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Roman

Le Livre de Liane, Agathe Lemaitre (par Patrick Devaux)

Ecrit par Patrick Devaux , le Mercredi, 06 Septembre 2023. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres

Le Livre de Liane, Agathe Lemaitre, éditions Harper Collins Traversée, mars 2023, 290 pages, 19 €

 

Liane rêvait de devenir écrivaine. Sa sœur Louise apprend son suicide alors qu’elle s’apprête à fêter son anniversaire. Louise opère alors une démarche à deux voix rendant vie aux évènements qui ont mené sa sœur au drame, les faits étant rendus compréhensibles, notamment, à partir d’archives policières, courriels et journal intime de la défunte. Harcelée à l’école, la tragédie se révèle au grand jour tandis que les tentatives d’interventions, gardées secrètes à ses proches, ne s’avèrent d’aucune aide. Les traces laissées révèlent la forte personnalité de la personne meurtrie :

« Laissez-moi vous dire que je comprends votre point de vue. Je peux entendre que vous trouviez que la situation est au point mort. C’est vrai, j’ai déchiré plusieurs options que vous auriez pensé bénéfiques. J’ai rejeté la possibilité d’hospitalisation, ne pensant pas que cela aurait pu m’aider. J’ai refusé les traitements médicamenteux, et ce même si je suis à ce jour incapable de justifier pourquoi. Je mets en doute l’idée de contacter mes parents, car je ne ressens pas l’envie de m’expliquer avec eux, j’ai juste besoin d’être protégée d’eux ».

Sanctuaire (Sanctuary, 1931), William Faulkner (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 05 Septembre 2023. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Folio (Gallimard), En Vitrine

Sanctuaire (Sanctuary, 1931), William Faulkner, Folio, trad. américain, R.N. Raimbault, Henri Delgove, 376 pages . Ecrivain(s): William Faulkner Edition: Folio (Gallimard)

 

William Faulkner a déclaré dans une interview de 1951 qu’il avait composé ce roman violent en 1931 comme un simple gagne-pain. On pourrait, au premier abord, y croire : un mélodrame criminel glauque et brutal, loin de la veine moderniste des autres ouvrages du Faulkner de l’époque, The Sound and the Fury (1929) et As I Lay Dying (1930), Sanctuary pourrait bien n’être rien de plus qu’une tentative de best-seller, un livre bien ancré dans l’air de son temps, de l’époque « dure » de la littérature américaine. Et ça a marché : ce roman a rapporté à Faulkner plus de renommée et d’argent que toutes ses œuvres publiées jusqu’alors. Même la noirceur du tableau social du Sud pauvre et arriéré pourrait entrer dans l’intention d’offrir au public ce qu’il voulait alors, les lecteurs des villes – qui sont évidemment les plus nombreux – étaient alors friands de récits graveleux issus de ce « Tiers-Monde » des USA que constituait le Sud, avec ses viols, ses incestes et ses meurtres sauvages, tout en gardant la conscience nette, comme si leur intérêt pour ces histoires était une forme de charité.

La Jolie Madame Seidenman, Andrzej Szczypiorski (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Lundi, 04 Septembre 2023. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Pays de l'Est, Editions Noir sur Blanc

La Jolie Madame Seidenman, Andrzej Szczypiorski, Les Éditions Noir Sur Blanc, mai 2023, trad. polonais, Gérard Conio, 272 pages, 23 € Edition: Editions Noir sur Blanc

 

Le titre choisi pour l’édition française du septième roman d’Andrzej Szczypiorski (1928-2000), le plus connu avec Messe pour la ville d’Arras, est malheureux, La Jolie Madame Seidenman (1986), bien que permettant d’articuler un réseau d’interactions après son arrestation dans la Varsovie de 1943, n’est au fond qu’un prétexte pour l’auteur destiné à montrer l’état d’esprit de cette Varsovie au travers du sort et des réflexions d’une poignée de personnages, certains récurrents, d’autres passagers clandestins, la narration oscillant entre le point de vue d’un narrateur omniscient et celui des différents personnages. Le titre polonais est Le Commencement, comme celui d’une Pologne qui doit continuer après la Seconde Guerre mondiale, écartelée, perdant peu à peu sa polonitude, si l’on permet ce barbarisme. Même si le texte de quatrième de couverture présente Irma Seidenman, devenue Maria Magdalena Gotomska afin d’échapper aux persécutions allemandes, comme le personnage auquel le lecteur va s’attacher, au fond, le vrai personnage central de ce roman, c’est la Pologne.

Entre les jambes, Huriya (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 01 Septembre 2023. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres

Entre les jambes, Huriya, Editions Le nouvel Attila, avril 2021, 350 pages, 20 €

 

Ce roman puissamment provocateur, pour une bonne part autobiographique, écrit par l’écrivaine franco-marocaine Huriya, a pour thèmes la confrontation des cultures au sein d’un couple mixte et l’hypocrisie à laquelle peuvent être contraints les individus nés et évoluant au sein d’une société qui les soumet à des règles de vie morales et sociales omni oppressantes. Le personnage principal et narrateur à la première personne se raconte depuis le jour où sa mère, ayant décidé que la présence embarrassante, inconvenante à ses côtés, de cet enfant sans père, de ce « bâtard » non voulu, l’empêche de vivre pleinement sa vie de femme célibataire libérée, voire libertine, l’abandonne sans préavis chez ses propres parents, un couple mixte franco-marocain résidant à Marrakech.

Je crie en direction de ma mère :

« Maman, ne me laisse pas !

– Ne m’appelle pas maman. Je ne suis pas ta mère ».

Monsieur Nostalgie, Thomas Morales (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 31 Août 2023. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Monsieur Nostalgie, Thomas Morales, éd. Héliopoles, juin 2023, 192 pages, 17 € . Ecrivain(s): Thomas Morales

 

« Tout ce que j’ai aimé disparaît peu à peu ; tous mes repères se désagrègent, je ne reconnais plus mon pays aigri et vengeur. Alors, inlassablement, par souci d’équilibre, je mélancolise le passé ».

« À 30 km/h, la vie défilait sur un mode primesautier. Trenet chantait et Cerdan boxait. Mi-vélo, mi-mobylette, le Solex brouillait tous les genres ».

Depuis plus de dix ans qu’il nous offre ses livres, Thomas Morales est devenu l’un des chroniqueurs littéraires français des plus brillants, des plus piquants, des plus gracieux, et des plus inspirés qui soient. Un chroniqueur qui, à chaque livre, révèle son talent de romancier. Il y a chez Thomas Morales des graines de Hussard qui ne cessent de germer, une façon toute française, donc profondément stylée, de célébrer des hommes et des objets qui ont marqué un temps qui avait tout de déraisonnable, autrement dit un temps qu’il était heureux de fréquenter, c’était au siècle dernier, une fin de siècle, qui nous enchantait et nous faisait chanter des chansons que tout le monde connaissait sur le bout des lèvres, nous passions du Solex à la 4L dans une grande jubilation, et goûtions avec délectations aux films de Claude Sautet et les dessins de Sempé – (il a) tapissé notre imaginaire de facteurs, de kermesses, de banderoles et de galurins.