On compare souvent Boualem Sansal à Voltaire, en se croyant obligé de préciser parfois : « le Voltaire algérien ». La comparaison n’est pas outrée, à la fois en raison de son style brillant, alerte, incisif, et de sa critique frontale de toutes les religions, islam compris (islam surtout), mais ce serait un Voltaire sans le mépris, la haine, les courbettes et les grimaces.
Comparer un écrivain à ses devanciers, surtout lorsque ceux-ci sont de tout premier ordre, n’est pas l’amoindrir. On ne peut évaluer un auteur que par rapport à ce champ de l’activité humaine qu’on nomme la littérature et qui constitue peut-être une des spécificités de notre espèce (même si de nombreux animaux communiquent entre eux de manière plus ou moins complexe, il ne semble pas qu’ils inventent des histoires : aucune abeille n’a jamais dansé pour signaler un champ de fleurs qui n’existerait pas).