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Objectif Soleil, L’aventure Solar Impulse, Bertrand Piccard, André Borschberg

Ecrit par Jean Durry 18.05.17 dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Aventures, Voyages, Stock

Objectif Soleil, L’aventure Solar Impulse, février 2017, 365 pages, 22 €

Ecrivain(s): Bertrand Piccard et André Borschberg Edition: Stock

Objectif Soleil, L’aventure Solar Impulse, Bertrand Piccard, André Borschberg

 

Lorsque le 26 juillet 2016, à 0h05 GMT (4h05 en Suisse et France), Bertrand Piccard pose à Abu Dhabi le grand oiseau de 72 mètres d’envergure pour un poids de l’ordre de 2 tonnes, il boucle avec Solar Impulse 2 un tour du monde de 43.031 kilomètres, accompli au fil de 17 vols successifs en 550 heures cumulées sur une période de 15 mois, au moyen de la seule énergie électrique née des « rayons de soleil » captés par 17.000 cellules photovoltaïques. Réussite majeure, qui s’inscrit immédiatement dans l’histoire de l’aéronautique et, au-delà, dans celle de l’utilisation des ressources naturelles et renouvelables de la planète Terre. Ce récit est celui des multiples péripéties ayant conduit au plus heureux aboutissement d’une aventure humaine hors du commun.

Récit alterné en toute honnêteté, récit à deux voix. Né le 1er mars 1958, Bertrand Piccard, petit-fils d’Auguste qui explora la stratosphère et fils de Jacques dont le Bathyscaphe plongea dans les abîmes sous-marins, avait déjà réussi en mars 1999 avec Brian Jones un tour du monde à peine croyable : en ballon, 20 jours sans escale ! Et bientôt il avait imaginé cet autre projet fou.

Au printemps 2003, à l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne, il est mis en présence d’André Borschberg – né le 15 décembre 1952 – ingénieur, ancien pilote de chasse, entrepreneur et consultant à l’EPFL. La rencontre est décisive. Bertrand s’attelle avec son charisme à la prospection des indispensables soutiens financiers ; André va coordonner la réalisation concrète de l’entreprise. On avance dans l’inconnu : tout est à mettre en place.

Six ans seront nécessaires pour réunir un financement de base. « Sonar/Impulse » est mis en chantier. Du 7 au 8 juillet 2010, Borschberg est à même de s’élever et tenir l’air durant 26 heures et 9 minutes, prouvant dans l’action que le concept est viable : l’engin peut accumuler durant le jour la capacité de traverser la nuit. Le processus est désormais plus qu’engagé ; il va aller se complexifiant, puisqu’au bout du compte ce seront 170 millions de dollars qu’il aura fallu susciter ; tandis que l’équipe stratégique au centre de contrôle d’une part et l’équipe en action autour du monde de l’autre, grouperont respectivement jusqu’à 110 et 90, soit 200, collaborateurs profondément impliqués.

Les deux meneurs de jeu sont complémentaires et s’entendent très bien devant le lustre d’expérimentations multiples qui permet la mise au point de Solar Impulse 2. Pourtant avec leurs personnalités et leurs formations si différentes, leurs aspirations pourraient devenir contradictoires : André désirant progressivement être reconnu, y compris par les médias, comme co-partenaire à part entière ; Bertrand désireux de démontrer toutes ses aptitudes à l’assimilation et au sacro-saint respect des procédures de vol aux fins d’un pilotage dont il ne veut pas être dépossédé.

L’étroit cockpit de 3,8 mètres carrés sans climatisation ni chauffage oblige évidemment à une alternance. Le 9 mars 2015 c’est Borschberg qui décolle d’Abu Dhabi ; c’est lui encore qui du 28 juin au 3 juillet effectuera de Nagoya à Hawaï (Kalaeloa) le grand écart au-dessus du Pacifique, soit 8924 kilomètres en totale autonomie d’énergie durant 5 jours et 5 nuits. Ici une violente opposition se cristallise entre « les contrôleurs », obsédés par le respect absolu des normes de sécurité ; et « les opérationnels » qui pour aller de l’avant pensent que des décisions doivent parfois être prises à chaud d’après des critères différents.

Cette très sérieuse divergence – susceptible d’aboutir au blocage, voire tout bonnement à l’échec – sera surmontée. En avril 2016, Piccard est aux commandes pour la seconde partie du Pacifique jusqu’à San Francisco ; dans le cockpit aussi pour les 6765 kilomètres au-dessus de l’Atlantique Nord de New-York à Séville ; à lui également l’ultime tronçon du Caire à Abu Dhabi enfin.

Un bonheur total pour tous et l’hommage du monde entier. André : « C’est fini. Cette vision que Bertrand avait eue dix-sept ans plus tôt, nous l’avons réalisée ». Bertrand : « Sacré André. L’avion qu’il a construit a tenu le coup jusqu’au bout ! Quelle merveille ! ». « Ce que nous avons compris, et que nous voulons partager, c’est que l’impossible n’existe que dans la tête de ceux qui ne savent pas imaginer un autre avenir que leur présent. [Il faut] Inventer le futur ».

 

Jean Durry

 


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A propos de l'écrivain

Bertrand Piccard et André Borschberg


Bertrand Piccard et André Borschberg ont fait le tour du monde en avion avec le soleil comme carburant.

 

A propos du rédacteur

Jean Durry

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Rédacteur

Ardent défenseur de la langue française, Jean Durry a rejoint avec un vif plaisir l’équipe de « La Cause Littéraire ». Fils de Marie-Jeanne Durry, créatrice en 1945 du « Bulletin Critique », et lui-même président (2001-2013) des « Amis du Bulletin Critique du Livre en Français », il a fait du « Sport, culture vécue » son propre fil conducteur. Ecrivain – grand prix « Sport et littérature » 1992 -, historien et analyste du sport et de l’olympisme, fondateur du Musée National du Sport qu’il a dirigé près de 4 décennies (1963-2001), conférencier international, chroniqueur (presse, radio, télévision), président de la Fédération International du cinéma et de la vidéo sportifs (1987-1991), il a été le concepteur de quelque 200 expositions en France et hors de France.