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Roman

Argile et cendres, Zoé Oldenbourg (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 28 Novembre 2023. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Folio (Gallimard)

Argile et cendres, Zoé Oldenbourg, Folio (Nouvelle édition), août 2023, 1056 pages, 14,70 € Edition: Folio (Gallimard)

 

Fini de rédiger en 1944 et publié en 1946, Argile et cendres est le premier ouvrage signé Zoé Oldenbourg, un roman retraçant la vie d’un couple seigneurial, Aalais, et Ansiau de Lignières, baron de son état, durant quatre décennies, du milieu de l’adolescence et leur mariage à la vieillesse, de 1171 à 1209. Aujourd’hui réédité en un seul volume, ce roman trépidant et vivant continue à prétendre au rang de chef-d’œuvre par son écriture précise et son humanisme profond.

En effet, Zoé Oldenbourg prend à cœur de décrire un Moyen Âge réaliste, du moins selon l’état de la recherche historique au milieu du XXe siècle : un lexique exact pour montrer la vie telle que la menaient les seigneurs de la châtellenie de Païens, aux environs de Troyes, à l’époque des Croisades, sous les règnes successifs de Louis VII et Philippe II – qui ne sont que des noms éloignés dans l’espace, des objets de dévotion quasi, dont la politique n’est pas à discuter mais à suivre, d’autant qu’on est sujet du comte de Champagne.

Le Train des enfants (Il treno dei bambini), Viola Ardone (par Marie Duclos)

, le Mardi, 28 Novembre 2023. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Le Livre de Poche, Italie

Le Train des enfants (Il treno dei bambini), Viola Ardone, Le Livre de poche, 2022, trad. italien, Laura Brignon, 288 pages, 8,40 € Edition: Le Livre de Poche

Le roman débute à Naples en 1946 où vit Amerigo, encore garçonnet, seul avec sa mère Antonietta dans un petit appartement mais la plupart du temps dans une rue peuplée de voisins, de voisines qui s’interpellent et partagent un quotidien précaire, sonore et coloré.

Amerigo va découvrir un autre monde, celui du Nord de l’Italie, celui d’une famille nombreuse « d’obédience » communiste et celui de la musique. Pour cela il a fallu prendre Il treno dei bambini, malgré les rumeurs insistantes, il a fallu attendre à l’arrivée qu’une personne le choisisse… Ce sera Derna dévouée à la cause politique. Et c’est Amerigo qui raconte, qui nous emmène dans ses pensées au quotidien, ses peurs, ses espoirs, ses réussites en calcul et ses déceptions, son analyse du monde adulte et des sentiments avec un mélange de légèreté et de philosophie :

« L’après midi, à l’atelier, alors qu’on cirait un piano qu’on devait rendre, Alcide m’avait dit que les enfants méchants ça n’existe pas. C’est que des préjugés, c’est quand tu penses quelque chose avant même de le penser parce que quelqu’un te l’a mis dans la cervelle et qu’il y est resté bien planté ».

La Seconde, Colette (par Marie-Pierre Fiorentino)

Ecrit par Marie-Pierre Fiorentino , le Jeudi, 23 Novembre 2023. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Le Livre de Poche

. Ecrivain(s): Colette Edition: Le Livre de Poche

Chez Colette (2)

« “Où est Jane ?”, demandait à toute heure Fanny, dominée par l’habitude de rencontrer, où qu’elle portât son regard, une jeune femme aimable et active ».

« Farou, rentrant chez lui, ne saluait pas plus Jane qu’un meuble. Mais il butait sur son absence ».

« “Où est Jane ?”, demandait, bouche cousue, yeux anxieux, le petit Farou, arrêté comme par une corde tendue devant le siège vide de Jane ».

Jane est devenue indispensable à tous depuis que Farou, le mari de Fanny, auteur de théâtre à la notoriété grandissante, l’a embauchée dans l’urgence quatre ans auparavant. Disposer de revenus personnels la dispense pourtant, la trentaine venue et après quelques aventures amoureuses, de demander des émoluments à la famille Farou, chez laquelle manne d’une pièce à succès et vaches maigres s’enchaînent au fil des saisons. Bref, Jane est libre.

Ada ou l’Ardeur (Ada or Ardor, 1969), Vladimir Nabokov (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 23 Novembre 2023. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Folio (Gallimard), En Vitrine

Ada ou l’Ardeur (Ada or Ardor, 1969), Vladimir Nabokov, Folio, trad. américain, Gilles Chahine, 756 pages . Ecrivain(s): Vladimir Nabokov Edition: Folio (Gallimard)

 

Ada ou l’Ardeur est assurément le plus grand roman de Vladimir Nabokov, celui qui déploie tout son génie de l’architecture narrative, toute sa dextérité linguistique et tous ses thèmes favoris. Au-delà même, Ada est probablement le plus grand roman de la littérature amoureuse occidentale contemporaine. L’écriture de Nabokov y est, plus que jamais, éblouissante, englobant le récit dans une phrase à la fois complexe et évidente, conçue dans le moindre détail comme un long poème en prose où assonances et allitérations composent une sonate brillante.

Van se trouva, de façon encore vague et distraite, aux prises avec la science qui devait être plus tard le souci obsédant de son âge mûr : les problèmes du temps et de l’espace, l’espace contre le temps, l’espace distordu par le temps, le temps vu comme espace et l’espace comme le temps, l’espace, enfin, rompant avec le temps dans le triomphe ultime et tragique de la réflexion humaine : « Je meurs, donc je suis ».

Derniers jours d’un monde oublié, Chris Vuklisevic (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mercredi, 22 Novembre 2023. , dans Roman, Les Livres, Critiques, Science-fiction, La Une Livres, Folio (Gallimard)

Derniers jours d’un monde oublié, Chris Vuklisevic, Folio SF, mai 2023, 368 pages, 9,20 € Edition: Folio (Gallimard)

 

Chris Vuklisevic a été l’heureuse élue d’un concours organisé pour célébrer les vingt ans de la Collection Folio SF, et Derniers jours d’un monde oublié est son premier roman publié. Malheureusement, le ramage ne vaut pas le plumage et l’on ressort de ces quelque trois cents pages déçu pour dire le moins. La raison en est très simple, de cette déception : Vuklisevic ne parvient pas à trancher parmi ses idées et l’univers narratif qu’elle a créé pèche par une incohérence perturbante pour dire le moins, sans parler d’un goût prononcé pour la cruauté voire le sordide à tout le moins désolant. Expliquons.

Durant trois cents années, l’île-royaume de Sheltel a été isolée du reste du monde, suite à un événement non décrit appelé la « Grande Nuit », et elle est soudain redécouverte, involontairement, par un navire pirate dont l’équipage assoiffé, quasi déshydraté, débarque en ces lieux où l’eau est sévèrement rationnée – ceci explique le titre.