Les temps de la cruauté, Gary Victor
Les temps de la cruauté, février 2017, 192 pages, 16 €
Ecrivain(s): Gary Victor Edition: Philippe Rey
C’est un vrai bonheur de lire cet excellent auteur.
Dans ce nouveau Gary Victor, le réel, que l’on peut aussi appeler le concret, se mêle à la superstition, surnaturel ou surréalisme. Ça dépendra de chacun. À chacun de comprendre comme il peut.
Le livre s’ouvre avec les mots de Carl Vausier. Il nous livre son histoire du début à la fin. C’est une personne qui a fait des études. Il écrit des livres. Il vit à Port-Au-Prince, capitale politique d’Haïti. Il parle. Il nous parle. Avec ses mots. Oui, avec ses verbes et sa singularité. Il nous parle tout simplement, comme monsieur tout le monde. Il est certes écrivain, mais là, il n’est pas en train d’écrire un livre. Non, du tout. Il parle de ce qu’il a vécu et de ce qu’il vit. Ce qu’il dit est là. Il le dit. Subitement, le lecteur, celui-là qui lit ce qui est écrit, voit. Voit l’image de ces scènes qui sont là. Posé là avec un niveau de compréhension accessible à tous. Il parle tout simplement comme dans la vraie vie. Et c’est beau. Que c’est bon !
Carl Vausier a rencontré Valencia dans un cimetière. C’est une dame galante qui se bat comme elle peut pour survivre dans ce monde où seuls les plus forts ont le plus de chance de s’en sortir. Dans ce cimetière, son lieu de travail ou lieu de survie, les clients viennent rechercher la chance. Eh oui, il se dit que son entrejambe porte chance !
La relation que Carl entretient avec Valencia n’a rien de sexuel et ne contient aucune superstition. Il est en pleine dépression, dégression, pour mieux dire, il est paumé. Très paumé. Il voit dans l’aide qu’il veut donner à Valencia une sorte de rédemption, un nouveau souffle qui lui permettrait de rebondir…
Pour faire court, pour faire simple, on peut dire que ce livre est la grande histoire de deux personnes paumées…
Cette œuvre pourrait même être considérée comme une grande histoire d’Amour, c’est un gros coup de cœur !
La fin laisse un peu sur la faim. À la fermeture de cet ouvrage, on pourrait se dire : « Il me faut aller rencontrer Gary Victor à Port-au-Prince (Haïti) pour qu’il me raconte une autre fin. Pour qu’il me parle davantage de Valencia. Qu’il me promette au moins la suite, un tome 2 ! ».
Michel Tagne Foko
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