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Les Livres

Objectif Soleil, L’aventure Solar Impulse, Bertrand Piccard, André Borschberg

Ecrit par Jean Durry , le Jeudi, 18 Mai 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Stock, Aventures, Voyages

Objectif Soleil, L’aventure Solar Impulse, février 2017, 365 pages, 22 € . Ecrivain(s): Bertrand Piccard et André Borschberg Edition: Stock

 

Lorsque le 26 juillet 2016, à 0h05 GMT (4h05 en Suisse et France), Bertrand Piccard pose à Abu Dhabi le grand oiseau de 72 mètres d’envergure pour un poids de l’ordre de 2 tonnes, il boucle avec Solar Impulse 2 un tour du monde de 43.031 kilomètres, accompli au fil de 17 vols successifs en 550 heures cumulées sur une période de 15 mois, au moyen de la seule énergie électrique née des « rayons de soleil » captés par 17.000 cellules photovoltaïques. Réussite majeure, qui s’inscrit immédiatement dans l’histoire de l’aéronautique et, au-delà, dans celle de l’utilisation des ressources naturelles et renouvelables de la planète Terre. Ce récit est celui des multiples péripéties ayant conduit au plus heureux aboutissement d’une aventure humaine hors du commun.

Récit alterné en toute honnêteté, récit à deux voix. Né le 1er mars 1958, Bertrand Piccard, petit-fils d’Auguste qui explora la stratosphère et fils de Jacques dont le Bathyscaphe plongea dans les abîmes sous-marins, avait déjà réussi en mars 1999 avec Brian Jones un tour du monde à peine croyable : en ballon, 20 jours sans escale ! Et bientôt il avait imaginé cet autre projet fou.

Chroniques politiques des années trente (1931-1940), Maurice Blanchot

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Mercredi, 17 Mai 2017. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Gallimard

Chroniques politiques des années trente (1931-1940), Les Cahiers de la NRF, avril 2017, 560 pages, 29 € . Ecrivain(s): Maurice Blanchot Edition: Gallimard

Pour aborder les chroniques politiques de Blanchot, il ne faut pas chercher où se situe son propos par rapport aux traditionnels discours et doxas des écrivains politiques. Pour autant son propre discours n’est pas simplement « littéraire ». Mais il représente trop une remise en question de la politique pour ne pas échapper à sa « zone » d’influence. Blanchot comprend vite que la politique n’est pas à même de s’attribuer ce qu’elle prétend accomplir. D’une certaine manière elle peut paraître « sans droits » tant elle les bafoue. Si bien qu’il demande aux politiciens ce qu’ils ne peuvent pas : être conséquents avec leurs actes.

Une telle attitude est pratiquement brute et sauvage. Blanchot s’est donc heurté à une impasse que l’invasion allemande signera pratiquement définitivement. Certes, il se sentait déjà « démissionnaire » par rapport à ses écrits politiques. Et lorsque Drieu de la Rochelle lui demanda de bien vouloir continuer à écrire dans la NRF « à condition d’écarter tous textes politiques », la messe était dite. Et Blanchot d’ajouter : « écrivain inconnu je ne constituerais pas une digue suffisante contre les occupants ». Une page se tournait.

La Géode & l’Eclipse, Jacques Sicard

Ecrit par Didier Ayres , le Mercredi, 17 Mai 2017. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres

La Géode & l’Eclipse, Editions Le Pli, avril 2017, 180 pages, 25 € . Ecrivain(s): Jacques Sicard

 

Dès le titre du livre de Jacques Sicard, La Géode & l’Eclipse, on se voit confiné à la tâche dont s’occupe l’auteur, c’est-à-dire à la fois à une vision cristalline, complexe, et sujette à des phénomènes de disparition, d’effacement, d’invisibilité. Car nous sommes aux prises avec un texte labyrinthique, qui offre ensemble la pensée et la connaissance, propose de disparaître pour se chercher, de se trouver pour se retrouver en zones connues, rebondir encore, de la chose sue à l’étrangeté de notions gazeuses, éthérées.

D’ailleurs, ce livre se présente comme une dissertation écrite – mais qui a la puissance de l’énoncé oral – avec un style varié, proche de ce que la didactique appelle le varia. Mais comme nous le disions précédemment, on est à la fois porté à explorer des territoires nouveaux en équilibre intellectuel sur des choses apprises, déjà repérées et d’autres dissimulées ou nouvelles, qui confèrent au lecteur, au lecteur devenu actif et qui cherche lui aussi, un goût pour une écriture dense et un peu rebelle. Nous sommes témoins d’un feuilletage, obligés de nous arc-bouter sur les ligatures qu’offre le texte. Peut-être pourrions-nous évoquer cette impression de lecture en faisant appel à ce que Roland Barthes appelait le Baroque, et plus précisément la petite perle irrégulière qui propose une saisie partielle de la totalité. Donc, un chemin vers l’intrigue, l’étonnement.

En surface, Christine Guinard

Ecrit par Hans Limon , le Mercredi, 17 Mai 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

En surface, éd. Eléments de Langage, mars 2017, 64 pages, 12 € . Ecrivain(s): Christine Guinard

 

Suspendez votre temps terrestre, délaissez les ornières de la politique discriminatoire et prêtez les sens à cette météorite poétique, l’une de celles qui m’ont le plus marqué – et durablement – ces dernières années.

Plongée poétique

« En surface explore la puissance irradiante du jeu de l’enfant » peut-on lire au coin de l’une des dernières pages de cet OVNI-livret lunaire, à mi-chemin entre le livre pour enfants, justement, qu’on feuillette au gré des pensées du jour ou de la nuit, « au gré des courants d’images revenues », fabuleux terrain d’exploration des formes langagières et matérielles, toujours en mouvement puisqu’« il est métamorphoses », et du conte poético-initiatique, chaque mot-fragment déposé-comme-abandonné-flottant sur la ruine aux relents de houille de Rorschach devenant par l’alchimie du verbe de Christine Guinard et des peintures d’Elina Salminen le jalon d’un parcours des sens, au cours duquel briques, fenêtres, cailloux, lumières prennent leur pleine et entière sensualité comme si, tel que Sartre le conceptualisait, la poésie consistait bel et bien à choisir les mots pour leur ressemblance avec les choses.

Le génocide des Arméniens, représentations, traces, mémoires (Collectif)

Ecrit par Guy Donikian , le Mardi, 16 Mai 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Hermann, Histoire

Le génocide des Arméniens, représentations, traces, mémoires, sous la direction de Jocelyne Chabot, Marie-Michèle Doucet, Sylvia Kasparian, Jean-françois Thibault, avril 2017, 230 pages, 22 € Edition: Hermann

 

Le 24 avril 1915 les autorités turques d’alors ordonnent l’arrestation à Constantinople de plus de six cents intellectuels arméniens qu’on ne reverra pas : certains seront exécutés dans la campagne environnante, d’autres seront conduits plus au sud en direction de la Syrie pour y être assassinés. Ce jour marque pour tous les Arméniens de la diaspora et de l’Arménie le début des massacres que les preuves accumulées par nombre d’historiens permettront de nommer génocide. Ce sont près de un million cinq cent mille Arméniens qui périront dans des circonstances paroxystiques de violence et de haine.

En 2015 eut lieu le centième anniversaire de ce génocide qui n’est toujours pas reconnu par le gouvernement turc. Aujourd’hui, cela fait cent deux ans que les gouvernements turcs qui se sont succédé nient ce génocide, arguant du fait que ce seraient les Arméniens qui auraient attaqué la Turquie, ces derniers se seraient pour la majorité ralliés à la Russie, alors en guerre contre la Turquie.