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Roman

Petite sœur la mort, William Gay (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 02 Mars 2017. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Fantastique, Seuil

Petite sœur la mort (Little Sister Death), trad. américain Jean-Paul Gratias, mars 2017, 270 pages, 19,50 € . Ecrivain(s): William Gay Edition: Seuil

Et l’arbre couleur de feuilles de mille couleurs différentes

Parla, et toutes les feuilles voltigèrent en l’air

Et tournoyèrent autour du tronc ; et l’arbre était un

Vieillard à la barbe blanche resplendissante comme

Une cuirasse d’argent, et les feuilles étaient des oiseaux.

« Que dis-tu, bon saint François ?

Petite Sœur la Mort » dit le bon saint François

William Faulkner, Mayday

(Extrait de l’épigraphe du roman)

 

Le titre français, et le titre original (Little Sister Death), sont donc une référence à un texte peu connu de Faulkner.

La Destruction du Parthénon, Christos Chryssopoulos

Ecrit par Marc Ossorguine , le Jeudi, 02 Mars 2017. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Bassin méditerranéen, Babel (Actes Sud)

La Destruction du Parthénon, Christos Chryssopoulos, trad. grec Anne-Laure Brisac (O βομβιστής τον Παρθενώνα, 2010), 96 pages, 5,80 € . Ecrivain(s): Christos Chryssopoulos Edition: Babel (Actes Sud)

 

Difficile d’imaginer une image qui colle plus à Athènes que celle de l’Acropole et du Parthénon. Même mangé par la pollution et l’urbanisme depuis des décennies, le monument reste l’emblème de la Grèce, ignorant du cours de l’histoire, il semble avoir figé une fois pour toutes la Grèce dans son antiquité en dépit des nationalismes, des guerres, de la dictature des colonels, comme des crises socio-économiques endémiques. On peut aisément concevoir qu’un tel monument puisse aussi être une charge et un poids qui pèse de toute son histoire sur les épaules des grecs, alors qu’il ne leur appartient plus vraiment. Rien de vraiment surprenant alors que lors de la période trouble de la deuxième guerre mondiale finissante, alors que vacille la dictature en place et que s’annonce une guerre civile, des voix se fassent entendre appelant à faire table rase du passé, et à commencer par mettre à bas le Parthénon. Cet appel fut lancé en 1944, par un certain Yorgos Makris, alors âgé d’une vingtaine d’années. Un appel entendu quelques décennies plus tard par Ch. K. qui décide de passer à l’acte.

Beauté, Philippe Sollers

Ecrit par Philippe Chauché , le Mercredi, 01 Mars 2017. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Gallimard

Beauté, février 2017, 224 pages, 16 € . Ecrivain(s): Philippe Sollers Edition: Gallimard

« Et voici l’événement : un éclair en plein jour, un coup de foudre sans le moindre orage. C’est stupéfiant et très bref. Zeus vient de parler, on est traversé par cet éclat, on en pleurerait de joie. Il est donc toujours là le vieux Zeus, « l’assembleur de nuées », le Père ? On est pétrifiés, on ne bouge pas, on se tait ».

Commençons par le commencement : Beauté est un roman qui ne se lit pas comme un autre. En même temps que nos yeux fixent les lignes imprimées, les pages enchantées, nos oreilles écoutent Les suites françaises de Jean Sébastien Bach sous les doigts de Glenn Gould, la connexion nerveuse est parfaite, le roman des sens s’ouvre, comme un enchantement – Il a un drôle de geste hiératique pour souligner une brève interruption, il tend le bras en avant, paume ouverte –, et tout s’éclaire ! Le pianiste et l’écrivain : même concentration, même justesse de style, de ton, même vivacité, foisonnement, richesse, justesse, même légèreté, concentration, éloignement du monde et présence au Temps, même musique, et quelle musique ! Beauté est un livre heureux et musical, un livre enchanté. Preuve s’il en est, que la littérature s’entend, s’écoute, comme la musique se voit, elle vérifie la vérité d’un roman, son style, ses manières et sa matière. Les romans de Philippe Sollers s’écrivent et se lisent en musique, ce n’est pas un effet de style, rien de démonstratif, la musique est cette aventure romanesque, le roman cette partition éclairée et éclairante.

Aller en paix, Ludovic Robin

Ecrit par Martine L. Petauton , le Mercredi, 01 Mars 2017. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, La Brune (Le Rouergue)

Aller en paix, janvier 2017, 345 pages, 21,80 € . Ecrivain(s): Ludovic Robin Edition: La Brune (Le Rouergue)

 

« Je me repliais aussi souvent que possible dans mes appartements, où l’amour d’une vie crevait à petit feu… »

Comme souvent dans La Brune du Rouergue, un drôle de livre, unique, marquant, tranche de vie les pieds dedans, avec tous ses ustensiles. Encore une fois, une remarquable réussite de livre. D’un livre, de celui-là. Cette histoire, cette mémoire, cette écriture et les respirations – on les entend, on les ressent – de l’auteur. On pourrait bien y aller de notre larme, quoiqu’en fait rien d’absolument dramatique ne s’y passe, si ce n’est une complète et minutieuse autopsie à l’ancienne d’un couple et d’une famille qui se défait, se rompt, s’évapore peut-être. Il prend, L. Robin – philosophe, au passage – tout le temps qu’il faut pour « dire » à la façon des chansons de geste auprès des cheminées d’antan cet itinéraire heurté, de saison en saison – beaucoup d’hivers, les pages sont cousues de neige – de jour en jour, et en deçà ; minutes, jusqu’aux battements du cœur. Observer à la loupe ce qui se passe dehors – le village familial Savoyard, voisins, beaux-parents, maire, le verglas de chaque tournant, les fonds de ciel de chaque bout de belle saison. Le champ professionnel – vous saurez tout ou presque de l’entreprise de travaux forestiers où travaille l’élagueur, seul nom de celui qui dit « je », le mari, le père.

Ni vivants, ni morts, Federico Mastrogiovanni

Ecrit par Cathy Garcia , le Mardi, 28 Février 2017. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Amérique Latine, Métailié

Ni vivants ni morts, février 2017, trad. espagnol (Mexique) François Gaudry, 240 pages, 18 € . Ecrivain(s): Federico Mastrogiovanni Edition: Métailié

 

Ce livre est terrifiant, il donne la nausée et ici le macabre n’est pas juste un folklore. Le Mexique a déjà une très longue histoire de violence et de luttes, mais on aimerait croire aujourd’hui que le pire est derrière. On se souvient notamment de la date du 2 octobre 1968, où plus de 200 étudiants sont assassinés lors d’une manifestation.

Le Mexique est donc une république démocratique et la population doit pouvoir faire confiance aux institutions, et au gouvernement qu’elle a élu. Confiance dans les efforts du gouvernement actuel pour lutter contre le crime organisé et réduire les inégalités, protéger ses citoyens. Nombreux d’ailleurs sans doute sont ceux qui ont confiance ou qui en tout cas n’ont pas envie de creuser au-delà du message officiel. Seulement voilà, il y a des faits et il y a des chiffres, et même si on s’en tient aux officiels, ces chiffres sont déjà effarants et ils ne cessent de grimper de façon exponentielle depuis 2006. Ces chiffres sont ceux des disparus, les ni vivants ni morts, celles et ceux dont les familles ne peuvent faire le deuil, trouver un peu de paix dans la certitude de savoir au moins la vérité, de pouvoir récupérer un corps, un morceau de corps, des ossements, « des lambeaux de vêtements en putréfaction », quelque chose à quoi se raccrocher, quelque chose à quoi donner une sépulture et une mémoire.