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Les Livres

Les Petites Personnes, Anna-Maria Ortese

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mardi, 09 Mai 2017. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Actes Sud

Les Petites Personnes, janvier 2017, trad. italien Marguerite Pozzoli, 352 pages, 23 € . Ecrivain(s): Anna-Maria Ortese Edition: Actes Sud

 

Ce livre, constitué de nombreux articles, est un vrai chant d’amour à la « dignité animale » si souvent battue en brèche par l’homme.

La thèse, très argumentée de cet essai, est que l’homme eût dû davantage faire confiance à sa vraie nature d’homme au lieu de passer son temps à blesser, annihiler, torturer, détruire ces « petites âmes », ces « petites personnes », fruits comme lui de la création.

De la chasse à la vivisection, en passant par la cruauté imposée, l’auteur passe en revue les nombreuses atteintes à l’animal, au détriment de la nature et de son respect, au profit du seul être dominateur de la création.

Sensible à la « douleur des animaux », à la grâce qui les habite (quelles belles pages pour honorer le chien, ce compagnon de l’homme), au « visage » que possède tout animal, Ortese nous implique dans ce phénomène de société, où la bestialité de l’être humain le dispute à l’ignorance et à la domination sans bornes.

La Désobéissance civile, Henry David Thoreau

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Mardi, 09 Mai 2017. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, USA, Gallmeister

La Désobéissance civile, mars 2017, trad. américain Jacques Mailhos, 46 pages, 3 € . Ecrivain(s): Henry David Thoreau Edition: Gallmeister

 

Sur un ton indigné et pamphlétaire, Thoreau s’insurge contre le gouvernement américain après avoir été emprisonné en juillet 1846, parce qu’il a refusé de payer un impôt à l’Etat du Massachussetts pour manifester son opposition à l’esclavage et à la guerre contre le Mexique. Son essai La Désobéissance civile paraît en 1849 et a inspiré nombre d’opposants à un régime considéré comme tyrannique et injuste en matière de droits humains, tels que Gandhi, Martin Luther King ou Nelson Mandela.

En ces semaines de campagne présidentielle en France, marquées par une volonté de renouveau de moralisation de la vie publique, ce texte prend un intérêt frappant.

Dès la première page, la célèbre devise « Le meilleur gouvernement est celui qui gouverne le moins » devient sous la plume de Thoreau, en pleine réaction contre l’Etat : « Le meilleur gouvernement est le gouvernement qui ne gouverne pas du tout ».

Fragments, Corinne Pluchart

Ecrit par Cathy Garcia , le Mardi, 09 Mai 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

Fragments, Éd. Vagamundo, 2016, 144 pages, 13 € . Ecrivain(s): Corinne Pluchart

 

Fragments est un recueil de silences, et n’est-ce pas le plus difficile à atteindre avec des mots : le silence ? Ici, ils sont de différentes textures, ponctués de souffle, recueillis comme une prière ou « le silence brutal – coupant la gorge ». Les images sont comme des petites taches devant les yeux, des taches de bleu souvent, ou plus grises, plus sombres comme la pierre, le granit.

 

– et de s’écorcher les genoux

sur la ténacité des pierres.

 

Il y a le vide, l’absence,

Americanah, Chimamanda Ngozi Adichie

Ecrit par Sana Guessous , le Samedi, 06 Mai 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Afrique, Roman, Gallimard

Americanah, traduit de l’anglais (Nigeria) par Anne Damour 2015, 528 pages, 24,50 € . Ecrivain(s): Chimamanda Ngozi Adichie Edition: Gallimard

 

Humidifier, nourrir, démêler, brosser, aplatir, tirebouchonner, recommencer.

Le matin, se décomposer devant son reflet hirsute. Se demander comment mater l’ennemi capillaire qui s’est dressé dans la nuit. Chercher une façon d’amadouer cette touffe noire en révolution perpétuelle.

Lutter férocement. Dégainer les ciseaux, le fer à lisser, la brosse soufflante, l’huile de coco, le beurre de karité, les prières, les larmes, les incantations.

Capituler. Accepter cette chevelure ironique, qui n’a honte de rien, qui s’assume avec majesté et s’affiche, écumante, au milieu des têtes lisses et sages. C’est ce qu’a fait Ifemelu, l’héroïne nappy d’Americanah. Un personnage de roman qui vit et comprend mes mésaventures capillaires… Ça ne m’était encore jamais arrivé.

Dans la littérature comme sur Instagram, le cheveu est soyeux par définition. Il flotte délicatement autour des visages souriants, les cajole, les nimbe de douceur. Il se laisse brosser et tresser avec grâce.

Neverland, David Léon

Ecrit par Marie du Crest , le Samedi, 06 Mai 2017. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Théâtre, Espaces 34

Neverland, 2017, 55 pages, 13 € . Ecrivain(s): David Léon Edition: Espaces 34

 

« Have you seen my childhood… »

Le personnage de la psychosociologue dans la dernière pièce de David Léon, Neverland, dit de Mikaël (avatar de Michael Jackson) qu’il est une « figure mythique absolument ». Celui qui fut appelé « The king of the pop » est sans conteste une figure de légende, une star de Walk Fame, un incroyable artiste interplanétaire, un homme-enfant, un fils maltraité, un noir devenu blanc, un homme mis en accusation pour pédophilie, un défunt par overdose médicamenteuse. Le maître du ranch de Neverland, royaume de l’éternelle enfance, celle des zoos et des parcs d’attraction, pays de Peter Pan.

Michael Jackson de porcelaine pour Jeff Koons ou être difforme entre le vert et le gris pour Paul McCarthy. David Léon lui, l’écrit, le fragmente, dans le souffle d’une langue presque continue, à travers les voix de ceux qui l’approchent mais ne parviennent jamais à le saisir tout entier : le père noir, Joshua ; ses divers sosies enfants et adultes ; Jimmy, ami ou amant, et celle qui prétend expliquer scientifiquement qui il est. Mikaël quant à lui prend la parole mais dans la douleur, sa douleur.