rêve qui revêt les caractères d’un impératif pour elle : monter sur les planches. Elle s’en aperçoit en assistant à une représentation de la Comédie-Française, Lorenzaccio. Elle y éprouve l’appel de la vocation, la sensation du sacré dans le statut de comédien :

Laisser les cendres s’envoler, Nathalie Rheims

Ecrit par Stéphane Bret , le Lundi, 10 Décembre 2012. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Biographie, Récits, Léo Scheer

Editions Léo Scheer, août 2012, 256 pages, 19 € . Ecrivain(s): Nathalie Rheims Edition: Léo Scheer

 

Comment amortir le choc consécutif au départ d’une mère du foyer familial lorsque l’on est âgée de 13 ans, et que l’on appartient à l’une des familles les plus prestigieuses d’Europe, les Rothschild, dont on découvre sans peine l’identité dans le récit de Nathalie Rheims, Laisser les cendres s’envoler, sans qu’elle mentionne leur nom dans l’ouvrage.

Le titre aurait pu être libellé à l’impératif, c’est l’infinitif du verbe qui est retenu, pour une raison simple : ce travail de deuil de la disparition de sa mère a été long, douloureux, source de recherches sur sa famille, sur les pratiques de cette dernière, sur ses ascendants. Il s’impose comme un constat à la fin du livre, et non comme un impératif.

Ainsi, Nathalie Rheims nous suggère-t-elle que sa mère, enfant elle-même issue du remariage de son grand-père, aurait été fragilisée dans l’atteinte de son propre équilibre affectif. Ce dernier, sa mère semble l’atteindre en tombant amoureuse d’un peintre prétendument avant-gardiste dont Nathalie Rheims tourne en dérision les prétentions, l’arrogance intellectuelle, et surtout la place qu’il prend dans la vie de sa mère, excessive à ses yeux, car provoquant son exclusion affective de la famille.

Lawrence d'Arabie, Michel Renouard

Ecrit par Stéphane Bret , le Mercredi, 05 Décembre 2012. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Folio (Gallimard), Biographie

Lawrence d’Arabie, novembre 2012, 320 p. 8,60 € . Ecrivain(s): Michel Renouard Edition: Folio (Gallimard)

 

Qui était vraiment Thomas Edward Lawrence, plus connu sous le nom de Lawrence d’Arabie, personnage rendu célèbre par l’interprétation de Peter O’Toole dans le film éponyme de David Lean.

Un homme à l’origine incertaine, nous dit Michel Renouard, dans la biographie qu’il consacre à ce personnage hors normes : T. E. Lawrence est né d’une relation adultère entre son père, Thomas Chapman, et une certaine Sarah Junner, gouvernante. La famille change de résidence, d’identité, et le jeune Thomas se nommera Lawrence, nom présumé du père de Sarah.

Jeune homme solitaire, ascétique, T. E. Lawrence manifeste un goût prononcé pour les siècles anciens et pour les humanités : le latin et le grec n’ont pas de secret pour lui, il traduit L’Odyssée d’Homère. Les croisades, la geste associée à cette période, le personnage de Richard Cœur de Lion, sont des marqueurs pour ce jeune homme qui délaisse les amitiés particulières, relativement répandues dans les Public Schools britanniques à cette époque, pour ne se consacrer qu’à la poésie, au rêve éveillé.

Géographie des baleines, Manuèle Peyrol

Ecrit par Stéphane Bret , le Mardi, 27 Novembre 2012. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman

Géographie des baleines, Editions De Fallois, octobre 2012, 248 p. 18 € . Ecrivain(s): Manuèle Peyrol

L’enfance rend-elle imperméable aux mensonges et aux faux-semblants des adultes ? Selon Manuèle Peyrol, la réponse pourrait être positive si l’on est, comme le principal personnage de son roman, Marie, dotée d’une lucidité à toute épreuve et d’une perspicacité hors norme.

Marie est âgée de cinq ans en 1940. Elle demeure dans un appartement bourgeois avec vue sur le port d’Oran. Tout pourrait se passer très normalement à ceci près que Marie a, déjà, décelé dans l’attitude des adultes un côté ridicule qui la conduit à assimiler ces derniers à des baleines, en raison de la perception de leur taille, aussi démesurée que celles des vraies baleines.

Des échos de conversation tenues entre ses parents parviennent aux oreilles de Marie, des bribes de phrases captées dans les propos des habitants de son immeuble qui semblent se présenter comme des échantillons représentatifs de la société coloniale de l’époque : la « dame russe », ainsi que l’appelle Marie, en raison de son origine russe blanche, monsieur Pinchina, élégant, urbain, cultivant le raffinement, dont on apprend la judéité, la concierge Madame Visconti, la servante Amina, qui va conduire avec Marie quelques dialogues piquants sur les « Indigènes » et la transformation de l’Algérie : « Ils disent que c’est la France mais nous ne sommes pas des Français. Eux sont chez eux, et nous aussi nous sommes chez eux, même si nous sommes chez nous… »