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Voyages avec l’absente, Anne Brunswic

Ecrit par Stéphane Bret , le Vendredi, 06 Juin 2014. , dans La Une Livres, Actes Sud, Les Livres, Critiques, Récits

Voyages avec l’absente, mai 2014, 196 pages, 20 € . Ecrivain(s): Anne Brunswic Edition: Actes Sud

 

C’est un récit particulier que nous livre Anne Brunswic, celui d’une tentative d’explication, d’éclairage de la vie de sa mère, Françoise Tuchband, disparue en 1959 lorsque la narratrice avait huit ans. Le récit est articulé autour de lettres, imaginaires, écrites à cette mère absente, et s’appuie également sur des archives familiales, celles de son père, Henri Brunswic. Pourtant, le cadre purement familial est loin d’être l’unique thème de ce récit. Pendant la Seconde guerre mondiale, l’histoire de la famille d’Anne Brunswic passe en effet par Bruxelles, un séjour à Paris, puis en Bretagne. Le franchissement de la ligne de démarcation précède l’embarquement vers le Portugal, puis Londres comme destination finale.

Anne Brunswic évoque aussi les origines de sa famille maternelle en Lituanie, ce qui est prétexte à un examen de l’histoire de cette partie de l’Europe, si souvent sujette à des changements de frontière, de nom, d’appartenance politique.

Yamabuki, Aki Shimazaki

Ecrit par Stéphane Bret , le Samedi, 24 Mai 2014. , dans La Une Livres, Actes Sud, Les Livres, Critiques, Roman, Québec

Yamabuki, avril 2014, 144 pages, 13,80 € . Ecrivain(s): Aki Shimazaki Edition: Actes Sud

 

Zakuro Toda est une jeune femme japonaise, partisane de l’égalité entre les sexes, du libre choix de son futur époux. Elle est la nièce de Mme Aïko Toda qui va fêter bientôt son anniversaire de mariage avec Tsuyoshi Toda, rencontré il y a déjà quelques décennies.

Pour assurer son choix, elle décide de prendre conseil auprès de sa tante, femme mûre et expérimentée. En apprenant la future visite de sa nièce, Aïko Toda remonte le fil de ses propres souvenirs, de sa jeunesse dans le japon de l’après-guerre, marqué par l’occupation américaine, le sort des prisonniers de guerre japonais détenus en Sibérie, et dont on ne sait s’ils sont toujours vivants ou exécutés. Elle se souvient des usages du Japon d’alors, de la bonne éducation que l’on doit acquérir pour trouver un mari. On y apprend qu’elle admire son époux, salarié d’un entreprise prestigieuse. Il voyage, se comporte comme un samouraï, sert les intérêts de son pays, contribue à sa restauration. L’auteure décrit les aspects de la vie quotidienne d’alors, le poids du miaï, sorte d’institution des mariages arrangés, qui pesait sur les destinées des Japonaises…

Le jeune homme qui voulait ralentir la vie, Max Genève

Ecrit par Stéphane Bret , le Samedi, 17 Mai 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Serge Safran éditeur

Le jeune homme qui voulait ralentir la vie, mai 2014, 224 pages, 14,50 € . Ecrivain(s): Max Genève Edition: Serge Safran éditeur

 

C’est un roman rafraîchissant, plaisant que nous livre en cette occasion Max Genève. Son livre, intitulé Le jeune homme qui voulait ralentir la vie, débute simplement : c’est le sort d’un jeune magasinier dans une quincaillerie, Benoît. Il vit dans la rue des Pyrénées dans le vingtième arrondissement de Paris, ce qui jusque-là est très ordinaire. Il éprouve cependant une aspiration particulière : ralentir le temps, réaménager la vie. Pour ce faire, il fonde un mouvement, le MPL, Mouvement pour la Promotion de la Lenteur en compagnie de M. Belon, inspecteur de police à la retraite.

Ses employeurs de la quincaillerie lui demandent d’accompagner Pauline et une amie en Espagne pour les vacances d’été. A Bilbao, ils rencontrent un bien curieux personnage : le marquis Heitor Carjaval de Benito Sousa. Et c’est là que le roman bascule : tout d’abord dans le fantastique, puis dans l’onirique car ce marquis fait visiter par son imaginaire, très dense, des contrées inconnues à ses visiteurs. Ces terres sont lointaines ; elles se situent dans les mers australes mais ce n’est pas l’exotisme qui nous habite, mais une véritable réflexion sur le temps et les rapports que notre civilisation de l’éphémère et de la vitesse entretient avec lui.

Le sang des papillons, Vivian Lofiego

Ecrit par Stéphane Bret , le Mercredi, 16 Avril 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Jean-Claude Lattès

Le sang des papillons, mars 2014, 284 pages, 20 € . Ecrivain(s): Vivian Lofiego Edition: Jean-Claude Lattès

 

Peut-on évoquer les horreurs de l’histoire récente de son pays par le biais romanesque ? C’est le choix fait par Vivian Lofiego dans son premier roman, Le Sang des papillons. Nous sommes en Argentine en 1976. Tamara, très jeune enfant, voit son père se faire emmener de force vers un probable lieu de détention ou d’exécution, elle ne le sait pas encore. Très vite, le roman, qui a la particularité de n’inclure que très peu de dialogues directs, s’imprègne du sentiment de la peur, de l’omniprésence de la mort. Après avoir évoqué la situation d’un lieu à Buenos Aires, La ESMA, l’auteure rappelle ce que ce lieu a représenté pour les Argentins qui y furent internés : un centre de torture, d’internement. Vivian Lofiego précise les méthodes de répression :

« Ces terres donnèrent une fleur atroce. Une fois que les prisonniers avaient été interrogés, humiliés, torturés, on les assassinait. (…) En réalité, ils montaient dans les vols de la mort. Endormis, nus on les jetait, on les précipitait en plein vol dans le fleuve. On appela ce crime une forme chrétienne de mort ».

Derrière la colline, Xavier Hanotte

Ecrit par Stéphane Bret , le Mercredi, 19 Février 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Belfond

Derrière la colline, janvier 2014, 430 pages, 20 € . Ecrivain(s): Xavier Hanotte Edition: Belfond

 

Derrière la colline est un roman de Xavier Hanotte, écrit en 2000, et réédité fort à propos par les éditions Belfond. Cette réédition s’inscrit dans l’ensemble des commémorations du centenaire de la première guerre mondiale.

Nigel Parsons et William Salter, les deux principaux personnages de ce roman, vont être engagés en cette année 1916 dans les opérations de la bataille de la Somme, événements des plus meurtriers de cette guerre. Pour Nigel Parsons, le rapport au père, et plus exactement le besoin de voir l’estime de ce dernier confirmée, le conduit à s’engager, tout autant que l’échec de sa relation avec Béatrice, femme à l’égard de laquelle ses sentiments se sont taris. Au cours de sa phase de préparation, pendant laquelle il rencontre William Salter, jardinier de son état, Nigel Parsons éprouve le besoin de lire les vers d’un poète Nicholas Parry, pour se délecter des descriptions de la nature contenues dans les vers de ce poète. Pourtant, c’est sur la nature des sentiments de ses frères d’armes que s’interroge Nigel Parsons : « Ils ont signé, ils ont choisi. Mais en fin de compte, le but leur importe peu. Même allongée d’alcool, ils ont la foi. Et surtout l’élan. Cela seul compte ».