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Italie

Pressentiment, Andrea Canobbio

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 20 Mars 2015. , dans Italie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits, Gallimard

Pressentiment, janvier 2015, traduit de l’italien par Vincent Raynaud, 88 pages, 11 € . Ecrivain(s): Andrea Canobbio Edition: Gallimard

 

« Le matin du 24 mars 2001, un samedi, j’ai pris un avion de Turin à Londres. Au sol il faisait beau… Quand je suis monté, j’étais nerveux. L’avion était à moitié vide, presque entièrement vide. S’il s’écrasait, il y aurait moins de victimes. Moins de tapage, moins d’attention ».

Pressentiment est le récit nerveux des crises de panique qui touchent l’écrivain italien lorsqu’il prend l’avion, comme si une catastrophe imminente s’annonçait. Pressentiment en ce début d’année 2001, qui sera celle de la chute, de la déflagration, de l’homme qui tombe, des fenêtres ouvertes sur le monde en feu. Rien de divinatoire dans tout cela, mais le sentiment permanent qu’il y une catastrophe dans l’air.

L’écrivain – éditeur aux aguets – se doute inconsciemment de quelque chose. Il va accumuler les indices pour ce court récit en forme d’enquête sur ses constats, ses ressentis et ses terreurs. A l’origine de tout, sa présence à New-York le 11 septembre et le court texte paru deux mois plus tard dans la revue L’Indicel’air conditionné, les ascenseurs, même le ventilateur d’un ordinateur me fait sursauter… la journée n’en finit pas, elle n’en finit plus.

Querelle autour d’un petit cochon italianissime à San Salvario, Amara Lakhous

Ecrit par Marc Ossorguine , le Samedi, 14 Février 2015. , dans Italie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Actes Sud

Querelle autour d’un petit cochon italianissime à San Salvario (Contesa per un maialino italianissimo a San Salvario) octobre 2014, traduit de l’italien par Elise Gruau, 208 pages, 20 € . Ecrivain(s): Amara Lakhous Edition: Actes Sud

 

« E la nave va »

Enzo est journaliste. Il travaille sans réel enthousiasme pour un quotidien de Turin, songeant souvent à quitter le métier sans vraiment y parvenir. Enzo habite, comme l’auteur, dans le quartier de San Salvario où les populations de toutes origines se mêlent, non sans quelques frottements qui irritent vite et pourraient ruiner la relative paix sociale qui s’est installée entre ses habitants.

L’histoire de Gino, le petit cochon purement italien, supporter de la Juventus que Joseph élève sur son balcon, pourrait bien mettre le feu aux poudres depuis qu’il a été filmé se promenant tranquillement dans la mosquée du quartier. Qui est responsable de cette mise en scène et de sa diffusion ? Joseph s’est-il fait piégé ? En tout cas, l’évènement ne laisse indifférent personne, des musulmans qui fréquentent la mosquée aux xénophobes qui entendent bien défendre jusqu’au bout Gino, symbole des symboles d’une vraie italianité, en passant par les défenseurs des animaux et du bien-être animal.

Silence, Giovanni Pozzi

Ecrit par Marc Michiels (Le Mot et la Chose) , le Mardi, 03 Février 2015. , dans Italie, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Payot

Silence, novembre 2014, traduit de l’italien et préface François Dupuigrenet-Desroussilles, 128 p. 14 € . Ecrivain(s): Giovanni Pozzi Edition: Payot

 

« L’homme est un solitaire qui n’est pas seul »

Giovanni Pozzi

 

« Il se tait », traduction littérale du titre Tacet donné par le frère Giovanni Pozzi, paru six mois avant sa mort, en 2002, est publié sous le titre Silence, aux éditions Payot. Proverbe italien ou extrait de la Bible, Ecclésiaste 3, 1, 7 « il y a un temps pour se taire et un temps pour parler », ont peut-être été à l’origine du choix de ce titre !

Le père capucin Giovanni Pozzi (1923-2002) était un religieux lettré, de ceux trop rares qui encombrent les gardiens de la doxa et dont la pensée humaniste huile les secs canaux mentaux des docteurs de la Loi. Après des études de théologie, il entre dans l’ordre des capucins. A partir de 1960, il occupe la chaire de littérature italienne et de philologie romane à l’université de Fribourg et, en 1988, il se retire dans le couvent de Lugano. Là, recueilli, il dit la messe chaque matin, avant l’aube, vit de prières… et de livres.

La petite lumière, Antonio Moresco

Ecrit par Marc Ossorguine , le Jeudi, 23 Octobre 2014. , dans Italie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits, Verdier

La petite lumière (La lucina) traduit de l’italien par Laurent Lombard, septembre 2014, 128 p. 14 € . Ecrivain(s): Antonio Moresco Edition: Verdier

 

 

Vraie découverte que ce premier récit traduit en français de l’italien Antonio Moresco. Une précieuse « petite lune », pour reprendre les mots mêmes de l’auteur, qui s’est détachée de son grand œuvre, pas encore publié, Increati (Les incréés) qui viendra clore un livre unique (à tous les sens du terme semble-t-il) de près de trois mille pages dont les premières étapes ont été Gli esordi (Les débuts) et Canti del caos (Chants du chaos), que les lecteurs français ne connaissent pas encore. Un grand œuvre que l’auteur a commencé il y aujourd’hui trente ans et dont cette lune détachée, écrite en 14 jours, s’est imposée à lui dans une urgence d’écriture venue de loin et à laquelle il tient beaucoup. L’intimité de cette œuvre et sa profondeur s’imposent aujourd’hui à nous, pour notre plus grand bonheur.

Résister ne sert à rien, Walter Siti

Ecrit par Patryck Froissart , le Samedi, 04 Octobre 2014. , dans Italie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Métailié

Résister ne sert à rien (Resistere non serve a niente), traduit de l’italien par Serge Quadruppani, février 2014, 298 p. 21 € . Ecrivain(s): Walter Siti Edition: Métailié

 

L’auteur annonce d’entrée, en préambule, son parti-pris littéraire, en citant Graham Greene :

Le genre narratif est plus sûr : beaucoup d’éditeurs auraient peur de publier des essais sur ces thèmes.

Il a raison : ces thèmes, le lecteur s’en aperçoit très vite, sont explosifs, et la réalité à laquelle ils réfèrent est de la nature de la bombe à fragmentation.

Walter Siti, connaisseur averti des rouages occultes de la haute finance, aurait pu, c’est évident, tant paraît étendue sa science des mécanismes spéculatifs, choisir d’y consacrer un essai, voire une thèse, volumineuse, qui serait apparue comme un brûlot susceptible de réduire son auteur en cendres.

Il en a fait un roman incendiaire, dont l’acteur principal est Tommaso, le fils unique d’un mafioso italien minable, d’un fusible de l’Organisation qui passe une grande part du temps du récit en prison.