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Poésie

Poésies, Marceline Desbordes-Valmore et Le Sommet de la route et l’Ombre de la croix, Six poètes chrétiens du XXe siècle (par Didier Smal)

, le Lundi, 07 Juin 2021. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Gallimard

Poésies, Marceline Desbordes-Valmore, Folio Lycée, avril 2021 (dossier de Virginie Belzgaou), 240 pages, 5 € Le Sommet de la route et l’Ombre de la croix, Six poètes chrétiens du XXe siècle, Gallimard/Poésie, avril 2021, Édition de Jean-Pierre Lemaire Edition: Gallimard

 

Divine poésie

Le hasard des publications offre parfois de belles rencontres, de celles que permet parfois le classement alphabétique d’une bibliothèque (Melville et Mérimée, ou Neil Gaiman et Romain Gary, ça génère un sens autre) ou des lectures disparates ; c’est ici le cas, puisque Marceline Desbordes-Valmore, pour des raisons pédagogiques étant donné la collection dans laquelle est publié le présent volume intitulé Poésies, salue Charles Péguy, Paul Claudel, Francis Jammes, Marie Noël, Patrice de La Tour du Pin et Jean Grosjean, répond à travers les décennies à leurs visions de la chrétienté, de la foi, dialogue avec eux dans l’esprit du lecteur qui vient chercher ici si pas la vérité, du moins de quoi nourrir sa propre vérité – puisque aucun de ces auteurs n’est dogmatique.

Refaire le monde, Claude Minière (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 07 Juin 2021. , dans Poésie, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Gallimard

Refaire le monde, Claude Minière, Gallimard, mars 2021, 64 pages, 11 €

Poésie plurivoque

Ce petit recueil de poèmes de Claude Minière s’est présenté à moi de manière presque échevelée, hésitante, ironique et ambiguë. Cette poésie joue sur différents genres – au sens musical peut-être. Elle va du mythe à la poésie engagée (pour la défense du climat par exemple), d’un travail très fin vers le registre ironique ; en bref, de l’aria au récitatif, de l’andante au scherzo, de l’ostinato au moderato cantabile. Travail de compositeur tout autant que de tailleur, lequel coud à partir de patron – ici compris comme ton général de chaque poème, qui confectionne des chasubles spirituelles ou des chlamydes venues de la poésie grecque.

La déesse me fait un appel du pied nu

de son pied elle me fait toucher chaque lettre

elle fait d’elle une avance

et je suis son Hermès porteur d’airelles

c’est aussitôt l’herbe verte et les dalles de marbre

les courses folles

Gazelle, je t’enverrai, Amir Gilboa (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 04 Juin 2021. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Israël, Editions Lanskine

Gazelle, je t’enverrai, Amir Gilboa, LansKine éditions, mars 2021, trad. hébreu, Emmanuel Moses, 72 pages, 14 € Edition: Editions Lanskine

 

Venu d’Ukraine en Palestine en 1937, Gilboa a fait paraître en 1972 ce recueil, à la fois intime, engagé, onirique. Les poèmes y sont les expressions fortes et tendues de ce qui a tissé sa vie, fortes aussi des « chemins » qu’il a dû prendre pour la rendre égale, supportable.

En effet, nombre de chemins traversent en tous sens ce livre apaisé, où un cœur aimant, où un cœur se souvenant, trame l’épaisseur de sa vie. Il est toujours en quête, cet homme, il voit son cœur comme une « gazelle » blessée ; il chemine pour se retrouver ou se trouver. Sans doute le rêve est-il à même de l’approcher de sa vérité, encore qu’il faille trouver la frontière, ne plus entendre « aboyer sa vie », ne pas devoir quitter une ville qui est la sienne.

Peut-on entendre ici la quête du migrant qu’il fut à vingt ans ? Peut-être que, rêve mis à part, ce voyage premier lui est resté comme un périple intérieur.

Fables, La Fontaine en La Pléiade (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 03 Juin 2021. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, La Pléiade Gallimard

Fables, avril 2021 (ill. Grandville, Édition Jean-Pierre Collinet, Préface Yves Le Pestipon), 1248 pages, 49,90 € . Ecrivain(s): Jean de La Fontaine Edition: La Pléiade Gallimard

« La Fontaine est un des poètes qui ont su mettre un maximum de corps dans la langue. Cela donne aux Fables, en particulier pour les enfants qui aiment dire en gonflant leurs joues La Grenouille qui veut se faire aussi grosse que le Bœuf, une fraîcheur toujours recommencée. Les lecteurs savants y trouvent des occasions délicieuses pour s’émerveiller, sans jamais épuiser les raisons de leur plaisir. Les Fables peuvent être une “fontaine de jouvence” » (Yves Le Pestipon).

 

« Je chante les héros dont Ésope est le père :

Troupe de qui l’histoire, encor que mensongère,

Contient des vérités qui servent de leçons.

Tout parle en mon ouvrage, et même les poissons.

Ce qu’ils disent s’adresse à tous tant que nous sommes.

Je me sers d’animaux pour instruire les hommes » (Jean de La Fontaine, À Monseigneur le Dauphin).

La poésie du quotidien Alziati – Sanguineti – Vegliante (par Valérie T. Bravaccio)

Ecrit par Valérie T. Bravaccio , le Jeudi, 03 Juin 2021. , dans Poésie, Les Chroniques, La Une CED

 

Qu’entendons-nous par « poésie du quotidien » ? Un dossier spécial qui vient de paraître dans la Revue Recours au Poème se penche également sur la question en sollicitant des poètes (1). Ici, il s’agit plutôt de réfléchir sur l’expression communicative la plus exigeante, la poésie, car elle nous donne à lire, à voir le quotidien, la vie de tous les jours. Observée d’abord, puis construite, après coup, dans un espace-temps, celui de la page avec de l’encre imprimée. Ou bien, à l’inverse, est-ce dans la construction (la poésie) que vivent des instants du quotidien. Mais ne risque-t-elle pas de se transformer en boîte à souvenirs ? Car souvent, les compositions sont datées comme on le ferait dans un journal intime. Elles témoignent alors d’une condition historique dans laquelle la personne qui écrit se trouve (2). Plus discrètement, voire secrètement, l’introduction d’une autre langue peut également suffire à identifier un lieu et un moment particuliers (3). Enfin, plus rarement, le sommaire du recueil ne comporte pas de titre mais uniquement des dates (4). Une attention minutieuse au temps, qui (très banalement), n’existera pas une deuxième fois. Arc temporel tendu entre le moment où l’on naît, et à partir duquel on est déjà assez vieux pour mourir, comme disent les philosophes ; et pendant lequel on écrit sans savoir à quel moment on va mourir.