La réécriture de la vie d’un peintre, y compris sous l’angle purement romanesque est un exercice malaisé. Lisa Stromme, auteure de Car si l’on nous sépare, se sort avec brio de cette embûche. Nous sommes en 1893, en Norvège, patrie d’Edvard Munch, peintre le plus célèbre de ce pays, dans le petit village de pêcheurs d’Asgardstrand. Johanne Lien, fille d’un fabricant de voile, est embauchée le temps d’une saison chez les Ihlen, famille bourgeoise. Elle se lie avec l’une des filles de la maison, Tullik Ihlen, qui va lui présenter bientôt Edvard Munch, et l’introduire dans le monde de la bohème et des artistes, univers inconnu de cette jeune fille promise à Thomas, un martin-pêcheur du village qui envisage de l’épouser.
Le roman de Lisa Stromme est articulé par chapitres, chacun traitant d’une couleur ou d’une technique de l’art pictural. Ces titres de chapitres sont inspirés de l’œuvre de Goethe, Traité des couleurs. Au-delà de ce découpage, c’est la découverte par les deux principales héroïnes du roman, Johanne et Tullik, qui nous est offerte par Lisa Stromme. Ainsi, de la perspective de l’émancipation, de l’exercice du libre arbitre que Johanne pressent en écoutant son amie évoquer Hans Jaeger, peintre norvégien :