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Roman

La Pierre du remords, Arnaldur Indridason (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Mardi, 29 Juin 2021. , dans Roman, Les Livres, Critiques, Polars, La Une Livres, Pays nordiques, Métailié

La Pierre du remords, février 2021, trad. islandais, Éric Boury, 320 pages, 21,50 € . Ecrivain(s): Arnaldur Indridason Edition: Métailié

 

Marta, cheffe de la police, est appelée sur une scène de crime. Sur place, elle découvre, allongée derrière la porte d’entrée, dans son appartement mis sens dessus dessous, une septuagénaire qui d’après les dires du légiste aurait été étranglée et étouffée avec un sac en plastique. Elle appelle Konrad, un ex-collègue dont la carte de visite est en vue, posée sur un meuble. Ce dernier vient retrouver Marta qui le questionne au sujet de cette carte. Après un moment d’hésitation, il se souvient que cette femme, Valborg, sachant qu’il avait travaillé dans la police, avait fait appel à lui il y a quelque temps pour retrouver un fils qu’elle aurait eu quarante-sept ans plus tôt suite à un viol. Konrad aurait à cette époque décliné cette proposition de travail. Aujourd’hui, cette femme retrouvée morte, il éprouve du remords, il pense qu’elle partageait le même sentiment, et se sent très concerné par la disparition de l’enfant.

Sœurs dans la guerre, Sarah Hall (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 25 Juin 2021. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Rivages

Sœurs dans la guerre, mai 2021, trad. anglais, Éric Chedaille, 300 pages, 20 € . Ecrivain(s): Sarah Hall Edition: Rivages

Les centurionnes

Le roman Sœurs dans la guerre se présente comme un document de profilage d’archives, du fichier 1 au fichier 7. Nous allons suivre la quête de Sœur, le personnage principal, depuis une cité, Rith, située dans un secteur « où rodaient les chiens sauvages ». La description des humeurs humides d’une planète nécrosée, ravagée du point de vue climatique, « un fumoir à poisson », d’où s’échappent des miasmes léthaux, provoque la nausée. Les souvenirs de famille, la routine réconfortante, ont cédé la place à un enfer. Les survivants de l’ancien monde sont parqués sur des aires surveillées, répartis dans un habitat insalubre – un univers orwellien. De ce monde périmé ne subsiste plus qu’une « version fantomatique », au milieu « des débris non identifiables ». « La réorganisation », « l’effondrement » qualifient ce no man’s land cauchemardesque.  Il n’y a plus que désolation et pillage, il ne subsiste que des ruines, noyées sous la boue et les ordures. Les administrés sont prisonniers d’un camp sous contrôle de « sbires » au service d’un régime totalitaire, militaires et mercenaires. Il s’agit de « la zone », un endroit non répertorié, une arrière-base où les citoyens sont encagés, d’où il est impossible de s’échapper sans encourir de graves dangers. L’eau courante est réduite, l’électricité coupée, les pluies, les inondations, les ruisseaux, les égouts infiltrent les murs, les appartements, les rues.

Un oiseau de feu, Susan Sellers (par Stéphane Bret)

Ecrit par Stéphane Bret , le Vendredi, 25 Juin 2021. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Mercure de France

Un oiseau de feu, Susan Sellers, Traduit de l’anglais par Constance Lacroix, mai 2021, 354 pages, 23,50 € Edition: Mercure de France

 

Nous avons tous entendu parler de la Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie, écrite dans les années trente par John Meynard Keynes, professeur renommé et économiste de son état, auteur de la doctrine économique associée à son nom : le keynésianisme. Susan Sellers, dans une biographie romancée, évoque ce personnage sous un tout autre angle : celui de sa vie privée, de ses repères moraux, de sa conduite, de ses relations mondaines, littéraires avec le groupe de Bloomsbury, auquel appartenaient entre autres Virginia Woolf, Stephen Woolf, son époux, Lytton Strachey, écrivain, Bell Clive, critique d’art, ou encore Vanessa Bell, sœur de Virginia, peintre et décoratrice.

C’est à un duo que nous convie Susan Sellers, un rendez-vous culturel entre Keynes, un universitaire reconnu, embourgeoisé, issu de Cambridge, un pur produit de l’élite britannique ; et Lydia Lopokova, une danseuse russe, dont la formation et l’arrière-plan artistique sont forcément marqués par l’empreinte des Ballets russes, de Diaghilev, et de Nijinski. Cette artiste a rencontré Mikhaïl Fokine, célèbre danseur chorégraphe russe, Isadora Duncan, danseuse en rupture avec les canons de la danse classique.

Le peuple de Manet, Marc Pautrel (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 24 Juin 2021. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Gallimard

Le peuple de Manet, juin 2021, 176 pages, 16,50 € . Ecrivain(s): Marc Pautrel Edition: Gallimard

 

« Il a vu des morts, il va montrer des vivants, il n’a pas pu sauver ceux-là, il va rendre éternels les autres, tous les corps glorieux qu’il croisera, les humains et leurs visages, parfois même les perroquets ou les chiens, et jusqu’aux fleurs, les pivoines, les roses, l’hibiscus dans les cheveux d’une femme offerte, les violettes, les lilas, les tulipes, les œillets et les clématites dans leurs vases de cristal. La vraie vie vécue dans l’étendue du Temps ».

Manet est au cœur de la mitraille ce 4 décembre 1851, Paris se révolte, c’est là dans les rues que le peintre apprend à voir sur le motif. Il voit des corps, du sang, les barricades, la charge des dragons, l’œil est dans sa main, et sa main dessine, c’est sa manière de se mêler à la révolte. Vingt ans plus tard, c’est la Commune, Manet est loin de Paris, il y revient à la fin de la « Semaine sanglante », une nouvelle fois, c’est la mort, les larmes et les fusillés : contraire exact de l’Art, et donc contraire à la vie.

Ce n’était que la peste, Ludmila Oulitskaïa (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Jeudi, 24 Juin 2021. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Russie, Gallimard

Ce n’était que la peste, avril 2021, trad. russe, Sophie Benech, 138 pages, 14 € . Ecrivain(s): Ludmila Oulitskaïa Edition: Gallimard

 

Ce fut un accident idiot – comme au fond ils le sont tous. Un biologiste travaillant dans un institut de recherches à Saratov, sur des souches de la peste pulmonaire, reçoit en pleine nuit, alors qu’il est dans son laboratoire, un appel téléphonique lui enjoignant de se rendre sans délai à Moscou. Dans l’Union soviétique de Staline, ce n’est pas le genre de convocation qui fait plaisir, et pas seulement parce que cela représente un voyage aller-retour de mille cinq cents kilomètres. Dans la précipitation, le chercheur ne rajuste pas son masque correctement et, sans le savoir ni le vouloir, il emporte ainsi la peste dans le train, puis dans la capitale, à son hôtel et à l’hôpital où son état le conduira. Il sera le premier à mourir, mais pas le seul. En 1720, la peste fit disparaître entre 30.000 et 40.000 personnes, la moitié de la population marseillaise. Moscou comptait en 1939 plus de quatre millions d’habitants…