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Depuis que la samba est samba, Paulo Lins

Ecrit par Stéphane Bret , le Mardi, 09 Septembre 2014. , dans La Une Livres, La rentrée littéraire, Les Livres, Critiques, Langue portugaise, Asphalte éditions, Roman

Depuis que la samba est samba, Trad. du portugais (Brésil) par Paula Sainot, septembre 2014, 287 pages, 22 € . Ecrivain(s): Paulo Lins Edition: Asphalte éditions

 

 

Le roman de Paulo lins se déroule dans le Rio des années 20, et plus précisément dans le quartier de l’Estácio, où se croisent des malfrats, des proxénètes, des prostituées, des homosexuels, des immigrés. On y trouve également des artistes, des musiciens susceptibles d’incarner la bohème locale. Ismael Silva est compositeur, il aspire à changer la musique, à l’adapter à la culture de tous les Brésiliens, autrement dit, d’incorporer dans la musique les traditions issues des origines indienne et africaine du Brésil. Son ami, Brancura, ambitionne d’écrire des sambas ; il apparaît très vite beaucoup plus doué pour le proxénétisme, qu’il développe dans son quartier, en proie aux bagarres dans les bars, au trafic de drogue, aux descentes fréquentes de la police. Brancura a un rival, Sodré, fils d’immigrés portugais ayant passablement bien réussi. Ils aiment la même femme, Valdirène, l’une des plus belles filles de l’Estácio, prostituée de son état. Sodré est blanc, Brancura est noir, descendant d’esclaves.

Par ailleurs (exils), Linda Lê

Ecrit par Stéphane Bret , le Mercredi, 03 Septembre 2014. , dans La Une Livres, La rentrée littéraire, Les Livres, Critiques, Essais, Christian Bourgois

Par ailleurs (exils), août 2014, 168 p. 13 € . Ecrivain(s): Linda Lê Edition: Christian Bourgois

 

Quel peut être le rôle de l’exil, du déracinement dans la vision du monde d’un écrivain ? Frein, déclin ou ressourcement ?

Dans un essai intitulé Par ailleurs (Exils), Linda Lê aborde cette question en évoquant tour à tour le sort d’écrivains en dissidence, exilés de l’intérieur ou contraints au départ physique. Elle y évoque également le cas de ceux qui ont changé de langue pour écrire et s’approprier ainsi un nouvel univers intellectuel autant que linguistique. La conduite d’un exilé, apprend-on, doit éviter de nombreux écueils : Edward Saïd met en garde de tomber dans « le narcissisme masochiste » et de ne pas faire de l’exil un « fétiche, une pratique qui l’éloigne de tout rapprochement ou engagement ».

Sur ce qui déclenche l’exil, comme sentiment intérieur, Linda Lê cite avec grande pertinence André Gide qui avait en son temps mené bataille contre les liaisons dangereuses entre nationalisme et littérature. Il répondit que la France devait beaucoup « à un confluent de races » et que les grands artistes étaient « les produits d’hybridations et le résultat de déracinements, de transplantations ». Un autre exilé des lettres, Klaus Mann, vit dans l’exil un aiguillon, il se définissait comme « un cosmopolite d’instinct », « toujours inquiet, toujours en quête ».

De toutes les richesses, Stefano Benni

Ecrit par Stéphane Bret , le Vendredi, 22 Août 2014. , dans La Une Livres, Actes Sud, Les Livres, Critiques, Italie, Roman

De toutes les richesses, Traduit de l'italien par Marguerite Pozzoli, juin 2014, 288 pages, 22 € . Ecrivain(s): Stefano Benni Edition: Actes Sud

Martin, un professeur d’âge avancé, est retraité dans un village des Apennins. Il y vit, pas à tout à fait seul car il s’entoure aussi à l’occasion d’animaux qui lui parlent, tel son chien. Il n’est pas un ermite intégral car il est resté en contact avec Remorus, artiste quelque peu cynique, assoiffé de gloire, de reconnaissance, et avec Voudstok, cultivateur de cannabis, nostalgique des années 60, dont l’auteur trace le portrait :

« Virgile, alias Voudstok, habite dans une maison rutilante de tags, à un kilomètre et demi d’ici. Pour lui, le temps s’est arrêté à l’époque du paléo-rock et de Woodstock. Il a le même âge que moi, mais il porte des jeans pattes d’éléphant ornés de dessin, des gilets en cuir, une longue queue de cheval de cheveux blanchâtres, et touche finale, un bandana sur le front ».

Désireux de prendre ses distances avec le milieu universitaire dont il est issu et dont il connaît tous les codes, Martin apprend par Voudstok qu’un jeune couple s’installe près de chez lui. Le compagnon, que Martin surnomme Le Torve, ne provoque guère de sympathie chez lui ; il n’en est pas de même pour Michelle qui réveille en lui des sentiments, des sensations, des désirs qu’il croyait ensevelis, classés dans ses archives affectives. Il revit, redécouvre, par l’échange et la conversation avec Michelle, des nouvelles potentialités. Ainsi précise-t-il à Michelle le sens de l’attente dans l’amour :

La Chasseuse d’astres, Zoé Valdès

Ecrit par Stéphane Bret , le Lundi, 16 Juin 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Amérique Latine, Roman, Jean-Claude Lattès

La Chasseuse d’astres, traduit de l’espagnol par Albert Bensoussan, février 2014, 342 pages, 22 € . Ecrivain(s): Zoé Valdès Edition: Jean-Claude Lattès

 

Le roman de Zoé Valdès commence comme il finit : par l’évocation de ses intentions, lors d’une visite en bord de mer. Zamia, femme de lettres cubaine en mal d’inspiration, vient contempler la mer ; elle est la proie, croit-elle, de la vision d’une femme qui s’approche d’elle et lui déclare : « Tu es une charmeuse d’océans. Et moi, une chasseuse d’astres ».

Tout, dès lors, est articulé autour de ce qui déclenche cette vision. Zamia est passablement désabusée par les hommes qu’elle côtoie : Pablo, son époux légitime, Alvaro, son amant, au concours affectif incertain et aléatoire. Pablo est diplomate, salarié du régime castriste, et doit rendre des comptes, y compris sous la forme de transmission de renseignements sur l’activité contre-révolutionnaire des citoyens cubains à Paris. Zamia cherche pourtant à écrire, sur Cuba, sur Batista, et bientôt sur Remedios Varo, peintre surréaliste des années vingt d’origine catalane. Elle découvre sa vie, ses orientations artistiques, l’ambiance de l’époque et y voit, pour elle-même, auteure potentielle d’un roman, un modèle, une référence, une aide précieuse.

Voyages avec l’absente, Anne Brunswic

Ecrit par Stéphane Bret , le Vendredi, 06 Juin 2014. , dans La Une Livres, Actes Sud, Les Livres, Critiques, Récits

Voyages avec l’absente, mai 2014, 196 pages, 20 € . Ecrivain(s): Anne Brunswic Edition: Actes Sud

 

C’est un récit particulier que nous livre Anne Brunswic, celui d’une tentative d’explication, d’éclairage de la vie de sa mère, Françoise Tuchband, disparue en 1959 lorsque la narratrice avait huit ans. Le récit est articulé autour de lettres, imaginaires, écrites à cette mère absente, et s’appuie également sur des archives familiales, celles de son père, Henri Brunswic. Pourtant, le cadre purement familial est loin d’être l’unique thème de ce récit. Pendant la Seconde guerre mondiale, l’histoire de la famille d’Anne Brunswic passe en effet par Bruxelles, un séjour à Paris, puis en Bretagne. Le franchissement de la ligne de démarcation précède l’embarquement vers le Portugal, puis Londres comme destination finale.

Anne Brunswic évoque aussi les origines de sa famille maternelle en Lituanie, ce qui est prétexte à un examen de l’histoire de cette partie de l’Europe, si souvent sujette à des changements de frontière, de nom, d’appartenance politique.