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Roman

Dérives des âmes et des continents, Shubhangi Swarup (par Cathy Garcia)

Ecrit par Cathy Garcia , le Lundi, 10 Mai 2021. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Asie, Métailié

Dérives des âmes et des continents, Shubhangi Swarup, mars 2020, trad. anglais (Inde) Céline Schwaller, 368 pages, 22 € Edition: Métailié

Au cœur des voix et des sensations se cache une prémonition de ce qui va se produire. Toute évolution est guidée par l’instinct primordial. Celui qui nous rend libres d’explorer les géographies incertaines du désir, pour finalement découvrir le bonheur de la mortalité. L’instinct nous conduit tous vers le lac primordial. Flottant telles de simples cellules isolées, attendant que la vie cesse.

 

Tectoniques des plaques et tectoniques des existences, Dérives des âmes et des continents est un bien étrange et déroutant roman, avec un soupçon de conte et de magie et une grande érudition scientifique : les sciences de la Terre. Il prend racine dans les îles d’Andaman encore habitées de quelques ethnies autochtones et où les Britanniques avaient construit le plus grand et sinistre bagne politique du monde au XIXe siècle. Des îles qui ont été frappées en 2004 par un tsunami des plus meurtriers suite à un des séismes les plus puissants jamais enregistrés. Un jeune couple de mariés s’installe sur une des îles – dans les années 50 on suppose – dans une ancienne demeure coloniale pleine de fantômes.

La fille du sculpteur, Tove Jansson (par Delphine Crahay)

Ecrit par Delphine Crahay , le Lundi, 10 Mai 2021. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Pays nordiques

La fille du sculpteur, Tove Jansson, éd. La Peuplade, février 2021, trad. suédois, Catherine Renaud, 176 pages, 18 €

 

Traduit intégralement et édité pour la première fois en français, La fille du sculpteur a été publié en Suède en 1968. C’est le récit d’une enfance inspirée de celle de Tove Jansson, au début du XXe siècle, entre Helsinki et l’archipel de Porvoo, entre le port et l’atelier, les hommes et les animaux, le réel et l’imaginaire, les sculptures du père et les dessins de la mère, l’art et les fêtes.

Il s’agit d’un recueil d’épisodes assez brefs – scènes ou anecdotes et, çà et là, petites histoires qui ressemblent à des fables – peuplés par la famille et la ménagerie du sculpteur, ainsi que par quelques figures pittoresques – telle Fanny, la vieille dame qui collectionne les cailloux, les coquillages et les animaux morts, allume le feu du sauna et chante pour appeler la pluie, ou « la vieille fille qui avait une idée ». Il s’ouvre bibliquement, en Paradis ou presque, sous le regard débonnaire d’un grand-père avatar de dieu – de chute, point, l’auteure ayant pris, entre autres licences heureuses, quelques libertés avec le texte sacré – et se ferme sur le récit d’une fête de Noël.

Le Domaine, Federigo Tozzi (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 07 Mai 2021. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Italie, La Baconnière

Le Domaine, avril 2021, trad. italien, Philippe Di Meo, 224 pages, 20 € . Ecrivain(s): Federigo Tozzi Edition: La Baconnière

 

Talent incontestable du premier quart du XXe siècle, avec Pirandello et Svevo, Federigo Tozzi eut le temps d’écrire quelques romans. Il mourut à trente-sept ans en 1920.

La Baconnière depuis quelques années réédite ses ouvrages. L’histoire particulièrement dramatique de ce Domaine a sans doute des relents autobiographiques : Federigo était le fils d’un propriétaire terrien de la région de Sienne.

Rappelé au chevet de son père qu’il n’a plus vu depuis longtemps, Remigio, seul enfant de Giacomo, est amené, sans aucune compétence, à gérer un vaste domaine. Il y retrouve sa belle-mère Luigia et les ouvriers agricoles, dont l’irritable Berto, qui, dès le départ, lui en veut pour ne pas être à la hauteur de sa tâche. Sans compter la maîtresse spoliée de la succession, Giulia, qui va tout mettre en œuvre pour regagner son dû.

Meurtres à Mahim, Jerry Pinto (par Patrick Abraham)

Ecrit par Patrick Abraham , le Vendredi, 07 Mai 2021. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Asie

Meurtres à Mahim, Editions Banyan, mars 2021, trad. anglais (Inde) Patrice Ghirardi, 230 pages, 17,50 € . Ecrivain(s): Jerry Pinto

 

On peut lire Meurtres à Mahim, le deuxième roman de Jerry Pinto à être traduit en français après Nous l’appelions Em (Actes Sud, Lettres indiennes, 2015), comme un polar particulièrement bien ficelé : qui a tué Lachhman S. Parthusta, alias « Proxy », jeune homme d’une vingtaine d’années dont on a retrouvé le corps poignardé et mutilé (un rein grossièrement prélevé) près des urinoirs publics de la gare de Matunga, dans une banlieue de Bombay ? Est-ce un assassinat homophobe, un règlement de compte, une vengeance, une affaire de trafic d’organes ? Peter Fernandes, journaliste d’investigation à la retraite, avec l’aide de l’inspecteur de police Shiva Jende, un camarade d’études, va mener l’enquête. Rebondissements, fausses pistes, faux suicide, nouveaux meurtres, dénouement à la fois surprenant et prévisible tiendront en haleine jusqu’à l’ultime page selon les conventions du genre.

Les Fenêtres, Hanna Krall (par Stéphane Bret)

Ecrit par Stéphane Bret , le Vendredi, 07 Mai 2021. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Pays de l'Est, Editions Noir sur Blanc

Les Fenêtres, Hanna Krall, avril 2021, trad. polonais, Margot Carlier, 149 pages, 18 € Edition: Editions Noir sur Blanc

 

La Pologne a capté l’attention dans les années soixante-dix : les observateurs ont assisté à la création d’un syndicat libre dans ce pays encore sous la domination du communisme, Solidarnosc. Le pape Jean-Paul II a contribué également, par son engagement et son prestige moral, au tournant de 1989, qui a engendré la disparition du communisme dans la partie orientale du continent européen.

Hanna Krall, femme de lettres polonaise, décrit dans ce roman, Les fenêtres, non pas l’histoire de la Pologne contemporaine, mais des situations précises, des ambiances, des caractères.

L’action du roman est située en 1984, juste après la levée de l’état de siège. Celina, l’héroïne du roman, est une jeune reporter photographe, elle est âgée d’une quarantaine d’années et assiste au procès de l’étudiant Grzegorz Przemyk, jeune étudiant assassiné par la milice à l’occasion d’une manifestation.