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Critiques

La Robe blanche, Nathalie Léger (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 12 Février 2021. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, P.O.L

La Robe blanche, Nathalie Léger, 144 pages, 16 € Edition: P.O.L

 

Quatrième livre de la romancière française, La Robe blanche déroule plusieurs facettes d’une fiction, qui joue entre chronique familiale, accompagnement délirant d’une aventure aussi délirante, et enfin domaine d’écriture rendue nécessaire, impérieuse.

En 2008, une artiste de Milan, Pippa Bacca, décide d’entamer un voyage, vêtue d’une seule robe blanche, pour réparer des injustices, et ce, par un long périple qui la mène à traverser toute l’Europe. L’épilogue est tragique. On retrouvera dans un fossé la belle robe assassinée.

Ecrire sur cette histoire à la fois dramatique, surréaliste et volontaire, c’est le projet de la narratrice, qui se livre à sa mère, lui explique les tenants et aboutissants de cette intrigue à laquelle la mère ne croit guère.

En contrepoint de ce projet d’écriture et du récit étonnant de l’artiste italienne au destin brisé, il y a la propre tragédie de la mère, et la volonté chez la fille d’en rendre compte, comme si elle aussi devait réparer quoi que ce soit.

Retour à Philadelphie (promenade analytique et amoureuse avec Rocky et Stallone), Quentin Victory Leydier (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 11 Février 2021. , dans Critiques, Les Livres, Essais, La Une Livres

Retour à Philadelphie (promenade analytique et amoureuse avec Rocky et Stallone), Quentin Victory Leydier, éditions LettMotif, juillet 2020, 200 pages, 18 €

 

« Rocky n’a que ça : sa capacité à résister, sur un ring comme il le fait dans la rue, dans la vie. Et c’est cette manière d’être, tout en humilité, qu’il va inculquer aux spectateurs d’une part, et à ceux qu’il va côtoyer par la suite, d’autre part. Ce n’est pas innocent si beaucoup de répliques du boxeur dans les différents films sonnent comme des aphorismes et une d’elles est assez magistrale, il faut le reconnaître, elle vient du dernier : L’important n’est pas d’être cogneur, mais d’être cogné et d’avancer quand même. D’encaisser et de continuer. C’est comme ça qu’on gagne ».

Voilà un beau pari fou, le pari d’un cinéphile curieux, pari d’écrire un livre sur Rocky/Stallone, pari de miser sur un plaisir partagé et une mémoire commune. Diable ! Stallone, peut-être le plus honni, ou tout au moins le cinéaste et le comédien, le plus ignoré d’une grande partie de la critique cinématographique, qui n’y voit qu’une machine de guerre impérialiste, marqué au fer rouge, si je puis dire, par les années Reagan.

Encabanée, Gabrielle Filteau-Chiba (par Parme Ceriset)

Ecrit par Parme Ceriset , le Jeudi, 11 Février 2021. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Récits, Le Mot et le Reste

Encabanée, Gabrielle Filteau-Chiba, janvier 2021, 120 pages, 13 € Edition: Le Mot et le Reste

 

Qui n’a jamais songé à s’éloigner pour quelque temps du monde, de la société de consommation souvent individualiste et matérialiste, afin de se retrouver en tête-à-tête avec l’immensité et avec soi-même ?

Comme le dit Sylvain Tesson dans son livre, Dans les forêts de Sibérie, « L’ermite nie la vocation de la civilisation, en constitue la critique vivante ».

Il y a parfois une tentative de se reconnecter à l’essentiel, de se retirer de l’enfer urbain où l’on ne prend jamais le temps de s’arrêter et de savourer l’instant présent.

En découvrant page après page ce récit particulièrement vivant que la narratrice d’Encabanée déroule à la manière d’un journal de bord quasi-quotidien, on ne peut s’empêcher de penser à cet extrait de Walden :

« Je m’en allais dans les bois parce que je voulais vivre sans hâte, vivre intensément et sucer toute la moelle de la vie, mettre en déroute tout ce qui n’était pas la vie, pour ne pas découvrir, à l’heure de ma mort, que je n’avais pas vécu ».

Sols, Laurent Cohen (par Laurent Fassin)

Ecrit par Laurent Fassin , le Mercredi, 10 Février 2021. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Actes Sud, Israël

Sols, Laurent Cohen, 166 pages, 19,10 € Edition: Actes Sud

 

Evitons le dithyrambe (« le plus beau », « le plus grand », « le plus fort », etc.) pour évoquer ce livre. L’abus devenu courant (désignant notre époque) des superlatifs en tous genres déclasse vite ce qui, hier à peine, était porté aux nues. Préférons-lui l’audace : Sols, premier roman de l’exégète, essayiste et traducteur Laurent Cohen, eût assurément enchanté Jean Paulhan, Raymond Queneau et, plus près de nous, Georges Pérec. Gageons que ces trois-là auraient vite apprécié en ces pages, outre un tableau particulièrement réussi de Paris à diverses époques, une imagination foisonnante ; des vies et histoires multiples qui s’y croisent et s’entrecroisent ailleurs en Europe, au Proche-Orient et beaucoup plus loin encore ; une verve et une espièglerie jamais prises en défaut ; l’impressionnante (parfois farceuse notent les éditeurs) et étourdissante (quoique nullement écrasante) érudition sur laquelle la narration s’appuie.

A dire le vrai, depuis maintenant dix années et plus que l’ouvrage a paru, Sols surnage avec brio au milieu de la mer de papier en laquelle sombrent généralement la plupart des romans nouveaux – dits français.

Le portrait de la Traviata, Do Jinki (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Mardi, 09 Février 2021. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Asie, Roman

Le portrait de la Traviata, Do Jinki, Matin Calme Éditions, juin 2020, trad. coréen, Choi Kyungran, Delphine Bourgoin, 250 pages, 19,80 €

 

Ce livre est un roman à énigme, ou whodunit, de l’anglais « who [has] done it ? », roman policier basé sur une enquête et la recherche d’un coupable parmi plusieurs suspects, un peu comme les romans d’Agatha Christie ou ceux du juge Ti, mais en plus sobre encore. Le décor est réduit à l’essentiel, mais les Coréens sont friands de ces livres.

Dans l’appartement 204, bâtiment 3, résidence H à Seocho, un quartier de Séoul, on retrouve assassinée une jeune femme, Jeong Yumi, de coups de couteau, et à côté un homme mort tué par un poinçon, reconnu par les proches comme étant Lee Pilho, un individu peu recommandable qui harcelait Jeong Yumi. Figurent en tant que premiers « témoins » la sœur de la victime Jeong Aera, Kim Hyeongbin, le prétendant de la jeune femme, et Jo Pangeol, le gardien de la résidence. L’enquête est entre les mains du policier Lee Yuhyeon. Ce dernier, en compagnie de son assistant, commence par dresser un plan du logement avec l’emplacement des objets et meubles importants, ainsi que des ouvertures, puis dispose les corps des victimes là où on les a trouvés. Ils vont ensuite disserter sur : qui a pu pénétrer dans l’appartement et comment, et tenter de reconstituer ce qui a pu se passer.