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Essais

La solitude Caravage, Yannick Haenel (par Charles Duttine)

Ecrit par Charles Duttine , le Lundi, 12 Octobre 2020. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Arts, Folio (Gallimard)

La solitude Caravage, 336 pages, 8,50 € . Ecrivain(s): Yannick Haenel Edition: Folio (Gallimard)

 

Le Caravage ou la dernière des solitudes

Evoquer la figure du peintre Le Caravage revient à se heurter à beaucoup d’inconnues. Cet artiste fut d’ailleurs quasiment oublié pendant de longs siècles. C’est au milieu du XX° que l’historien de l’art Roberto Longhi a exhumé son œuvre et sa mémoire des tombeaux de l’histoire. Et c’est un cadavre auréolé de toute une légende qui va alors resurgir. Déjà, à son époque, on le considérait comme un « extravagant » ainsi que le jugeait l’un de ses mécènes le cardinal Del Monte. Et on ne cesse de le qualifier aujourd’hui comme un artiste maudit à l’instar de Villon, Sade ou Rimbaud, peut-être à tort. Il est vrai que c’est un peintre passionné, c’est le moins que l’on puisse dire, un être fiévreux, ombrageux, à la vie incandescente et au tempérament de flamme. Un esprit transgressif encore, frondeur, bagarreur et qui fut poursuivi dans les dernières années de sa courte vie pour un crime commis au cours d’une rixe. Une sorte de « bad boy » dans le XVI° siècle italien.

Français langue morte, suivi de L’Anti-Millet, Richard Millet (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Mercredi, 07 Octobre 2020. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Français langue morte, suivi de L’Anti-Millet, éditions Les Provinciales, mars 2020, 170 pages, 18 € . Ecrivain(s): Richard Millet

 

« Précarité orthographique, pauvreté lexicale, misère syntaxique, dénuement spirituel… » (Français langue morte).

« Ce n’est pas la langue française qui est ma patrie : ce sont plutôt le silence et la hauteur que j’établis en elle » (Français langue morte).

« Que j’aie été écrivain n’implique pas que je ne le sois plus, de même que la mort médiatique n’empêche pas de vivre dans le plein emploi du silence » (L’Anti-Millet).

Tout bascule en 2012 pour Richard Millet, lors de la publication de Langue fantôme, suivi de Éloge littéraire d’Anders Breivik (1) (Pierre-Guillaume Roux). Le livre suscite une vive polémique dans les colonnes du journal Le Monde, une polémique en forme d’exécution sans procès, avec un écrivain en l’habit de procureur, soutenu par nombre de professionnels de la profession, dont un futur prix Nobel de Littérature. Il est question d’un acte politiquement dangereux, d’une dérive étrange et très inquiétante.

Soixante ans de journalisme littéraire, Tome 2, Les années Lettres Nouvelles, 1952-1965, Maurice Nadeau (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 07 Octobre 2020. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Editions Maurice Nadeau

Soixante ans de journalisme littéraire, Tome 2, Les années Lettres Nouvelles, 1952-1965, Maurice Nadeau, octobre 2020, 1600 pages, 39 € Edition: Editions Maurice Nadeau


La somme monumentale des travaux, jalonnant l’histoire littéraire française et internationale s’étendant de 1945 à 2013, de Maurice Nadeau, critique littéraire, éditeur, découvreur et promoteur très souvent avant-gardiste d’auteurs et de textes qui se sont inscrits de façon pérenne dans le corpus d’éminence de la littérature contemporaine, méritait bien d’être elle-même rassemblée en plusieurs livres qui sont autant de « monuments » littéraires. C’est ce devoir de « réunir ce qui était épars » que Gilles Nadeau, fils de Maurice, et Laure de Lestrange, se sont donné à cœur et à tâche de mener à bien. L’ensemble de l’édifice comprendra, une fois l’édition complète, trois imposants volumes qui, outre leur puissant intérêt littéraire, traduisent l’évolution de la pensée politique du journaliste.

Ce virus qui rend fou, Bernard-Henri Lévy (par Patrick Devaux)

Ecrit par Patrick Devaux , le Jeudi, 01 Octobre 2020. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Grasset

Ce virus qui rend fou, Bernard-Henri Lévy, juin 2020, 112 pages, 8 € Edition: Grasset

 

On sait BHL excité dans le sujet qu’il défend, la plupart du temps avec brio, et c’est encore le cas avec Ce virus qui rend fou. Avec ce titre a priori facile, cela annonce le « tout cuit », ce qui n’est pourtant pas le cas.

N’y voyez pas un ouvrage de vulgarisation ou force conseils pratiques. Il s’agit, à mon sens, d’un ouvrage très philosophique, voire parfois assez politique à défendre « l’esprit de la République » au sens étymologique du terme : « …Et j’ai toujours pensé que l’on ne rend service à personne quand on réduit la politique à la clinique, qu’on débite en maladies ce reste de l’homme que sont la mort et le mal et que l’on prétend, de ces maladies, guérir le genre humain ».

BHL fait la part belle à ses nombreuses références, et il faut avoir une sérieuse formation intellectuelle pour le suivre dans ses citations diverses, même si elles ne paraissent pas toujours utiles dans le sens explicatif de son sujet maîtrisé simplement et accessible au commun des mortels.

Le Désir de voir, Laurent Jenny (par Jean-Paul Gavard-Perret)

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Mardi, 29 Septembre 2020. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Arts, L'Atelier Contemporain

Le Désir de voir, Laurent Jenny, août 2020, 168 pages, 20 € Edition: L'Atelier Contemporain

 

Des mots aux images – et retour

Laurent Jenny enseigne à l’université de Genève. Il a publié de nombreux travaux sur l’esthétique et l’idéologie littéraires. Dans Le Désir de voir, il glisse vers une forme d’autobiographie (ciblée) en remontant l’histoire de son initiation progressive au regard pictural et photographique. Surgissent les étapes de cette métamorphose. Voir dans le noir, L’instant de voir, Voir en rêve, et Manières de voir, segmentent l’exploration de plusieurs modes de vision, au croisement d’expériences personnelles, d’expérimentations artistiques, de lectures et de « regards ».

Les mots mettent progressivement le feu aux poudres des images. Et tout commence à l’ombre de Michaux et ses peintures-idéogrammes, puis avec et entre autres les œuvres d’Alexandre Hollan et ses dessins d’arbres, les encres de Joan Barbarà, les monotypes de Degas, l’Outrenoir de Pierre Soulages, et des « photographies » d’Oscar Muñoz.