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Une ombre chacun, Carole Llewellyn

Ecrit par Zoe Tisset 12.06.17 dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Belfond

Une ombre chacun, avril 2017, 294 pages, 17 €

Ecrivain(s): Carole Llewellyn Edition: Belfond

Une ombre chacun, Carole Llewellyn

 

L’histoire tourne autour de cette femme, Clara, elle a décidé de tout quitter et surtout son mari, Charles. Celui-ci lui demande un enfant comme on passe une commande dans un magasin chic.

« Charles était de cette génération d’hommes qui réfléchissaient à la paternité, projet angoissant de la trinité héritée appartement, mariage, enfants (…). Il lui demanderait juste un enfant comme on demandait un deuxième whisky et, comme toujours, elle dirait oui ».

Seulement, il déclenche alors une sorte de raz de marée interne et extravasé. Clara qui a survécu dans son enfance à un enlèvement, part à la recherche d’elle-même.

« Tout allait bien. Tant que vous ne faisiez pas un bébé autiste ou trisomique. Un bébé sur lequel on ne pourrait pas s’extasier sur Instagram. Un bébé à qui on ne saurait pas quoi acheter comme jouet. Un bébé pour qui le choix de la poussette, du portage, de l’écharpe serait un débat inutile car on le garderait enfermé ».

Elle tourne résolument le dos à la bulle formatée dans laquelle elle vivait, où elle postait régulièrement sur les réseaux sociaux des photos « arrangées » d’une vie hygiénique : « Elle s’enferma dans le bureau et s’allongea sur le bois froid de la table blanche et ses longs cheveux y tombèrent dans un murmure triste. Elle fit une photo poétique et épurée, appliqua un film et la posta ».

Et puis, il y a Seven, ancien Marine qui ne sait plus très bien ce qu’il fait dans ce monde. Alors il va partir à la recherche de cette femme disparue, il devient le détective privé de Charles.

« La seconde salve avait touché Lellow au bas-ventre. Il s’était effondré dans le sable en tenant dans ses mains glissantes l’intestin qui sortait de son ventre. Seven n’avait jamais réalisé avant ce jour-là la longueur d’un intestin ni la compression qui devait s’opérer dans un ventre pour tout y maintenir, c’était fascinant ».

Seven s’accroche à cette femme, il sent qu’elle va vers un destin sombre, il la renifle comme un chasseur, en même temps qu’il est las de toute relation humaine. Recroquevillé en lui, il n’aspire plus qu’à une chose, la rencontrer, la palper autrement que derrière des photos et des vêtements. Ce livre nous emmène à travers l’Europe d’aujourd’hui, dans un monde parfois désopilé et absurde.

« Elle cachait l’horreur de ses cheveux perdus sous des perruques que l’on payait très cher car elles venaient d’une Inde où des femmes démunies vendaient leurs cheveux pour conserver le droit d’être mères et de nourrir leurs enfants là où les femmes riches de l’Ouest payaient des cheveux pour cacher la misère d’un abandon à la mort (…). Ils visitent l’Europe en basket Nike avec des casquettes aux effigies sportives dépourvues de tout sens pour les Italiens. Elle remontait dans sa chambre avec un sourire gêné pour l’hôtelier qui possédait souvent un petit ristorante attenant où les hôtes auraient forcément mangé avant Tripvadsor ».

Clara va croiser des gens de peu, certains vont l’aider parce qu’ils reconnaissent en elle le chemin de celui qui veut mourir à soi. Un roman policier original, loin des structures habituelles.

 

Zoé Tisset

 


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A propos de l'écrivain

Carole Llewellyn

 

Carole Llewellyn est née en 1983, elle est découverte à 14 ans dans le cadre du Festival du Film de Paris pour son premier scénario. Elle a étudié la littérature anglophone et l’art dramatique entre la France et les Etats-Unis avant de rentrer à Paris pour débuter une carrière d’enseignante universitaire et de comédienne. Depuis l’obtention de son doctorat en littérature américaine en 2010, Carole partage son temps entre des projets d’entreprenariat et l’écriture.

 

A propos du rédacteur

Zoe Tisset

Rédactrice régulière.