Du Gilles Paris, de ses beaux romans qu’on connaît : fine plongée dans les ressentis et les mécanismes de ces animaux parfois étranges qui marchent à nos côtés : les enfants. Univers cerné – lieux, familles, amis – à la perfection par une écriture des plus ciselées. Récit-roman, à moins que le contraire, qui ficelle son lecteur pour quelques heures passionnées… Mais, ici, s’ajoute un autre Gilles Paris, qu’il annonce lui-même en postface : « relecture de – la maison biscornue – d’Agatha Christie, où j’ai emprunté le prénom d’Aristide, la digitaline et sans doute un zeste de suspens ». Un autre donc, et puis le même ; que du bonheur pour nous.
Une île dans l’Atlantique. Dessin si propre à l’insulaire de cercles, de ricochets dans l’eau, de monde fermé, emprisonné ? et pour autant ouvert à tous les vents, donc à tous les possibles. On veut imaginer quelque chose du côté des îles anglo-normandes, pas si loin du « Continent » bien qu’au grand large, de fait. On garde le droit de poser ailleurs son imaginaire – aucune géographie ne nous étant imposée – jusqu’en Irlande, en Amérique pourquoi pas : la fille-héroïne ne s’appelle-t-elle pas Marnie « à cause d’un film du gros chauve Hitchcock… mon nom est Marnie de Mortemer. J’ai quatorze ans. Mon pays n’a rien à voir avec celui des Merveilles… J’ai quatorze ans, j’ai cent ans, peu importe, je sais des choses… ».