LSD 67, Alexandre Mathis
LSD 67, août 2013, 568 pages, 23,50 €
Ecrivain(s): Alexandre Mathis Edition: Serge Safran éditeur
Le titre du roman d’Alexandre Mathis fait référence à la drogue du même nom ; le sigle est aussi l’abrégé de trois prénoms de ce récit : Liliane, Sony, Dora.
Nous sommes au Quartier Latin, en 1967. Une bande de marginaux, adeptes de la défonce, de l’utilisation massive de stupéfiants et hallucinogènes de toute nature : amphétamines, LSD, cocaïne, morphine, acide, vit dans la marginalité la plus totale. On y trouve, outre les trois déjà cités : Chico, Cybèle, Gégé, JF, Doudou.
Leur but : « Affirmation du non péremptoire à toute choses établies, imposées. Façon d’être, prenant une importance démesurée, essentielle. Décalée ».
C’est le cinéma qui oriente ces jeunes marginaux vers cet état d’esprit : « Nous maintenant dans une idéologie de révolte permanente contre l’art établi ».
Les salles de cinéma d’art et essai, nombreuses à cette époque dans le Quartier Latin et St-Germain-des-Près, sont évoquées dans le récit comme des lieux de formation, d’élaboration de la mémoire culturelle d’un certain cinéma. L’auteur passe en revue l’Action Champo, l’Action Christine, Le St-Germain Village, le Studio Cujas, et tant d’autres, dont le souvenir ne subsiste que dans la mémoire de ceux, dont l’auteur de ces lignes, qui ont connu cette période. Alexandre Mathis nous livre ainsi une très belle description du cinéma du drugstore St-Germain, voisin de la brasserie Lipp, lieu où l’on rencontrait Jacques Dutronc et François Hardy…
Pour ces personnages, c’est l’heure d’écouter de la musique pop, les grands succès du moment : « La musique, c’est plutôt le Spencer Davis Group, Them avec Gloria, 96 Tears par Question mark (…) LSD des Pretty Things interdit sur les ondes ».
Pour certains d’entre eux, c’est aussi l’heure des hallucinations multiples, des visites dans les pharmacies pour parer au plus pressé, calmer la douleur du manque. Pour Juliette et Sonny, c’est la mort qui sanctionne ce parcours.
Le mérite essentiel d’Alexandre Mathis est de relier le sort de ces personnages à l’histoire de Paris, du cinéma. Ainsi convoque-t-il en exergue de certains chapitres des citations de Rétif de la Bretonne, Huysmans, Théophile Gautier, pour illustrer la présence du thème de la drogue dans la littérature.
Un défaut dans l’ouvrage : il aurait gagné à être sérieusement raccourci, les chapitres étant à notre sens beaucoup trop nombreux.
Stéphane Bret
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