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Roman

Les Nouveaux Mondes, Livre III, Sylvie Ferrando

Ecrit par Martine L. Petauton , le Lundi, 26 Février 2018. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Edilivre

Les Nouveaux Mondes, Livre III, août 2017, 123 pages, 12,50 € . Ecrivain(s): Sylvie Ferrando Edition: Edilivre

 

Suite des Nouveaux mondes I et II, recensés par la CL :

http://www.lacauselitteraire.fr/les-nouveaux-mondes-sylvie-ferrando

Retour en pays des Chasseneuil / Ramier, et dans la droite ligne des premiers opus, voyages – maître mot chez S. Ferrando, de Paris, beaux quartiers, en Normandie, la très chère, aux bouts du monde, là, asiatiques ou moyen orientaux, sans oublier – sans surtout oublier ! ces voyages à l’intérieur des gens, leurs paysages, plus changeants, plus troubles que tous les cieux de Normandie réunis…

Nous voici là, en compagnie d’Elsa, la toute jeunette, fille de cette étonnante Mathilde, qui nous avait guidés dans les livres précédents, petite-fille de l’attachante Marie ; comme une perle de plus dans un collier de femmes, dont les itinéraires, sonnent, feutrés, bien élevés en surface, et dont l’énergie, celle qui est vitale, a quelque chose des rivières souterraines.

En route vers Okhotsk, Eleonore Frey

Ecrit par Marc Ossorguine , le Vendredi, 16 Février 2018. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Langue allemande, Quidam Editeur

En route vers Okhotsk, février 2018, trad. allemand, Camille Luscher (Unterweg nach Okhotsk, 2014, Engeler Verlag), 152 pages, 16 € . Ecrivain(s): Eleonore Frey Edition: Quidam Editeur

 

Peur de regarder la vérité en face. Parce que tu crois que la vérité existe ? demande-t-elle oubliant pour un instant de quoi est faite cette vérité-là. Ça ne te ressemble pas : toi et la vérité ! La vérité, peut-être pas, mais des vérités, si, rétorque-t-il. Autant que tu veux. A chaque jour sa nouvelle vérité jusqu’au Jugement Dernier.

La Sibérie et les terres extrêmes du continent, quelque part au bord des glaces, rares sont ceux qui y ont mis les pieds. Pour autant, l’imaginaire sur ces espaces perdus, désolés, est souvent des plus forts, occupant l’espace frontière entre la réalité, l’imaginaire et le rêve. Un rêve qui peut prendre des allures de cauchemar mais qui n’en est pas moins un rêve, avec ses ambiguïtés et ses énigmes. Il y a ainsi, quelque part vers les limites de la terre et de l’eau, de la lumière et de la nuit, de la civilisation et du néant, les rives de la mer d’Okhotsk, quelque part entre l’Alaska et le Japon, ces terres que l’on place aux deux extrémités de nos mappemondes, dans la marge que l’on oublie entre l’extrême est et l’extrême ouest.

Bouche creusée, Valérie Cibot

Ecrit par Yann Suty , le Vendredi, 16 Février 2018. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Inculte

Bouche creusée, janvier 2018, 128 pages, 14,90 € . Ecrivain(s): Valérie Cibot Edition: Inculte

 

Elle court, et même parfois très vite. Elle s’infiltre partout et se trouve tout de suite à son aise. Dans les maisons, dans les salons de coiffure et dans les boulangeries. Elle est de toutes les conversations. Elle devient de plus en plus forte et bourdonne dans toutes les oreilles. Elle élargit son répertoire. Elle sait aussi faire mal. Elle blesse. Elle tue. Ou bien, elle pousse quelqu’un à manger de la terre, bouchée après bouchée.

Un homme qui mange de la terre, qui se met l’une après l’autre des poignées dans la bouche : c’est par cette image très forte que commence le premier roman de Valérie Cibot. Pourquoi l’apiculteur se livre-t-il à ce geste désespéré ? Parce qu’elle l’a détruit. Qui est « elle » ? La rumeur. La rumeur qui dit qu’il aurait été un peu trop proche d’un étranger. Les commérages se sont transformés en une hystérie collective, la violence s’est déchaînée. L’apiculteur n’en peut plus.

4321, Paul Auster

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 15 Février 2018. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Actes Sud

4321, janvier 2018, trad. américain Gérard Meudal, 1016 pages, 28 € . Ecrivain(s): Paul Auster Edition: Actes Sud

 

Gros livre 4321 ? Assurément, avec ses 1016 pages. Mais long livre ? Nullement, tant l’écriture parfaite de Paul Auster sait nous emmener au cœur de ces vies restituées de personnages attachants, hauts en couleurs, inoubliables. Une lecture fleuve, qui emporte dans ses longues phrases fluides, un peu proustiennes, dans les méandres délicieux de la saga des Ferguson, dans les rues babéliennes de New-York, dans les folies familiales. Le grand, très grand Auster est de retour, et c’est une nouvelle formidable pour la littérature !

Ferguson est fils et petit-fils de Ferguson. Sauf que, le grand-père ne s’appelait pas Ferguson, en tout cas pas à l’origine. Il s’appelait Reznikoff. C’est toute une histoire bien sûr ! Suivons un instant grand-père « Reznikoff » :

Si j’ai le cœur étroit, à quoi sert que le monde soit si vaste, Michel Paulet

Ecrit par Martine L. Petauton , le Mercredi, 14 Février 2018. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Thierry Marchaisse

Si j’ai le cœur étroit, à quoi sert que le monde soit si vaste, janvier 2018, 353 pages, 21 € . Ecrivain(s): Michel Paulet Edition: Thierry Marchaisse

Voilà un livre qui marque, et la mémoire, et l’imaginaire. Un sacré livre.

Son titre interroge et titille, sa couverture magnifique dans des rouges de cuir cordouan, lumières du grand canal et défilé masqué des Brigades Rouges, renseigne et ne dit pour autant pas tout, loin s’en faut ! Tout se présente donc au mieux pour aborder une excellente lecture…

Comment se fait-il, de plus, que dès les premières pages on se dise qu’on a là un roman russe, de la plus belle eau, ceux de Tourgueniev, de Tchekhov, et bien vite l’évidence de côtés dostoïevskiens ; tout ça par les sujets, la langue, l’atmosphère, surtout, et ce long déroulé qui n’en finit pas de rebondir. Une évidence, cette parenté russe ! Alors, quand vient – roman dans le roman, à la manière des poupées en bois peint en rouge sibérien – une tombe dans le San Michele de Venise, îlot humide cousu de ses pierres tombales illustres et plus que romantiques, occupée par une femme mystérieuse venue de l’Empire russe à la fin du XIXème siècle, le lecteur se régale d’avance : du russe, du Venise, du vieil Autriche Hongrie, accroché à chaque mur décrépi le long des canaux immobiles, des mystères attendus au fond d’églises baroquantes dont on sentirait presque l’écœurant encens… une merveille de roman historique à rallonge, mâtiné d’un peu de Dan Brown (en nettement mieux écrit que le fumeux Da Vinci) ?