Identification

Roman

L’Homme au lion, Henrietta Rose-Innes

Ecrit par Anne Morin , le Samedi, 01 Avril 2017. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Afrique, Zoe

L’Homme au lion, trad. anglais Elisabeth Gilles, 315 pages, 21 € . Ecrivain(s): Henrietta Rose-Innes Edition: Zoe

 

Curieux roman que celui d’Henrietta Rose-Innes. Elle nous avait surpris avec son Ninive, qui traitait d’une invasion insidieuse d’insectes destructeurs, dé-bâtissant, grignotant les fondations mêmes érigées par l’homme. Cette fois encore, l’histoire se déroule en Afrique du Sud, au Cap, territoire des derniers lions géants à crinière noire. Que s’est-il exactement passé entre Mark, l’homme-gardien-soigneur (?) et Dmitri, le grand lion mâle, pour que celui-ci l’agresse et le mutile ?

Appelé par Margaret, la mère de Mark, Stan, son ami d’adolescence – disponible à tous les sens du terme – prend sans qu’il n’y paraisse ni qu’il lui paraisse, la place de Mark, qu’il n’a pas revu depuis des années, séparé de lui par un drame, auprès de Sekhmet, la lionne solitaire depuis que Dmitri a été abattu. Mark et Stan, interchangeables que tout, pourtant, sépare et séparait déjà du temps de leur adolescence : Stan, négatif de Mark qui, pour plaire à Mark s’était inventé une vie aventurière et un courage et des défis qu’il n’aurait pu tenir jusqu’au bout, jusqu’au but.

La tentation du vide, Christos Chryssopoulos

Ecrit par Marc Ossorguine , le Vendredi, 31 Mars 2017. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Bassin méditerranéen, Actes Sud

. Ecrivain(s): Christos Chryssopoulos Edition: Actes Sud

 

Le titre français de cet ancien livre du grec Christos Chryssopoulos, l’un de ses premiers, nous dit un peu plus que ne le fait le titre original, Shunyata, en nous soufflant un peu de l’énigme de ce mot pour le lecteur qui ne connaîtrait ni le bouddhisme ni le sanskrit.

Cela commence dans une bourgade perdue quelque part aux Etats-Unis, sur la côte ouest, celle du Pacifique. Wiliamstown. En 1951, à la veille du printemps, il ne se passe pas grand-chose dans cette ville si tranquille, héritière de pionniers somme toute ordinaire, et où les événements historiques les plus importants ne sont que des faits divers locaux. Une petite ville où le rêve américain est bien présent, nourri par la croissance de l’époque et la croyance en un progrès infini à venir, déjà en route. Mais voilà qu’au premier jour du printemps de cette année, la plus curieuse des épidémies frappe la ville : dans la nuit quatorze adolescents se sont donné la mort dans le secret de leurs chambres. Quatorze décès qui touchent onze familles. Pourquoi ? Quel mystère, quel divin châtiment peuvent-ils expliquer cette inconcevable coïncidence ?

La vie magnifique de Frank Dragon, Stéphane Arfi (2ème critique)

Ecrit par Mélanie Talcott , le Jeudi, 30 Mars 2017. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Grasset

La vie magnifique de Frank Dragon, janvier 2017, 272 pages, 19 € . Ecrivain(s): Stéphane Arfi Edition: Grasset

 

« Pas d’amour de vivre sans désespoir de vivre ». Ainsi pourrait se résumer le premier roman de Stéphane Arfi, La vie magnifique de Frank Dragon. Une vie ordinaire, parce que celle d’un enfant juif, pris dans la tourmente de la seconde guerre mondiale, des rafles et des dénonciations. Une vie extraordinaire parce que immergée dans l’imagination lyrique et visionnaire du jeune Frank Dragon.

Il possède la rare clairvoyance qu’ont dès leur plus jeune âge certains enfants de transcender la réalité du monde, comme si celui où ils vivaient n’était que la copie dévoyée d’un autre, invisible, lumineux et bienveillant. Dans l’univers plein de fureur et de bruit et très labile de ce gamin de cinq ans, cloîtré dans sa mutité, on ne respire pas, on ne renifle pas, on « narine les odeurs malicieuses » ou « chiffonnées » et les sentiments. Le temps s’y compte en « année de jours », les camions sont « joyeux » dans la « maison des tout à fait fous » où vivent trois dragons – Tateh, Ona, et leur fils, Frank – aux griffes « profondes » ou « furieuses », aux doigts souvent « fourbus » et avec « des ailes de vent dans le dos ».

Au jour le jour, Paul Vacca

Ecrit par Martine L. Petauton , le Mercredi, 29 Mars 2017. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits, Belfond

Au jour le jour, Février 2017, 379 p. 19,50 € . Ecrivain(s): Paul Vacca Edition: Belfond

 

« Sue, comme Eugène ? » demandait Simone-la dame de la poste, dans ce « télégramme » qu’on a tous dans l’oreille, tandis que la voix – unique – d’Yves répondait, légèrement agacée devant l’évidence : « Oui, Eugène Sue ».

Il y a comme ça des références tellement inscrites en nous – une langue, un passeport transgénérationnel, qu’en effet, ça va de soi. Eugène Sue – Les mystères de Paris, en sont. En même temps, difficile de ne pas convenir que ce genre de rivière, à force d’être souterraine, peut disparaître. Cherchez donc dans un manuel scolaire ; plus aucune trace des « mystères and co » ; tentez un micro trottoir – tranche des 14/18 ans : qui était Eugène Sue ?

D’où peut-être – en plus de l’indéniable et cabriolant talent de son auteur – l’intérêt, l’utilité même de cet Au jour le jour dont le titre claque comme feuilleton en page de journal, loin, dans le siècle d’avant le dernier, tout en étalant insolemment, une paradoxale modernité.

Dans l’ombre, Arnaldur Indridason

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Mercredi, 29 Mars 2017. , dans Roman, Les Livres, Critiques, Polars, La Une Livres, Pays nordiques, Métailié

Dans l’ombre, février 2017, trad. islandais Éric Boury, 344 pages, 21 € . Ecrivain(s): Arnaldur Indridason Edition: Métailié

 

Après 12 romans ayant pour héros Erlendur Sveinsson, le plus connu en France des auteurs de romans policiers islandais, Arnaldur Indridason, se lance dans une nouvelle série, Trilogie des ombres, ayant pour cadre la période 1941-1944. C’est dans cette Islande du passé, à l’histoire mouvementée, qui vit sous l’occupation anglo-américaine, alors que l’Europe est envahie par l’Allemagne, que vont désormais se nouer de sombres intrigues.

En 1941, on découvre dans un petit appartement de Reykjavik un représentant de commerce tué d’une balle dans la tête, le front marqué du symbole nazi. Á ses côtés se trouve une valise contenant une capsule de cyanure. Un jeune policier islandais, Fovent, seul inspecteur de la police criminelle d’Islande, ex-stagiaire de Scotland-Yard à Edimbourg, accompagné d’un membre de la police militaire américaine ayant le même âge, « Islandais de l’ouest » né au Canada, donc parfaitement bilingue, Thorson, sont chargés de l’enquête. Les soupçons se portent d’abord sur les soldats américains occupant l’île ou sur quelqu’un se trouvant « dans la situation », à savoir quelqu’un fréquentant ces militaires, compte tenu de la marque de l’arme trouvée sur place ; un Colt. Puis les recherches s’orientent dans d’autres directions lorsque l’on découvre la véritable identité de la victime.