Mais quelle est donc cette note secrète qui donne son titre au roman de Marta Morazzoni ? On l’attend, on l’entend presque mais toujours moderato. S’agit-il des voix magnifiques, contralto et soprano, de ces deux religieuses, qui s’entremêlent ? Note d’entente, note surgie – ou issue – du violoncelle à la corde cassée de sœur Rosalba, dans ce couvent où les voix naguère déployées à l’église, se sont tues ? Sœur Rosalba forme la voix d’une toute jeune nonne, Paola, de ses treize à ses dix-sept ans. Leurs voix s’entrelacent sur le Stabat mater de Pergolèse, derrière une grille ou protégées par un long voile lors des cérémonies. Seulement reliées au monde par le chant, les nonnes en révèlent plus sur elles que ne le souhaiterait la redoutable abbesse.
Pourquoi, le livre refermé sur une histoire fondée sur un fait réel, garde-t-on l’impression diffuse qu’on a manqué, qu’on est passé à côté, que l’histoire des deux nonnes se poursuit ? Deux âmes unies presque sans échange, dans la musique, mais bien plus, par, à travers la musique, se reconnaissent mère et fille spirituelles, même si toutes deux, séparées, tairont leur voix et ne se reverront jamais.