Alternant les poèmes plus longs et les textes plus brefs, la poète américaine, lauréate du dernier Nobel de Littérature (2020), nous oriente vers une poésie qui camoufle l’autobiographie sous des dehors étranges, des récits qui ont l’apparence de l’invention et des souvenirs qui sentent le vécu. Le mélange, réaliste et fantastique, entre passé et rêve, retient toute l’attention. On y perçoit la sève de qui veut se plonger dans le passé et la volonté de sertir le tout des outils de la création et du regard en surplomb. Le titre du volume, qui fait tantôt intervenir un garçon, tantôt une fille, dont chacun a un frère ou une sœur, provient d’un titre lu par un enfant le soir.
À ce propos, que d’images de nuit traversent ce livre, plein d’inquiétude et de foi en un passé où s’agrègent les parents, les frère et sœur, une tante. On sent bien sûr le désir ici de faire de la poésie un tremplin spirituel vers des strates peu explorées ; en quoi la séance d’analyse éclaire vraisemblablement un travail sur ces matières essentielles pour l’auteure.
Les nuits donc sont fécondes et engendrent ce qu’elles enregistrent de plus nu, de plus vrai, qui sourd de l’existence.