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La fille surexposée, Valentine Goby

Ecrit par Stéphane Bret , le Mercredi, 05 Février 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Alma Editeur, Roman

La fille surexposée, janvier 2014, 136 pages, 17 € . Ecrivain(s): Valentine Goby Edition: Alma Editeur

Les éditions Alma ont choisi de faire illustrer les thèmes fondamentaux de l’art énoncés par Picasso dans La Tête d’Obsidienne : « la naissance, la grossesse, la souffrance, le meurtre, le couple, la mort, la révolte et peut-être le baiser ». Valentine Goby a opté pour la révolte, thème développé dans son ouvrage La fille surexposée.

Dans ce récit, l’auteure décrit le voyage d’une carte postale. Celle-ci passe des mains du photographe qui prend le cliché à une prostituée marocaine, pour finir dans les mains d’un soldat français qui l’achète dans une boutique de Casablanca, dans les années 40. Cette carte parvient enfin dans les mains de la petite-fille de ce militaire, à l’occasion d’une inspection des papiers d’un héritage.

On connaît, bien sûr, le penchant auquel on peut céder par facilité ou par préjugé, lorsqu’on évoque le Maroc, l’Afrique du Nord. On pense aux peintures orientalistes de Delacroix, aux portraits des femmes de la kasbah écrits par Pierre Loti. Valentine Goby veut, dans ce livre, faire justice de ces visions. Ce qu’elle nous dit, c’est que cette carte postale, avant d’être la représentation d’un exotisme facile, est d’abord un mensonge. Ce dernier engobe bien sûr la condition de prostituée à cette époque dans le Bousbir de Casablanca. Ce vocable viendrait de la déformation de l’euphonie du prénom Prosper que les autochtones auraient changé en « Bousbir ».

Mourir pour la patrie, Akira Yoshimura

Ecrit par Stéphane Bret , le Mardi, 28 Janvier 2014. , dans La Une Livres, Actes Sud, Japon, Les Livres, Critiques, Roman

Mourir pour la patrie, Trad. du japonais par Sophie Refle janvier 2014, 176 pages, 18,50 € (13,99 € en numérique) . Ecrivain(s): Akira Yoshimura Edition: Actes Sud

 

Les récits de guerre peuvent refléter fidèlement l’état d’esprit des combattants décrits dans ce type de texte. C’est assurément le cas avec Mourir pour la patrie d’Akira Yoshimura. Ce roman se déroule lors de la bataille d’Okinawa, intervenue entre le 1er avril 1945 et le 21 juin de cette même année. Un jeune collégien japonais, Higa Shinichi, est enrôlé dans le bataillon de la première école secondaire d’Okinawa. Pourtant, ce jeune garçon, patriote jusqu’au bout des ongles, est déçu : il n’est pas affecté dans une unité combattante, mais dans un service de secours et d’évacuation des blessés. Son souhait le plus cher est de mourir en soldat japonais : dans l’honneur et par le sacrifice pour le « pays des dieux ».

Ainsi éprouve-t-il face aux événements ordinaires de la guerre des sentiments d’attirance : « De multiples fusées éclairantes retombaient en se balançant comme des tentacules de méduse dans le ciel au-dessus de la zone ciblée. Les flammes rouges qui montaient de la terre lui firent penser à l’éclat des torches d’une immense armée qui avancerait dans la nuit. Il observa avec ravissement ce spectacle nocturne ».

Une mesure de trop, Alain Claude Sulzer

Ecrit par Stéphane Bret , le Mercredi, 15 Janvier 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Editions Jacqueline Chambon

Une mesure de trop, septembre 2013, 267 pages, 22 € . Ecrivain(s): Alain Claude Sulzer Edition: Editions Jacqueline Chambon

Marek Olsberg est un pianiste de renom, consacré par les medias, estimé de son propre milieu. Il va donner à la Philharmonie de Berlin un récital de piano en solo. Exercice périlleux pour un musicien, même confirmé. Il doit jouer ce soir-là des œuvres de Scarlatti, de Barber et de Beethoven dont il prévoit d’exécuter la Sonate Hammerklavier N°29 opus 106.

Alors qu’il l’interprète devant les auditeurs attentifs de la Philharmonie parmi lesquels certains de ses amis, des artistes, des élus locaux, des personnalités du monde musical, il s’arrête en plein concert, ferme le piano et quitte l’estrade en énonçant : « C’est tout ».

L’habilité d’Alain Claude Sulzer consiste à décrire dans une première partie de ce roman les vies et interdépendances entre certains personnages qui ont pour point commun d’avoir approché Marek Olsberg, de travailler pour lui, telle Astrid Maurer, secrétaire remarquablement efficace et dévouée, témoignant pour son patron une disponibilité de tous les instants, le protégeant des importuns, de la presse, du monde extérieur. Il y a également un couple d’homosexuels, Claudius et Nico. On apprendra plus tard que Claudius a été l’amant de Marek. D’autres personnes sont impliquées dans ce panorama : Esther, qui va découvrir, en rentrant chez elle plus tôt que prévu, que son époux Thomas la trompe et se comporte comme un homme salace et lubrique.

LSD 67, Alexandre Mathis

Ecrit par Stéphane Bret , le Mardi, 07 Janvier 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Serge Safran éditeur

LSD 67, août 2013, 568 pages, 23,50 € . Ecrivain(s): Alexandre Mathis Edition: Serge Safran éditeur

 

Le titre du roman d’Alexandre Mathis fait référence à la drogue du même nom ; le sigle est aussi l’abrégé de trois prénoms de ce récit : Liliane, Sony, Dora.

Nous sommes au Quartier Latin, en 1967. Une bande de marginaux, adeptes de la défonce, de l’utilisation massive de stupéfiants et hallucinogènes de toute nature : amphétamines, LSD, cocaïne, morphine, acide, vit dans la marginalité la plus totale. On y trouve, outre les trois déjà cités : Chico, Cybèle, Gégé, JF, Doudou.

Leur but : « Affirmation du non péremptoire à toute choses établies, imposées. Façon d’être, prenant une importance démesurée, essentielle. Décalée ».

C’est le cinéma qui oriente ces jeunes marginaux vers cet état d’esprit : « Nous maintenant dans une idéologie de révolte permanente contre l’art établi ».

Amour sur le rivage, Michal Govrin

Ecrit par Stéphane Bret , le Vendredi, 20 Décembre 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Israël, Roman, Sabine Wespieser

Amour sur le rivage, Traduit de l'hébreu par Laurent Cohen octobre 2013, 373 pages, 24 € . Ecrivain(s): Michal Govrin Edition: Sabine Wespieser

 

 

Ce pourrait être la description d’un banal coup de foudre sur une plage en été, une péripétie tout juste susceptible d’imprimer un agréable souvenir dans une vie ordinaire. Le roman de Michal Govrin se passe en Israël au début des années soixante.

Esther Weiss, jeune apprentie en sténographie et dactylographie, vient de terminer sa scolarité dans une école religieuse ; elle va partir à l’armée. Pour fêter cet événement, elle s’achète en secret une robe à bretelles, qui la dénude, un peu, et se rend au dancing de la plage à Ashkelon, nouvelle cité du littoral méditerranéen du jeune état. On y écoute Paul Anka, Alain Barrière, Put your head on my shoulder, Elle était si jolie. Au bar de ce dancing, un jeune homme, arrivé de Paris, boit un Campari ; il s’appelle Moïse Derand. Sa présence se justifie par la cérémonie de l’enterrement de sa mère.